BGAYET (TAMURT) – Sollicité par son public après la polémique déclenchée par Rabah Asma, Oulahlou a livré un message ferme et empreint de sagesse : « Le rôle de l’artiste n’est pas de jouer à la police politique dans la société. »
La controverse est née le 29 novembre à Lille, lorsque Rabah Asma a interrompu son concert pour exiger d’une jeune femme qu’elle retire le drapeau kabyle qu’elle brandissait dans le public. L’artiste est même allé jusqu’à lancer le slogan « One, two, three, viva l’Algérie », provoquant une vague d’indignation parmi les Kabyles.
Dans sa réaction, Oulahlou – lui-même victime de répression, interdit de scène et de voyage par le régime algérien – appelle ses confrères à la responsabilité :
« J’appelle à un degré d’élévation. À rehausser la barre dans le discernement. Certains gestes peuvent être préjudiciables. »
Selon lui, un artiste doit avant tout défendre les libertés fondamentales :
« L’artiste doit maîtriser le concept des libertés : expression, culte, libertés individuelles… Ces libertés sont sacrées. »
Souhaitant éviter les polémiques inutiles, Oulahlou précise qu’il ne juge pas les personnes mais les actes :
« Ce n’est pas à l’artiste de jouer le rôle de la police politique. Il y a déjà des gens payés pour ça. Inutile d’ajouter de la pression. »
Il appelle les artistes kabyles à sortir du registre purement folklorique :
« Un peu d’effort pour sortir du zdeg zdeg. Les grands artistes, comme Matoub Lounès ou Slimane Azem, ont marqué l’histoire par la vérité, la beauté et le bien. »
Évoquant les restrictions dont il est victime, Oulahlou révèle parler avec retenue :
« Je n’ai pas tout dit pour ne pas heurter. J’ai mis des limites à ma parole. »
À son public inquiet, il adresse enfin un message rassurant :
« Je me porte comme un charme. Mon moral est très bon, malgré ce que certains tentent. J’aurais aimé rencontrer mon public et faire exploser les salles, mais les temps sont ainsi… »
Arezki Massi


