ALGÉRIE (TAMURT) – Après 19 jours de grève de la faim, le détenu politique mozabite Mohamed Baba Nedjar, considéré comme le plus ancien prisonnier d’opinion en Algérie, a mis fin à sa grève en raison de la détérioration de son état de santé. Condamné à la prison à perpétuité depuis 2005, il purge sa peine à la prison de Médéa.
Selon son frère, qui lui a rendu visite cette semaine, Baba Nedjar souffre d’une maladie cardiaque et la poursuite de la grève faisait peser un risque grave sur sa vie. « Après 19 jours de grève, mon frère a décidé d’y mettre fin sous la pression de notre mère, qui craignait pour sa vie », a-t-il confié à TAMURT.
Une grève de la faim lancée juste après la libération de Boualem Sansal.
Mohamed Baba Nedjar avait entamé son action de protestation au lendemain de la libération de Boualem Sansal. Le détenu entendait dénoncer la persistance de son incarcération, qu’il considère comme une injustice totale.
Pour rappel, Mohamed Baba Nedjar avait été condamné à la perpétuité pour le meurtre d’un citoyen, Brahim Bazine, à Ghardaïa en 2005, un crime qu’il nie catégoriquement. Plusieurs organisations de défense des droits humains avaient déjà qualifié son procès d’expéditif et entaché de graves irrégularités.
Une condamnation politique, selon ses proches
Selon sa famille et plusieurs militants mozabites, le véritable tort de Baba Nedjar a été d’avoir rejoint le défunt Dr. Kamel Eddine Fekhar dans son combat politique, notamment en adhérant à l’époque au FFS.
Les services de sécurité lui auraient demandé de témoigner faussement contre le Dr Fekhar. Ayant refusé, il aurait ensuite été accusé à son tour du meurtre de Brahim Bazine, sans qu’aucune preuve matérielle ne soit apportée.
Incarcéré une première fois en 2005, il a été à nouveau jugé et condamné en 2009 lors d’un second procès, décrit par ses soutiens comme une parodie judiciaire.
Jusqu’à son décès en détention en 2019 — qualifié d’assassinat par sa famille et de nombreux militants, le Dr Fekhar avait toujours défendu publiquement l’innocence de son camarade Baba Nedjar.
Idir Yatafen


