Tebboune espère freiner la mouvance indépendantiste kabyle par l’instrumentalisation de tamazight

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Le président Tebboune et tamazight
Le président Tebboune et tamazight

ALGER (TAMURT) – Confronté à la montée spectaculaire de la mouvance indépendantiste kabyle, portée principalement par l’Union pour la République Kabyle (URK) et le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), Abdelmadjid Tebboune multiplie les manœuvres pour tenter d’enrayer ce phénomène politique devenu incontournable en Kabylie.

Après avoir exercé de fortes pressions sur des partis historiquement implantés dans la région, tels que le FFS et le RCD, afin de les contraindre à participer aux prochaines élections locales et législatives, le chef de l’État algérien semble désormais vouloir instrumentaliser la langue amazighe dans l’espoir de contenir la dynamique indépendantiste.

C’est dans ce contexte que Tebboune a reçu, lundi matin à la présidence, l’inamovible président du Haut-Commissariat à l’Amazighité (HCA), El Hachemi Assad. Créé en avril 1995 à la suite de la « grève du cartable », cet organisme était censé promouvoir et développer la langue amazighe. Trente et un ans plus tard, le constat est accablant : l’enseignement de tamazight a reculé, y compris en Kabylie, et demeure quasi inexistant dans le reste du pays.

À l’issue de cette rencontre, Tebboune et El Hachemi Assad ont annoncé, sans convaincre, leur intention de « rédiger en tamazight certaines communications du secteur de la communication ». Une mesure perçue par beaucoup comme de la poudre aux yeux, tant le régime algérien a démontré, depuis des décennies, son manque total de volonté politique pour préserver et promouvoir réellement la langue de Massinissa.

El Hachemi Assad lui-même ne peut ignorer que tamazight a été constamment sabotée par les pouvoirs successifs, réduite à un folklore institutionnel sans moyens ni vision. L’officialisation constitutionnelle de la langue n’a jamais été suivie d’actes concrets à la hauteur des attentes du peuple amazigh.
Si Tebboune et ses mentors pensent encore pouvoir duper le peuple kabyle par des manœuvres symboliques autour de tamazight, ils se trompent lourdement. En Kabylie, la langue kabyle est déjà vécue comme la seule langue nationale et légitime. Quant au pouvoir algérien, il est désormais largement perçu comme un pouvoir colonial, auquel une majorité de Kabyles a déjà tourné le dos.

La question kabyle ne se réglera ni par des annonces creuses ni par l’instrumentalisation tardive d’une langue longtemps combattue, mais par la reconnaissance du droit du peuple kabyle à disposer librement de son destin.

Idir Yatafen

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