KABYLIE (TAMURT) – Le 23 décembre 2015, le chef historique kabyle et fondateur du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, s’éteignait à Lausanne, en Suisse, où il vivait en exil depuis 1966. Il faisait partie des neuf chefs historiques qui ont déclenché la guerre de libération nationale en novembre 1954.
Né le 29 août 1926 à Taqa Nath Yahia, dans la région de Michelet (actuelle Aïn El Hammam), en Grande Kabylie, Hocine Aït Ahmed a consacré toute sa vie au combat pour la liberté, la démocratie et le respect des droits humains. Opposant irréductible à l’autoritarisme, il a très tôt rompu avec le régime issu de l’indépendance, refusant la confiscation du pouvoir par une élite militaro-politique.
Décédé loin de sa terre natale, il a néanmoins retrouvé la Kabylie pour son dernier repos. Il a été inhumé le 1ᵉʳ janvier 2016 dans son village natal, en présence d’une foule immense venue des quatre coins de la Kabylie. Sa famille avait refusé les funérailles officielles proposées par le pouvoir algérien. De son vivant, Hocine Aït Ahmed avait également rejeté l’idée d’être enterré au cimetière d’El Alia à Alger, préférant reposer dans sa montagne kabyle, celle qui lui a tant manqué durant ses longues années d’exil.
Profondément attaché aux valeurs démocratiques et au principe de souveraineté populaire, Aït Ahmed a toujours refusé les offres de la présidence de la République qui lui ont été faites à plusieurs reprises par les dirigeants du régime algérien depuis 1962. Il a choisi la dignité, l’opposition et la fidélité à ses convictions plutôt que le pouvoir. Cette constance morale fait de lui une figure rare et respectée de l’histoire politique algérienne et kabyle.
Il laisse derrière lui un grand parti politique, le FFS. Toutefois, dix ans après sa disparition, de nombreux militants et observateurs déplorent que ses successeurs ne soient pas à la hauteur de son héritage politique. Pis encore, certains dirigeants actuels du parti ne cachent plus leur proximité, voire leur soutien, au régime que Hocine Aït Ahmed a combattu toute sa vie.
Dix ans après sa disparition, le nom de Hocine Aït Ahmed continue de résonner en Kabylie comme celui d’un homme libre, intègre et fidèle à ses principes, dont l’exemple demeure une source d’inspiration pour les générations en quête de démocratie et de dignité.
Idir Yatafen


