Tamazight et le pseudo mea culpa de Naima Salhi

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Naima Salhi
Naima Salhi

ALGÉRIE (TAMURT) – Contre toute attente, Naima Salhi, connue pour ses discours haineux visant la culture kabyle et la langue amazighe, a publié un nouveau communiqué dans lequel elle prétend revenir sur ses propos. Celle qui a passé des mois à s’acharner contre « Tamazight » affirme aujourd’hui avoir « rectifié ses erreurs » après avoir, dit-elle, « consulté des historiens ». Elle reconnaît désormais que les Imazighen sont les peuples autochtones d’Algérie et que « l’Algérie est amazighe ».

Cette volte-face contraste avec ses anciennes déclarations. Naima Salhi, présidente d’un microparti islamiste et raciste, affirmait encore récemment vouloir « défendre la langue arabe et la religion musulmane » contre un supposé « encerclement » de tamazight. Elle avait même avoué publiquement avoir frappé sa propre fille parce qu’elle parlait kabyle. À d’autres occasions, elle avait sombré dans des propos délirants, allant jusqu’à se dire « cousine très proche du prophète Mohammed ».

Pour certains observateurs, ces excès traduiraient un déséquilibre personnel. En réalité, estiment de nombreux Kabyles, Naima Salhi a toujours été parfaitement lucide. Son acharnement raciste intervenait précisément à l’époque où elle était protégée par le général Gaïd Salah, figure notoirement hostile aux Kabyles, assassiné depuis dans des règlements de comptes internes au régime, et par le général Wassini, aujourd’hui incarcéré. Tant que le pouvoir lui offrait une tribune, elle servait d’instrument de propagande.

Demain, si un nouveau général l’exige, elle pourrait recommencer, et probablement aller encore plus loin.
Son récent mea culpa apparaît ainsi comme une posture opportuniste, dictée par les rapports de force du moment, et non par une prise de conscience sincère. Surtout, Naima Salhi ne fait que verbaliser ce qu’une large frange de la société algérienne pense en silence. Paradoxalement, ses attaques répétées ont contribué à renforcer la conscience nationale kabyle et à accélérer l’éveil politique du peuple kabyle.

PS : Habituellement, la rédaction de Tamurt évite de mentionner la mouvance de Naima Salhi. Nous dérogeons exceptionnellement à cette règle afin d’avertir le peuple kabyle : on ne peut faire confiance à un raciste. Un raciste ne change jamais.

Massy Koceila

2 Commentaires

  1. La déclaration de Naima Salhi ne surprend finalement que ceux qui auraient oublié son rôle historique dans le dispositif de propagande anti-amazighe orchestré par une partie du pouvoir algérien. Sa prétendue « rectification » n’est en réalité qu’un repositionnement opportuniste, parfaitement cohérent avec la manière dont les appareils autoritaires recyclent leurs propres relais lorsque le vent politique tourne.
    1. La réalité historique qu’elle feignait d’ignorer
    Les faits sont constants et établis par tous les travaux archéologiques, linguistiques et anthropologiques sérieux :
    Les Imazighen constituent la population autochtone du Nord de l’Afrique, bien antérieure à toute présence arabe dans la région.
    Les royaumes amazighs – Numidie, Maurétanie, Massyles, Masaesyles – forment les premières structures politiques connues sur le territoire correspondant à l’Algérie actuelle.
    La langue amazighe, sous ses variantes kabyle, chaouie, chenoui, mozabite, touarègue, etc., est de loin la plus ancienne langue du pays, avec des inscriptions libyco-berbères remontant à plus de 2 500 ans.
    Que Salhi admette aujourd’hui ces évidences n’est pas un « changement d’opinion » mais un simple alignement sur la réalité, qu’elle combattait délibérément par opportunisme politique.
    2. Des années de discours haineux documentés
    Son passé ne peut être effacé par un communiqué :
    Elle a multiplié les interventions télévisées et en ligne où elle décrivait Tamazight comme une « menace » et les Kabyles comme « hostiles à l’Algérie ».
    Elle a publiquement revendiqué des comportements discriminatoires jusque dans sa vie privée, comme le fait d’avoir puni sa propre fille pour avoir parlé kabyle.
    Elle s’est également illustrée par des déclarations fantaisistes – dont celle de se dire « cousine très proche du prophète » – révélatrices moins d’un déséquilibre que de la liberté totale dont elle jouissait pour proférer n’importe quoi du moment que cela servait la ligne anti-kabyle du moment.
    Tout cela est vérifiable, enregistré et accessible sur plusieurs archives vidéo.
    3. Son rôle au sein du système : un rouage, pas une victime
    Contrairement à ce qu’elle essaye de laisser entendre aujourd’hui, Salhi n’était pas isolée. Elle évoluait dans une architecture politique précise, structurée autour de figures du haut commandement militaire notoirement hostiles aux Kabyles :
    Le général Ahmed Gaïd Salah, dont la rhétorique contre la Kabylie était un levier central de son pouvoir.
    Le général Wassini Bouazza, alors patron de la DGSI, aujourd’hui en prison, qui offrait à Salhi une protection politique évidente.
    Dans ce contexte, ses propos n’étaient pas des dérapages mais une fonction : celle d’amplifier un discours raciste institutionnalisé pour servir des intérêts de court terme dans les luttes internes du régime.
    4. Une volte-face conjoncturelle, pas une repentance
    Maintenant que les parrains politiques ont disparu ou perdu leur influence, Naima Salhi se réinvente subitement en « défenseure de la vérité historique ». Ce timing n’est pas anodin :
    Le régime traverse une recomposition interne.
    Les anciennes figures instrumentalisées deviennent encombrantes.
    Certains cherchent à se redonner une respectabilité « nationale » pour survivre politiquement.
    Son mea culpa n’est donc pas un acte moral mais une manœuvre de survie, parfaitement cohérente avec son parcours.
    5. Ironiquement, un effet boomerang bénéfique pour la Kabylie
    Ce que l’article souligne avec justesse, c’est que ses constants dérapages ont eu un effet inattendu :
    Ils ont révélé à une génération entière la violence symbolique et institutionnelle dirigée contre la culture kabyle.
    Ils ont contribué, malgré elle, à renforcer la conscience identitaire kabyle et la légitimité de ses revendications.
    Ils ont exposé publiquement le racisme systémique d’une frange du pouvoir algérien, que beaucoup tentaient de minimiser.
    En cherchant à nuire, elle a paradoxalement participé à l’éveil politique kabyle le plus massif depuis des décennies.
    Conclusion
    L’analyse de l’article Massy Koceila est juste :
    Naima Salhi n’a pas changé. Elle s’adapte. Ses propos d’hier comme son mea culpa d’aujourd’hui ne sont que les deux faces d’une même logique : celle d’une actrice politique prête à dire n’importe quoi selon les intérêts du moment.
    Faire confiance à une personne qui a bâti toute sa carrière sur le racisme est effectivement impossible.
    Et son retournement soudain ne fait que confirmer sa nature : ce n’est pas une évolution, mais une stratégie.

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