Tizi Ouzou : timides préparatifs pour l’Aïd

1
1940
l'Aid en Kabylie
l'Aid en Kabylie

KABYLIE (TAMURT) – Prévue pour ce 6 juin 2025, la fête de l’Aïd, qui est la plus importante pour les musulmans, n’attire plus d’enthousiasme comme avant à Tizi Ouzou, comme ailleurs en Kabylie. Le cœur n’est plus à la fête. Les raisons sont nombreuses. 

En premier lieu, la cherté du mouton et des fruits et légumes. Un simple mouton coûte au moins 120 000 dinars. Même les familles de la classe moyenne ne peuvent plus se permettre le luxe de sacrifier un mouton le jour de l’Aïd, comme le veut la tradition ou bien la religion. Beaucoup voient en ces dépenses du gaspillage. Le recul de la pratique religieuse en Kabylie est aussi pour beaucoup dans le désintérêt affiché pour cette fête religieuse en Kabylie.

Depuis toujours, nombreux sont les Kabyles quisacrifient un mouton juste par tradition et non par devoir religieux. « On a toujours égorgé un mouton le jour de l’Aïd juste pour faire plaisir à mes deux grands parents. Ils ne sont plus de ce monde et personne d’autre ne pratique la religion dans notre grande famille. Donc on a décidé de tourner le dos à cette fête puisqu’elle nous ne concerne pas. On n’est pas les seuls à penser ainsi dans notre région. Tout de même, nous souhaitons toujours de joyeuses fêtes pour certains de nos proches qui veulent marquer cette fête, nous raconte un habitant d’Ath Aissi, région d’Ath Douala. Son avis est partagé par d’autres familles un peu partout à Tizi Ouzou.

Par contre, d’autres estiment qu’il n’est pas question de renoncer à cette fête, surtout chez les pratiquants. « Je comprends, la vie est chère, mais c’est notre religion et c’est celle de nos ancêtres. Tous les peuples du monde ont leurs fêtes religieuses. Regardez les Français, par exemple, ou les Occidentaux en général : ils ne pratiquent plus la religion se leurs aïeux, le christianisme, mais ils célèbre noël avec faste. Quant aux Juifs, ils ne renoncent jamais à leurs fêtes religieuses. Enfin, chacun est libre sur cette question. Le plus important, c’est la tolérance dans notre société », dit un autre habitant d’un certain âge de la localité d’Irdjen.

Au fait, dans les villes en Kabylie, l’ambiance n’est plus comme avant à quelques heures seulement de l’Aïd. Les temps ont déjà changé en Kabylie. 

Ce qui est remarquable, c’est que le régime algérien incite les populations en Kabylie à marquer cette fête de l’Aïd pour des raisons politiques, notamment à islamiser la Kabylie.

Idir Yatafen

1 COMMENTAIRE

  1. Oui, les temps ont changé en Kabylie, et c’est une évolution naturelle. La Kabylie a toujours été fidèle à elle-même : libre, lucide, et profondément attachée à ses propres valeurs. On n’a jamais eu besoin qu’un régime nous dicte comment vivre, quoi fêter ou quoi sacrifier.
    Le gouvernement peut bien gaspiller des milliards pour acheter des moutons, organiser des spectacles pseudo-religieux ou tenter de maquiller son échec par un vernis de piété artificielle — la Kabylie s’en fout éperdument. Nous ne sommes pas dupes.
    Ici, les gens ne pratiquent pas pour les caméras ni pour flatter un pouvoir. Ils pratiquent — ou ne pratiquent pas — en conscience, en liberté. Si certains choisissent de tourner la page de cette fête, c’est leur droit. Et si d’autres y tiennent par foi ou par attachement familial, c’est tout aussi respectable. Ce qui compte, c’est que personne ne soit instrumentalisé.
    Qu’on le sache une bonne fois pour toutes : les tentatives d’islamiser politiquement la Kabylie sont vouées à l’échec. On ne fabrique pas une foi authentique à coups de pression ou de propagande. La Kabylie, elle, continuera à tracer sa propre voie, avec ou sans mouton

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici