PARIS (TAMURT) – « République fédérale kabyle » : c’est le nom retenu par le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) à l’occasion de la proclamation unilatérale de l’indépendance de la Kabylie, intervenue ce 14 décembre 2025 à Paris, sous l’égide de son président, Ferhat Mehenni. Un événement longtemps attendu et minutieusement préparé.
La cérémonie a toutefois failli ne pas avoir lieu. À la veille de l’événement, le préfet des Yvelines avait brandi une interdiction visant à empêcher la tenue de la proclamation à Versailles, obligeant les organisateurs à revoir leurs plans dans l’urgence. Finalement, c’est à Paris que la cérémonie s’est déroulée, dans une atmosphère chargée d’émotion.
Un acte hautement symbolique
Cette proclamation constitue un acte politique et symbolique majeur, dont l’impact pourrait se faire sentir sur la scène internationale. Pour les organisateurs, il s’agit d’une victoire politique face à un régime algérien qualifié de colonial, accusé de nier les droits du peuple kabyle et de réprimer toute expression indépendantiste.
La junte militaire algérienne aurait, selon plusieurs sources, multiplié les tentatives pour annuler ou discréditer cette initiative, sans toutefois parvenir à en empêcher la tenue.
Comme de nombreux mouvements de libération nationale avant lui, le MAK a été contraint de proclamer l’indépendance en exil. En Algérie, la répression et l’interdiction de toute activité politique indépendantiste rendent impossible l’organisation publique d’un tel événement.
Malgré cela, la mouvance indépendantiste kabyle demeure active sur le terrain. En Kabylie, bien que contrainte à la clandestinité, elle reste structurée et organisée. À l’occasion de cette journée du 14 décembre, plusieurs levées de drapeaux kabyles ont été signalées à travers différentes localités de la région pour saluer la proclamation de la République fédérale kabyle (RFK).
Soutien de principe de l’URK
Bien que l’Union pour la République Kabyle (URK) n’ait pas pris part à la cérémonie, son président Lyazid Abid a tenu à exprimer un soutien de principe à cette initiative. Un geste politique salué comme fraternel, témoignant, selon ses partisans, de la maturité politique et du sens des responsabilités de l’URK.
Dans un communiqué publié à l’issue de l’événement, l’URK a félicité le MAK pour la réussite de la proclamation, tout en rappelant que cette démarche s’inscrit dans un contexte de répression continue et de négation des droits du peuple kabyle par l’État algérien.
L’URK a toutefois réaffirmé sa propre stratégie, fondée sur la revendication d’un référendum d’autodétermination, qu’il considère comme une voie démocratique, légale et consensuelle vers l’indépendance de la Kabylie.
Idir Yatafen



Non. La revendication d’un référendum d’autodétermination n’est pas dépassée par une proclamation unilatérale d’indépendance. Les deux démarches relèvent de registres différents et peuvent s’inscrire dans un même processus politique.
La proclamation unilatérale d’indépendance est avant tout un acte politique et symbolique. Elle affirme l’existence d’un peuple et d’un projet étatique, rompt avec l’ordre imposé et internationalise la question. En droit international, une telle proclamation n’est pas illégale en soi.
Le référendum d’autodétermination, en revanche, est un outil de légitimation démocratique. Il permet d’exprimer clairement la volonté populaire et constitue souvent un élément déterminant pour la reconnaissance internationale durable d’un nouvel État.
Dans de nombreux cas historiques, la proclamation précède le référendum, surtout lorsque celui-ci est impossible sous un régime autoritaire. Le référendum intervient alors comme un acte de confirmation et de consolidation, et non comme une condition préalable.
Dans le cas de la Kabylie, où toute consultation libre est aujourd’hui empêchée, le référendum demeure un horizon stratégique pertinent, même après une proclamation unilatérale. Il permettrait, le moment venu, de renforcer l’unité interne, d’ancrer le projet dans la souveraineté populaire et de consolider sa crédibilité sur la scène internationale.
Azul a gma, bravo pour ton analyse:
Elle est juste, cohérente et solidement argumentée
Ton commentaire rappel un point essentiel souvent volontairement confondu : la proclamation d’indépendance et le référendum ne s’opposent pas, ils se complètent. L’une relève de l’acte politique fondateur, l’autre de la égitimation démocratique.
Sur le plan du droit et de l’histoire, c’est exact :
Une proclamation unilatérale n’est ni illégale ni aberrante, surtout lorsqu’un peuple est privé de tout cadre d’expression libre. Elle permet de poser le sujet politiquement, de rompre le statu quo et d’internationaliser la question.
Le référendum, lui, donne une force supplémentaire au projet en exprimant clairement la volonté populaire et en facilitant une reconnaissance internationale durable.
De nombreux précédents montrent que, sous des régimes autoritaires, le référendum ne peut pas être une condition préalable, mais devient un objectif à atteindre une fois les rapports de force modifiés.
Appliqué à la Kabylie, ce raisonnement est parfaitement pertinent : tant que toute consultation libre est empêchée, le référendum reste un horizon stratégique, non un préalable bloquant. Il servirait, le moment venu, à consolider l’unité interne, à ancrer le projet dans la souveraineté populaire et à renforcer sa crédibilité internationale.
En résumé : ton commentaire remet les choses à leur place, sans dogmatisme ni confusion, et s’inscrit dans une lecture sérieuse du droit international et des réalités politiques.
Azul. Toutes les forces vives de la Kabylie doivent impérativement se joindre à l’équipe gagnante sans chercher à se disperser. L’URK est entrain de jouer le jeu de l’algéristan qui veut absolument gagner le temps (qui est fatalement défavorable à la Kabylie). C’est une question existentielle. Cessez ces « luttes intestines » si réellement la survie de notre terre vous tient à cœur. Vos « communiqués », vous les réserverez une fois l’indépendance de la Kabylie est concrète. De grâce, pas de tentatives de division à ce point du combat.
Oui, sur ce point, il faut être lucide : l’Algéristan n’attend que cela. Les divergences internes, les querelles de chapelle et les affrontements stériles sont précisément le terrain de jeu favori du régime. Il est expert dans l’art de diviser, d’infiltrer, de manipuler et d’user le temps — et dans ce domaine, ses moyens sont pratiquement illimités.
Pendant que certains se dispersent, le régime se frotte les mains, observe, laisse pourrir, puis choisit le moment opportun pour neutraliser un mouvement, le vider de sa substance ou le réduire à néant. C’est une méthode éprouvée, utilisée contre toutes les contestations sérieuses depuis des décennies.
Dans un tel contexte, l’unité n’est pas un slogan moral, c’est une nécessité stratégique. Continuer à avancer en ordre dispersé revient objectivement à faciliter le travail d’un pouvoir dont l’objectif n’a jamais changé : empêcher toute émergence d’un rapport de force kabyle crédible.
Oui, dès lors, l’URK a intérêt à rejoindre le grand mouvement, à s’inscrire dans une dynamique collective forte, lisible et cohérente. Non pas par effacement ou reniement, mais par responsabilité historique. Les débats internes ont leur place, mais ils ne doivent jamais devenir une arme offerte à l’adversaire.
Face à un régime qui vit de la division, la convergence est une question de survie politique. La Kabylie ne peut pas se permettre le luxe de l’éparpillement
À Uccen, a Mist Murt, en tant qu’observateur de la vie politique kabyle, je pense que L’URK n’a aucun intérêt à rejoindre le MAK. Pourquoi ?
Parce que le pluralisme politique et la liberté ne sont pas négociables, même en temps de conflit, c’est précisément là que se mesure la justesse d’un combat.
Nous avons vu où l’homogénéité du FLN a conduit l’Algérie. Les Kabyles n’accepteront jamais de revivre le même cauchemar.
Azul. Voilà maintenant un peu plus de 9 ans que le MAK a demandé à tenir un référendum en Kabylie. Nous connaissons tous le silence méprisant de la part de la kleptocratie en face. L’URK aurait-elle un moyen incitatif à faire sortir ces « *** » de leur mutisme condescendant et dédaigneux??? La réponse est non. En plus, une fois les conditions réunies, le MAK est aussi capable d’organiser un référendum pour consolider sa légitimité vis-à-vis du droit international.
Le pire est d’attendre (quoi???) (ce que le junte recherche est de gagner du temps pour pouvoir se ‘retourner’ et ‘riposter’). Pendant ce temps la Kabylie se réduit en peau de chagrin, rognée par le remplacement de populations, le dogme moyen-oriental, l’exode forcé, ‘l’indigence’ de la natalité … etc… Dans la situation actuelle, les Kabyles qui parlent de pluralisme, de démocratie et de transparence doivent absolument revoir leurs considérations et leurs calculs.
S’il y a une vigilance à avoir et tu as raison de la rappeler, elle consiste précisément à traquer toute tentative de sacraliser un mouvement, aussi fort soit-il, au point de sacrifier la liberté.
C’est là que commence la dictature.
Azul.
Je reprends cette phrase de l’article : « L’URK a toutefois réaffirmé sa propre stratégie, fondée sur la revendication d’un référendum d’autodétermination, qu’il considère comme une voie démocratique, légale et consensuelle vers l’indépendance de la Kabylie. »… Oui, l’URK peut toujours demander aux criminels d’Alger un référendum d’auto-détermination… L’URK poeut rêver et attendre des millénaires, jusqu’à la disparition totale des Kabyles… C’est triste et c’est lâche! Ne me publiez pas si vous voulez, car je sais que Tamurt.info est le journal de l’URK.
Effectivement, la stratégie de l’Union pour la République Kabyle (URK) repose sur la revendication de l’indépendance de la Kabylie par l’organisation d’un référendum d’autodétermination, permettant une sortie de l’Algérie. Cette approche s’explique par une réalité fondamentale : la Kabylie est colonisée par l’Algérie, et non par une autre puissance étrangère.
L’URK ne nourrit ni illusions ni rêveries idéologiques ; elle se veut pragmatique et responsable. L’indépendance se construira par la raison, le débat et l’esprit des Lumières. L’URK prône l’intelligence politique et le respect mutuel comme fondements de toute démarche crédible et durable.
Enfin, Tamurt est un journal indépendant, ouvert à toutes les sensibilités kabyles, quelles que soient leurs opinions politiques. C’est ainsi que se mènent aujourd’hui les combats pour la liberté : par le pluralisme, le débat contradictoire et le respect des divergences, et non par l’exclusion ou l’anathème.
Merci pour cette transparence.
pour tout le reste, bon courage à l’URK… En espérant que cette questiond e référendum projeté très très très loin dans le futur ne sera pas une manière de remettre en cause tout le travail du MAK, qui a commencé, faut-il le rappeler, par demander un référendum. Mais l’URK opte pour un temps élastique, sans aucune borne… et l’arabo-islamisme a le temps de voir venir, le temps qui travaille pour les ennemis de la Kabylie.
Je ne pense pas que l’URK projettera à l’infini cette question. Je pense plutôt que c’est le temps de l’arabo-islamisme qui est compté. Le référendum en Kabylie est une priorité. Disons que le MAK a perdu la patience, mais ce qu’il fait complète la revendication pour le référendum d’autodétermination.
Organisé un référendum pour l’autodétermination dans telle structures du régime? Ils ne savent même pas comment élire un président correctement sans fraude!