ALGER (TAMURT) – Arrêté le 16 novembre 2024, l’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, vient d’être gracié par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, annonce la presse algérienne. Selon un communiqué de la présidence, « l’Algérie répond favorablement à la demande du président allemand pour libérer Boualem Sansal ». Boualem Sansal, qui a passé exactement un an derrière les barreaux en Algérie, sera transféré juste après sa libération vers l’Allemagne où il sera soigné, lui qui souffre de plusieurs maladies chroniques dont un cancer de la prostate. Pour rappel, Sansal a été condamné dans un procès expéditif par le tribunal d’Alger à cinq ans de prison ferme pour « atteinte à l’intégrité territoriale … «
La crise diplomatique entre Alger et Paris n’a fait que compliquer la situation de Boualem Sansal qui s’est retrouvé comme bouc émissaire. Il a été pris en otage par Alger pour solder ses comptes avec les autorités françaises.
C’est pour cette raison que l’Algérie décide de le libérer à la demande de l’Allemagne, histoire d’affirmer qu’elle ne cède jamais à la pression des Français.
Enfin, le plus important, c’est que Boualem Sansal, âgé de 81 ans, retrouve sa liberté et soit soigné convenablement en Allemagne, un pays qu’il connaît très bien.
Idir Yatafen



Franchement, il faut arrêter de se raconter des histoires : la libération de Boualem Sansal n’a rien d’un miracle humanitaire. C’est un geste diplomatique soigneusement emballé, où chacun joue sa partition. L’Allemagne se donne une image morale, l’Algérie sauve la face, et tout le monde se félicite d’un “succès” obtenu sous pression étrangère. Très bien. Tant mieux pour Sansal.
Mais soyons clairs : **ce coup de communication ne change rien au sort des détenus kabyles**, ceux qui croupissent dans les prisons du Sud, loin de leurs familles, condamnés à l’oubli organisé. Deux sont déjà morts, et personne à Berlin ou ailleurs ne se précipite pour demander des comptes. Pourquoi ? Parce que pour les grandes capitales, les Kabyles ne sont pas un dossier “gérable”. Trop politique, trop explosif, trop lié à l’intégrité territoriale d’un régime qui panique dès qu’il entend le mot “Kabylie”.
Alors oui, l’Allemagne intervient pour un écrivain célèbre, mais elle n’ira jamais toucher au dossier kabyle. Ni maintenant, ni demain. Elle a besoin de l’Algérie pour l’hydrogène vert, pour la stabilité régionale, pour ses deals énergétiques. Les droits humains passent toujours après les contrats.
Mais ce que Berlin, Paris ou Alger n’ont toujours pas compris, c’est ceci : **la Kabylie ne doit rien à personne**. Elle ne demande pas d’être “sauvée”. Elle ne quémande pas une grâce présidentielle. Les Kabyles n’attendent ni une main tendue, ni une bénédiction d’une puissance étrangère.
**La Kabylie se libérera elle-même, comme elle l’a toujours fait**.
Et ce jour-là, ce ne sera pas un président allemand, français ou algérien qui ouvrira les portes des prisons.
Ce seront **les Kabyles eux-mêmes**.
La libération de Sansal est une bonne nouvelle, mais ne nous trompons pas de combat : c’est le peuple kabyle — et lui seul — qui sortira ses enfants de l’oubli, de l’injustice et des geôles du régime.