A deux mois des élections algériennes : La répression anti-kabyle fait toujours rage

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Le militant indépendantiste Yahi Mouloud
Le militant indépendantiste Yahi Mouloud

KABYLIE (TAMURT) – Alors que certains naïfs s’attendaient à un apaisement en Kabylie en prévision de l’élection présidentielle algérienne, prévue le 07 septembre prochain, la répression y fait toujours rage. Arrestations, perquisitions à domicile, poursuites judiciaires et condamnations arbitraires de militants kabyles sont encore d’actualité. Le climat de terreur instauré par le régime algérien en Kabylie depuis plus de trois ans y règne toujours. Plusieurs cas récents de violations des libertés et des droits humains illustrent « ce statut particulier dans la répression » auquel la Kabylie est soumise.

Dans la commune d’Akbou, département de Vgayet, des familles de martyrs du Printemps noir 2001 ont été empêchées par les services de sécurité algériens de se recueillir, le 21 juin dernier, sur les tombes de leurs enfants lâchement assassinés par des gendarmes algériens. Alors qu’elles voulaient déposer une gerbe de fleurs au cimetière des martyrs, ces familles ont trouvé sur les lieux un dispositif policier. Le cimetière en question a même été fermé, comme ce fut le cas en 2022. Six jeunes, en l’occurrence Sidhoum Karim, Nekali Abdenour, Arezzoug Slimane, Mesbah Krimo, Chekkal Rachid et Iffis Ramdane, tués à balles réelles par la gendarmerie algérienne lors des évènements du Printemps noir, sont enterrés dans ce cimetière.

Le 25 juin dernier, deux ex détenus d’opinion kabyles, Sofiane Mohdeb et Arezki Hidja, ainsi que les militantes Mira Moknache et Wafia ont été arrêtés, dans le département de Tizi Wezzu, sur leur chemin de retour du village Taourit Moussa. Ils s’y sont rendus pour se recueillir sur la tombe de Lounes Matoub et déposer une gerbe de fleurs « en notre nom, au nom de Nadia Matoub et au nom de tous les militants de la liberté et des prisonniers politiques », avait expliqué Mira Moknache. Ces militants kabyles ont été conduits au commissariat et interrogés sur les raisons de leur présence dans la région avant qu’ils ne soient relâchés. Le même jour, Mohand Akli Berache, dit Mohand Taferka, militant associatif kabyle de la diaspora, a été condamné par le tribunal criminel de première instance de Dar El Beidha (Alger), à 2 ans de prison ferme. Agé de 75 ans, souffrant de plusieurs maladies, et de surcroit innocent, Mohand Taferka n’a pas échappé à l’arbitraire du régime algérien.

Par ailleurs, le militant indépendantiste kabyle Yahi Mouloud a dernièrement subi une violente perquisition à son domicile, à Tazmalt, de la part de la gendarmerie coloniale algérienne. Fort heureusement, le militant pacifique recherché était absent. Sa femme et ses enfants, témoins de cette violente descente, ont été terrorisés. Au mois de mai 2024, les services de sécurité algériens ont opéré à Ath Wacif une perquisition au domicile familial de Tarik Boutameur. Les forces algériennes de répression ont saisi tous les appareils informatiques et de communication trouvés dans la maison. Ils étaient à la recherche de Salim Boutameur, qui avait fui clandestinement la Kabylie en 2021. Son frère Tarik a été arrêté et placé sous mandat de dépôt à sa place.Un dernier exemple édifiant sur la répression qui fait toujours rage en Kabylie est l’intervention de la police, samedi 29 juin, pour empêcher la présentation d’un livre intitulé « Kabylie en partage » par son auteure Dominique Martre. Tous les présents à la libraire Gouraya, qui abritait l’évènement, ont été arrêtés et conduits au commissariat pour interrogatoire.

L’étau qui s’est resserré sur le peuple kabyle, au-lendemain du classement arbitraire du MAK comme « organisation terroriste », en mai 2021, par le régime colonial algérien pour justifier sa répression anti-kabyle, ne se desserre pas encore. Ce climat de terreur a poussé des dizaines, voire des centaines de kabyles à vivre dans la clandestinité ou à fuir en Europe par la mer au péril de leur vie.

Lyes B.

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