Université : Les étudiants de tamazight menacent de recourir à une grève illimitée

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Enseignante de tamazight
Enseignante de tamazight

BGAYET (TAMURT) – Pour dénoncer, entre autres, une « discrimination » à l’encontre de l’enseignement de tamazight par les autorités algériennes, les étudiants du département de langue et culture amazighes menacent de recourir à une grève illimitée à partir du 12 octobre si leurs revendications ne sont pas satisfaites.

Bien qu’elle soit consacrée « langue nationale et officielle » par la Constitution algérienne (article 4), la généralisation de l’enseignement de tamazight peine à se concrétiser sur le terrain. Hormis la Kabylie, le processus rencontre des résistances en Algérie, notamment dans les régions arabophones et celles où l’islam radical est fortement ancré. Pour les étudiants de tamazight à l’université Abderrahmane Mira de Bgayet, « le ministère (algérien de l’enseignement supérieur, NDLR) n’a pas l’intention de rendre l’enseignement de la langue amazighe obligatoire », lit-on dans une déclaration diffusée par un Collectif de ces étudiants.

Ces derniers déplorent que la langue maternelle des habitants autochtones de l’Afrique du Nord reste une « langue facultative ». « Tout ce que le ministère dit concernant l’encouragement et l’expansion de l’enseignement de la langue amazighe n’est qu’une rhétorique vague et non contraignante utilisée chaque année pour apaiser les étudiants, les spécialistes et les diplômés de cette langue sans réelle intention de mise en œuvre globale et obligatoire », dénoncent ces étudiants, qui donnent un ultimatum jusqu’au 12 octobre aux autorités algérienne pour répondre à leurs doléances.

En outre, ces étudiants contestataires s’insurgent contre la décision du ministère de l’éducation d’avoir maintenu l’enseignement de tamazight au primaire à partir de la 4e année au lieu de la troisième et d’avoir augmenté les horaires d’apprentissage des autres langues au détriment de tamazight. « Cette discrimination reflète une réalité de marginalisation et d’indifférence à l’égard de la langue amazighe, ce qui est une situation injuste. Maintenir la langue amazighe comme matière facultative enseignée seulement à partir de la quatrième année et également facultative aux examens finaux officiels, malgré la possibilité actuelle de l’inclure en troisième année constitue une forme évidente de marginalisation qui vide les textes constitutionnels de leur contenu », regrettent-ils. Ce mépris envers tamazight affecte également les jeunes diplômés, « qui sont confrontés au spectre du chômage en raison du manque de postes d’enseignement disponibles », s’indignent ces étudiants. Ainsi, les perspectives ne sont pas rassurantes pour les futurs diplômés en langue et culture amazighes. Ces étudiants redécouvrent à leur dépends que la reconnaissance de la langue amazighe par le régime algérien, qui a fait de l’arabité et de l’islam son socle idéologique, n’est que de la poudre aux yeux.

Justement, pour ce régime et beaucoup d’algériens, tamazight est une menace à l’unité nationale, « soudée par l’islam et l’arabité » depuis l’indépendance de l’Algérie et la confiscation du pouvoir par le clan d’Oujda. Les étudiants du département de langue et culture amazighes réclament l’enseignement de façon obligatoire de tamazight et non d’une manière facultative. « Si nous ne recevons aucune réponse officielle à nos revendications de la part des autorités concernées avant le 12 octobre 2025, nous déclencherons une grève ouverte… », a menacé ce collectif d’étudiants.

Lyes B.

1 COMMENTAIRE

  1. Seul l’avènment d’Etats authentiquement amazighs (kabyle, pour la Kabylie. Les autres suivront) permettront le développement, la prise en charge, la promotion et l’effectivité des langues timaziγin. Tous les efforts actuels sont vains et le resteront. Malheureusement pour celles et ceux qui continuent de croire en une reconnaissance dans le cadre des Etats post-coloniaux que sont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, etc.

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