Les islamistes veulent “planter” le salafisme en Kabylie sous couvert de reboisement

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Les islamistes veulent planter le salafisme en Kabylie
Les islamistes veulent planter le salafisme en Kabylie

ALGÉRIE (TAMURT) — Après trois décennies d’incendies criminels attribués par de nombreux habitants aux forces de sécurité, la Kabylie voit soudain fleurir des campagnes de reboisement, de nettoyage et de “volontariat” pilotées par des groupes islamistes, avec le soutien visible des autorités locales. Un changement de stratégie que de nombreux citoyens interprètent comme une tentative d’implantation salafiste sous couvert d’écologie.

De la destruction des forêts au “reboisement encadré”
Depuis plus de 30 ans, la région subit des incendies récurrents qui ont ravagé oliveraies, caroubiers et forêts entières. Une partie de la population accuse l’armée algérienne d’avoir orchestré ces feux pour affaiblir économiquement et socialement la Kabylie.
Aujourd’hui, un retournement brusque : partout en Algérie, des opérations de plantation et de nettoyage sont organisées, souvent encadrées par des islamistes proches des courants salafistes, épaulés par les services de sécurité.
Planter un arbre, en soi, est une initiative positive. Mais en Kabylie, le timing et les acteurs impliqués suscitent méfiance et colère.

Des campagnes “vertes”, mais pas écologistes
Des groupes religieux — zaouïas, associations islamistes, activistes barbus — multiplient les opérations médiatisées. Sur les réseaux sociaux, on les voit en tenues afghanes, parlant exclusivement en arabe, planter des arbres et “nettoyer” des quartiers, souvent sous l’œil attentif de la gendarmerie.
Le slogan mis en avant, « Khadra bi idnillah » (“verte avec la permission de Dieu”), choque de nombreux Kabyles, qui y voient un message religieux bien plus qu’écologique.
« La couleur verte qu’ils brandissent n’a rien d’environnemental. C’est du vert islamiste », affirme un bénévole de Tizi Ouzou.

Les habitants s’organisent : “Nous ne les laisserons pas s’implanter”
Dans plusieurs localités — Freha, Iwadhiyen, Akbou, Tizi Ouzou — les habitants ont pris les devants pour éviter que ces groupes islamistes ne s’implantent sous prétexte de reboisement.
À Akbou, un bénévole raconte :
« Nous avons compris la manipulation. Nous avons chassé les islamistes de la ville et repris les choses en main. »
À Tizi Ouzou, un autre habitant dénonce un projet politique déguisé :
« Ils arrivent chaque jour avec des camions remplis d’arbres, accompagnés d’islamistes venus de loin. Depuis quand le régime veut du bien à la Kabylie ? Depuis quand les gendarmes ou les islamistes veulent rendre notre région belle ? »
L’homme rappelle les traumatismes encore vifs :
« Nous n’avons pas oublié les victimes des groupes islamistes, ni les 128 jeunes tués par les gendarmes en 2001. »

“Un projet politique sous couvert d’écologie”
Pour les habitants interrogés, la manœuvre est claire : occuper le terrain social, dépolitiser les quartiers, et affaiblir l’identité kabyle en imposant une présence religieuse conservatrice.
Le contraste est immense : la Kabylie, historiquement l’une des régions les plus vertes du pays, a été ravagée pendant des années par des incendies criminels, démolitions d’espaces verts et projets fonciers destructeurs.
« Si le régime voulait protéger la nature, il commencerait par empêcher ses propres forces d’allumer les feux et par stopper la mafia du foncier », affirme un habitant de la haute ville de Tizi Ouzou.

Une Kabylie vigilante
Face à ce qu’ils considèrent comme une ingérence idéologique, de nombreux citoyens appellent les comités de villages à prendre eux-mêmes en main les actions écologiques afin d’empêcher toute récupération salafiste.

Idir Yatafen

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