KABYLIE (TAMURT) – Avec ses 100 km de littoral, offrant une diversité de paysages, des plages au sable fin doré sur sa côte Est et d’autres aux criques rocheuses sur sa côte Ouest, Bgayet était autrefois une destination privilégiée des estivants, qui viennent des quatre coins de la Kabylie, des wilayas d’Algérie, en plus de la diaspora vivant en Europe pour y passer des vacances. Malheureusement, Bgayet a perdu son lustre d’antan à cause d’une gestion catastrophique de l’administration locale, mais aussi des blocages à son développement de la part du pouvoir central d’Alger, qui semble adopter une politique de paupérisation dans la région.
Insalubrité publique, eaux usées qui se déversent directement dans les rivières et les plages, des réseaux routiers dégradés, des travaux tous azimuts rendant la circulation routière des plus pénibles, des chantiers bâclés, manque flagrant d’infrastructures sont autant de problèmes qui rongent les habitants du département de Bgayet en Kabylie. En l’absence de déchetteries, des centres de tri et de valorisation des déchets, les décharges sauvages pullulent partout sur le territoire de Bgayet, offrant une pollution visuelle et un décor désolant qui dégradent l’image de ce département kabyle. L’insalubrité règne en maître tout au long de la RN 24 longeant la côte Ouest. Les tas d’ordures ont envahi même les plages. « C’est une catastrophe au sens propre du terme », réagit Sofiane, un kabyle de Bgayet. « C’est une honte ce qui se passe à Bgayet. Y en a marre de cette situation », renchérit un autre citoyen de la région. « Aucune politique pour remédier au problème de ces décharges », s’indigne pour sa part Hakim. Impuissants, plusieurs citoyens de Bgayet déplorent l’état de précarité et de sous-développement dans lequel se retrouve leur chère région. « Vraiment, ça fait mal au cœur », lâche Rachid.
Au décor désolant des dépotoirs à ciel ouvert, s’ajoutent les travaux et chantiers bâclés. Depuis plusieurs mois, les usagers de la RN 12 ont vécu au rythme des embouteillages. Les travaux, suspendus à l’approche de la fête musulmane d’Aid Al-Adha, ont repris dernièrement. Le bitume fraîchement posé a été enlevé à plusieurs endroits pour la reprise du chantier. Des travaux qui s’éternisent au grand dam des usagers de cet axe routier important, reliant Bgayet à Tizi Wezzu et Tuvirett. A cause de tous ces facteurs, la saison estivale 2025 dans le département de Bgayet est plus que ratée et décevante ! Ce n’est plus le rush sur les plages. Celles-ci sont actuellement polluées, à l’instar de la plage de Saket, à cause du nettoyage de la canalisation de la station de dessalement de l’eau de mer de Tighremt. Sur la côte Est, comme à la plage d’Aokas, les eaux usées sont déversées directement dans une rivière qui se jette dans la mer. Beaucoup de kabyles imputent cette situation aux politiques discriminatoires prônées par le régime colonial algérien envers la Kabylie. Mais aussi aux élus FFS qui gèrent l’APW de Bgayet et la majorité des communes du département depuis plusieurs mandats.
La Kabylie est souvent marginalisée. La mafia politico-financière qui gère l’Algérie veut maintenir la Kabylie dans le sous-développement, la privant de projets structurants. Pourtant, ce territoire dispose de ressources humaines et naturelles lui permettant de prospérer et de se développer. Seul l’avènement d’un Etat kabyle indépendant et souverain, doté d’institutions crédibles et modernes, peut offrir au peuple kabyle un avenir radieux et prospère.
Arezki Massi