KABYLIE (TAMURT) – La nouvelle de la libération de Boualem Sansal a vite fait le tour de toute la Kabylie. « L’ami de la Kabylie est libéré », écrit un internaute sur les réseaux sociaux. La classe politique kabyle, de son côté, a largement exprimé son soulagement. L’URK, le MAK, le RCD,… et tant d’autres partis politiques ont tous exprimé leur soulagement suite à la libération de Sansal. Le FFS, malheureusement, est la seule formation kabyle qui ne s’est pas exprimée sur le dénouement de l’affaire Sansal. Toutefois, cette nouvelle de la mise en liberté du romancier Sansal a fait surgir la mélancolie concernant les centaines de détenus politiques kabyles. Eux, qui va les libérer ?
L’URK soulagé
La nouvelle de la libération de Boualem Sansal a été perçue comme une victoire par l’Union pour la République kabyle (URK), présidée par Lyazid Abid, un ami très proche de l’écrivain. « Quel soulagement ! L’avion transportant Boualem Sansal vient d’atterrir à Berlin. L’écrivain franco-algérien n’est plus derrière les barreaux de la dictature algérienne. Bien que décriée, la position de la diplomatie française empreinte tantôt de courage, tantôt de retenue, la mobilisation constante des membres du Comité de soutien à Sansal, dont j’ai l’honneur de faire partie, ont fini par payer après l’appel à sa libération pour des raisons « humanitaires » du président Allemand, Frank-Walter Steinmeier. », écrit l’URK dans un communiqué rendu public. « La tyrannie ne connait pas l’humanitaire, sinon elle n’en serait pas une. Le pouvoir algérien est sérieusement inquiété par les échecs diplomatiques successifs enregistrés ces derniers mois. Sansal est devenu « un caillou dans la chaussure » du pouvoir algérien », ajoute l’URK.
« L’URK, qui agit continuellement dans la discrimination totale auprès de la presse allemande et des autorités allemandes pour libérer Sansal, se réjouit de cette libération et souhaite à Sansal la bienvenue en Allemagne », précise le communiqué de l’URK avant de conclure que L’URK continue son combat pour la libération de tous les prisonniers politique kabyles et reste attentif au sort de Christophe Gleizes, injustement condamné par la justice algérienne à 7 ans de prison
Pour le MAK : « C’est la victoire de la liberté contre la dictature. »
Le président du MAK et de l’Anavad, Ferhat Mehenni n’a pas tardé à réagir à la libération du romancier Boualem Sansal. « La Kabylie exprime son soulagement pour cette libération et, à travers elle, une victoire de la liberté contre la dictature. L’incarcération de Sansal a le mérite de jeter, pour un temps, l’éclairage sur les prisonniers politiques kabyles qui, j’espère, continueront de bénéficier de l’attention de l’opinion internationale pour que, à leur tour, soient libérés », écrit le MAK dans son communiqué rendu public.
Le MAK rappelle que Boualem Sansal a été arrêté pour un délit d’opinion. « Mal en pris aux généraux qui se sont vite rendu compte qu’il n’y avait pas de prison assez grande pour contenir un homme de la stature de Sansal », mentionne le MAK dans son communiqué.
Pour Saïd Sadi : » En Algérie, l’humanisme c’est comme les hydrocarbures ; c’est bon pour l’exportation. »
Saïd Sadi a vite réagi à la libération de Boualem Sansal à travers une courte publication sur sa page Facebook. Il fait partie des rares hommes politiques kabyles qui ont demandé la libération du romancier incarcéré par Alger. « La décision a suscité moult commentaires et analyses. À Alger on jure que c’est là un geste humanitaire. On ne semble pas réaliser ce que cet aveu suggère. L’humanisme d’un chef d’État dépendrait de la simulation d’un homologue étranger. Côté français, on fait prévaloir la méthode Coué et on se plaît à croire que la stratégie de la retenue a finalement payé alors qu’un journaliste français qui a le malheur de vouloir faire un reportage sur la Jeunesse sportive de Kabylie est toujours détenu », écrit Said Sadi.
Le RCD : « Une libération bénéfique et positive »
Le RCD est le seul parti politique agréé en Algérie qui a osé demander la libération de Boualem Sansal. Son président, Athmane Mazouz, vient de publier un communiqué pour saluer cette libération, tout en soulignant que son parti n’est pas d’accord avec les positions de Boualem Sansal, notamment sa remise en cause des frontières algériennes. Le RCD estime que cette libération vient à point nommé pour relancer les relations diplomatiques entre l’Algérie. « Que cette grâce soit le fruit d’une intervention allemande ou d’un mouvement diplomatique visant à apaiser les tensions avec la France, elle doit être encouragée », écrit le RCD.
Silence radio du FFS
Pour l’autre parti politique kabyle, aucune réaction pour le moment. Ce parti n’a non seulement jamais soutenu Boualem Sansal depuis son injuste incarcération, mais son premier secrétaire, Youcef Aouechiche, en est même venu à saluer la condamnation de la justice algérienne de cet écrivain pour un délit d’opinion.
Idir Yatafen



Boualem Sansal libre : quand l’humanisme fait escale à Berlin
La nouvelle a traversé la Kabylie plus vite qu’un courant d’air sur les montagnes du Djurdjura : Boualem Sansal est libre. « L’ami de la Kabylie est libéré », s’enthousiasme un internaute. Et pour une fois, tout le monde — ou presque — semble d’accord. L’URK sabre le champagne, le MAK brandit la bannière de la liberté, le RCD publie un communiqué bien poli… et le FFS, fidèle à sa tradition de mutisme philosophique, observe le silence — sans doute pour méditer sur la profondeur du concept de “délit d’opinion”.
Il faut dire que cette libération a tout d’un petit miracle diplomatique : entre une Allemagne compatissante, une France hésitante et un pouvoir algérien soudainement « humanitaire », on ne sait plus trop qui remercier. Peut-être Saint-Franck-Walter, patron des prisonniers d’opinion, ou Sainte-Rétention, protectrice des ambassades frileuses.
L’URK parle de « victoire » et a raison : voir un intellectuel algérien sortir des geôles d’Alger, c’est presque aussi rare qu’un débat libre à la télévision nationale. Le MAK, lui, y voit « la victoire de la liberté contre la dictature » — une phrase qu’on pourrait graver à l’entrée de toutes les prisons du pays, pour rappeler le paradoxe quotidien de ce régime qui libère un écrivain tout en enfermant des penseurs.
Quant à Saïd Sadi, il résume la situation avec la lucidité qu’on lui connaît : « En Algérie, l’humanisme, c’est comme les hydrocarbures : c’est bon pour l’exportation. » On ne saurait mieux dire. L’Algérie exporte ce qu’elle n’utilise plus depuis longtemps : la décence, la tolérance et, visiblement, la logique.
Pendant ce temps, le FFS, ce vieux sage devenu muet, s’est sans doute réfugié dans une profonde réflexion sur l’équilibre des forces entre le silence et l’indifférence. Il faut reconnaître que c’est tout un art de ne rien dire… même quand tout le monde parle.
Mais au-delà de la réjouissance, demeure la question que posent tous les Kabyles : et les autres ? Ceux qui restent enfermés pour avoir simplement pensé autrement ? La libération de Sansal est une belle note, mais elle ne saurait masquer la cacophonie d’un pays où la plume reste une arme, et la vérité, un crime.
En attendant, saluons la victoire du bon sens, aussi fragile soit-elle. Car en Algérie, chaque libération est une révolution miniature. Et si le régime voulait vraiment montrer son humanisme, il n’aurait qu’à le pratiquer… sans visa de sortie.
Kabylo-Canadien : je suis content de la libération de Boualem Sansal. Tebboune et Chengrina n’ont fait qu’exécuter la demande du président allemand. Quant au parti feu Hocine Ait Ahmed, il n’est plus ce qu’il était.