 – La 43e édition des Ghjurnate Internaziunale de Corte s’est tenue les 2 et 3 août sur le site de la citadelle, situé au centre de la Corse. Au cœur des discussions auxquelles ont pris part 14 délégations internationales, dont celles de la Kabylie, de la Catalogne, de la Kanaky et des Pays Basque : la décolonisation, le droit à la terre et la spéculation foncière. La rencontre a été marquée par la forte réaffirmation du parti indépendantiste corse Nazione de son rejet du projet d’autonomie proposé par le gouvernement français.){kind=link}
CORSE (TAMURT) – La 43e édition des Ghjurnate Internaziunale de Corte s’est tenue les 2 et 3 août sur le site de la citadelle, situé au centre de la Corse. Au cœur des discussions auxquelles ont pris part 14 délégations internationales, dont celles de la Kabylie, de la Catalogne, de la Kanaky et des Pays Basque : la décolonisation, le droit à la terre et la spéculation foncière. La rencontre a été marquée par la forte réaffirmation du parti indépendantiste corse Nazione de son rejet du projet d’autonomie proposé par le gouvernement français.
Farouche opposant au projet d’autonomie défendu par l’Elysée, le parti corse Nazione a appelé, dimanche 03 août, à la clôture de la 43e édition des Ghjurnate Internaziunale, à l’abandon du projet accordant à la Corse un statut d’autonomie, approuvé à Beauvau (siège du ministère français de l’Intérieur), en mars dernier. « Pour ceux qui font semblant de ne pas comprendre, les choses sont désormais claires : ils ont signé pour rien et même pour moins que rien », a martelé Petru Antone Tomasi, porte-parole de Nazione dans son discours de clôture de cet évènement politique corse. Pour lui, les partis corses partisans de l’autonomie ont été piégés par Darmanin, car ils ont signé « pour le statu quo gravé dans la Constitution française, potentiellement pour des années ou des décennies… », a-t-il déploré.
Le statut d’autonomie conduira la Corse inévitablement dans une impasse politique, estime ce militant indépendantiste corse. « Ce qui a été validé à Beauvau relève d’un diktat politique, qui a été validé par ceux qui y ont apposé leur signature, et qui nous met dans l’impasse pour des décennies (…) surtout lorsque l’on sait la difficulté de rouvrir des discussions à un niveau constitutionnel », a affirmé le porte-parole de Nazione. Déterminés à défendre le choix du recouvrement de la souveraineté totale de la Corse, les indépendantistes appellent à l’abandon tout bonnement du statut d’autonomie. « Dans ce contexte, nous allons être de nouveau et à notre tour, très clairs. Depuis cette tribune des Ghjurnate, Nazione demande l’abandon pur et simple de ce projet de statut qui est néfaste pour la Corse et pour les Corses. Et nous assumons sans ambiguïté, sans équivoque cette opposition. Nous sommes prêts, demain, si un texte de cet acabit venait à être soumis au vote des Corses, à assumer ce désaccord sans aucun état d’âme », a déclaré Petru Antone Tomasi.
La montée au créneau des indépendantistes corses, qui alertent sur le piège du statut d’autonomie, nous fait penser à la justesse et à la lucidité des militants de la cause kabyle, qui ont su, au moment opportun, abandonné l’option autonomiste en faveur de la revendication de l’indépendance de la Kabylie en 2016. Les deux mouvements indépendantistes kabyles, le MAK et l’URK, comptent sur la mobilisation de la diaspora, le ralliement de l’opinion internationale et l’intervention des organismes onusiens pour engager un rapport de force politique contre le régime colonial algérien. Soumis à une répression sans précédent, avec à la clé des arrestations et des détentions arbitraires, les militants kabyles vivant en Kabylie n’ont malheureusement pas une marge de manœuvre. Pour le moment, il leur est difficile d’agir et d’entreprendre des actions sans qu’ils ne risquent des représailles, l’oppression, l’arrestation et l’emprisonnement.
Arezki Massi