Algérie : une unité nationale à sens unique

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L’imam d’une mosquée du quartier Eucalyptus, à Draria (Alger)
L’imam d’une mosquée du quartier Eucalyptus, à Draria (Alger)

ALGER (TAMURT) – Il y a à peine quelques jours, le régime algérien a mobilisé tout son appareil répressif en Kabylie pour s’attaquer à la mouvance indépendantiste, en particulier au MAK, à la suite de la proclamation de l’indépendance de la Kabylie. Des artistes et des responsables politiques kabyles ont été contraints, sous pression, de publier des communiqués ou de s’exprimer publiquement contre l’indépendance, au nom de la sacro-sainte « unité nationale algérienne ».

Or, cette unité nationale, défendue bec et ongles lorsqu’il s’agit de la Kabylie, semble ne plus avoir la même valeur dès lors qu’on sort de cette région. Car ailleurs en Algérie, les discours ouvertement séparatistes, racistes et anti-amazighs sont non seulement tolérés, mais souvent encouragés.

Ainsi, pourquoi aucun responsable politique ou institutionnel n’a-t-il été sommé de condamner l’imam d’une mosquée du quartier Eucalyptus, à Draria (Alger), qui a tenu, lors du prêche du vendredi dernier, des propos haineux contre tous ceux qui ne parlent pas la langue arabe en Algérie ? Cet imam salafiste est allé jusqu’à affirmer publiquement que Tamazight serait une « invention coloniale française », appelant à son rejet ainsi qu’à la stigmatisation de ceux qui la défendent. Un discours raciste, excluant et clairement séparatiste.
Pourtant, aucune réaction officielle, aucune condamnation judiciaire, aucune pression médiatique n’a suivi. Pire encore, cet imam bénéficie d’un large soutien sur les réseaux sociaux à travers tout le pays. Pendant ce temps, des Kabyles sont publiquement sommés de dénoncer leurs propres frères, accusés de « rouler pour des puissances étrangères », simplement parce qu’ils revendiquent leur droit à l’autodétermination.

Même certains Kabyles qui se sont empressés de dénoncer l’indépendance de la Kabylie n’ont pas jugé utile de condamner ce prêche haineux. Ni Rabah Asma ni Nourdine Aït Hamouda, pourtant prompts à défendre l’« unité nationale », n’ont réagi à ces propos racistes visant directement l’identité amazighe. Pas un mot non plus pour les plus de mille détenus d’opinion kabyles emprisonnés pour leurs idées.

Ainsi se révèle le véritable visage de cette unité nationale algérienne : une unité à sens unique, imposée par la contrainte à la Kabylie, mais jamais exigée de ceux qui nient son identité, sa langue et son existence même. Une unité factice, utilisée comme arme politique contre un peuple en quête de liberté.

Aujourd’hui, les positions de chacun sont connues et désormais écrites. L’histoire retiendra les noms, les silences et les reniements. Quant à ceux qui n’ont ni le courage de défendre la Kabylie ni celui de dénoncer l’injustice, qu’ils aient au moins la décence de se taire. C’est le minimum.

Idir Yatafen

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