ALGERIE (CONTRIBUTION) – Malgré les promesses de modernisation et les discours officiels sur la transformation numérique, l’Algérie reste à la traîne en matière de connexion Internet. Débit faible, couverture inégale, censure, monopole étatique… Un état des lieux alarmant, à l’heure où le numérique est devenu un levier essentiel de communication et de développement.
Un réseau au ralenti
Classée parmi les pays les plus lents du monde en matière de vitesse Internet, l’Algérie affiche des performances décevantes selon le dernier classement Speedtest Global Index.
Avec une vitesse moyenne de 12 Mbps pour l’Internet fixe et à peine 8 Mbps en 4G, le pays est loin derrière ses voisins comme le Maroc ou la Tunisie.
Cette situation, bien connue des usagers, se traduit par des connexions instables, des pannes fréquentes et une frustration généralisée, que ce soit à la maison, dans les entreprises ou dans les services publics.
Infrastructures vétustes, monopole paralysant
Le principal obstacle reste la domination d’Algérie Télécom, seul fournisseur d’Internet fixe, qui peine à moderniser ses infrastructures.
Le déploiement de la fibre optique, pourtant annoncé à grands renforts de communication, avance à petits pas, souvent limité aux grandes villes.
Dans les zones rurales ou sahariennes, l’accès au réseau reste un mirage. La fracture numérique s’aggrave, accentuant les inégalités territoriales. Même dans les zones urbaines, la qualité laisse à désirer.
Côté mobile, les trois opérateurs (Mobilis, Djezzy, Ooredoo) partagent des antennes vieillissantes, et les utilisateurs dénoncent des coupures fréquentes, notamment lors des pics d’utilisation ou des événements politiques sensibles.
Un impact sur l’éducation, l’économie et les libertés
Les conséquences sont lourdes : étudiants pénalisés, startups bloquées, e-administration en panne.
Dans les universités, les cours en ligne restent difficilement accessibles. Dans les foyers, le télétravail reste une utopie. Et pour les entrepreneurs du digital, la lenteur du réseau est un frein majeur à l’innovation. Même les grands projets et le paiement électronique souffrent de cette situation.
Réformes annoncées, mais peu visibles
Le gouvernement algérien a promis des réformes. Des projets de fibre optique FTTH ont été lancés, et des expérimentations 5G évoquées.
Mais sur le terrain, la réalité évolue peu, et les peuples peinent à voir les effets concrets de ces annonces.
Le problème semble surtout structurel : un manque de concurrence, une gouvernance opaque, et une absence de volonté réelle de libéraliser le secteur.
Censure de plus en plus féroce
La censure des médias kabyles sur Internet en Algérie n’est pas officiellement proclamée, mais ses effets sont tangibles. Elle reflète une politique de contrôle de l’information qui ne tolère ni les indépendantistes, ni la critique structurée du pouvoir. Dans un monde où l’information circule sans frontières, cette stratégie est anachronique et est contre-productive pour le pouvoir algérien.
Depuis plusieurs années, de nombreux médias kabyles en ligne – qu’ils soient basés en Algérie ou à l’étranger – se plaignent de blocages d’accès sur le territoire. Parmi les plus concernés, on retrouve des plateformes comme :
• Tamurt.info
• Siwel.info (Agende d’information du MAK, Anavad)
• Taqvaylit.tv
• Des pages Facebook communautaires ou informatives, etc.
Les utilisateurs tentant d’y accéder se heurtent souvent à des erreurs de connexion, des temps de chargement anormalement longs, ou des messages de type “site non disponible”, suggérant un blocage ciblé par les autorités.
Des associations comme Reporter Sans Frontières (RSF), Access Now ou NetBlocks ont documenté à plusieurs reprises des restrictions d’accès à des sites dissidents ou régionalistes, notamment à l’approche d’élections, de manifestations ou de dates symboliques (comme Yennayer ou les commémorations du Printemps berbère).
La Kabylie, région historiquement frondeuse, qui réclame désormais son indépendance, semble faire l’objet d’une surveillance numérique accrue, notamment depuis l’essor du Hirak en 2019 et la montée en visibilité des indépendantistes kabyles (MAK et URK).
Au-delà du blocage des médias, les journalistes kabyles indépendants sont également la cible d’une répression silencieuse mais efficace :
• Surveillance de leurs comptes personnels surtout sur Facebook.
• Interrogatoires réguliers menés par la police ou la gendarmerie.
• Inculpations pour atteinte à l’unité nationale, propagande séparatiste ou diffusion de « fausses informations ».
Certains responsables politiques et beaucoup de militants indépendantistes sont condamnés à la perpétuité et contraint à l’exil.
En Kabylie même, les correspondants de presse locaux sont souvent privés d’accréditation officielle, ce qui rend leur travail difficile et précaire.
Une révolution numérique en panne
L’accès à Internet ne devrait plus être considéré comme un luxe. À l’heure du tout numérique, la connexion est un droit, un outil de communication, d’information, d’émancipation, de savoir et d’emploi.
Mais en Algérie, elle reste une source de colère, voire de résignation.
Pour sortir de cette impasse, une réforme en profondeur s’impose : libérer le marché, moderniser les infrastructures, garantir l’équité territoriale, et surtout faire de la connectivité une priorité — non pas dans les discours, mais dans les actes.
Quelques chiffres clés
Algérie: Vitesse Internet fixe 12 Mbps, vitesse mobile 8 Mbps, Classement mondial (Speedtest) 164e/180
Maroc: Vitesse Internet fixe 45. Mbps. vitesse mobile 35 Mbps, Classement mondial (Speedtest) 95e
Tunisie: Vitesse internet fixe 35 Mbps, vitesse mobile 30 Mbps, classement mondial (Speedtest) 98e
France: Vitesse internet fixe 160 Mbps, vitesse mobile 100 Mbps, classement mondial (Speedtest) 16e
L’ensemble de ces dysfonctionnements ainsi que la cencure renforcent la volonté du peuple kabyle à s’émanciper de cette Algérie avec l’avènement d’une Kabylie indépendante et moderne.
Massy Koceila
J’habite un petit village dans le massif de Michelet et nous sommes doté d’une connexion fibre optique depuis six mois déjà et ça fonctionne à merveille.
Merci de mettre la lumière sur ces réalités qui relèvent des pratiques d’un autre temps ! La kabylie de demain ouvrira ce secteur à la concurrence afin d’être une NATION, le numérique est une condition sine qua non pour accéder au rang de pays développé.