LITTERATURE (TAMURT) – Samedi 05 octobre 2024 est paru aux éditions Koukou « Tudert-iw », une traduction en kabyle du magnifique livre de Fadma At Mansour Amrouche « Histoire de ma vie ». Cette belle œuvre autobiographique est traduite en kabyle par Ahmed Ait Bachir. En France, la parution de ce livre est prévue pour mercredi 09 octobre, a annoncé l’auteur sur sa page Facebook.
Désormais, les kabyles peuvent lire dans leur langue maternelle le célèbre livre de Fadma At Mansour Amrouche, « Histoire de ma vie ». Cette œuvre littéraire a été traduite dans son intégralité par Ahmed Ait Bachir et édité aux éditions Koukou, détenues par le journaliste et éditeur kabyle Arezki Ait-Larbi. Ce roman autobiographique est le récit émouvant de la vie d’une femme kabyle et chrétienne. A travers l’histoire de sa vie, c’est le destin des Kabyles, son peuple, qu’elle décrivait comme: « tribu plurielle et pourtant singulière, exposée à tous les courants et pourtant irréductible, où s’affrontent sans cesse l’Orient et l’Occident, l’Algérie et la France, la Croix et le Croissant, l’Arabe et le Berbère, la montagne et le Sahara, le Maghreb et l’Afrique… ». « Tudert-iw » peut être trouvé et acheté partout dans les librairies de la Kabylie, a annoncé Ahmed Ait Bachir. Celui-ci a entamé ce travail de traduction en 2020.
La qualité de ce travail est très appréciée par l’écrivain et militant de la cause kabyle Abdennour Abdesselam. « J’ai appris, (…) que mon ami Ahmed Ait Bachir établi en France s’est mis au rétablissement de «Histoire de ma vie» dans sa langue et sa pensée originale. (…) On croirait, de mon humble avis, entendre Nna Fadhma non pas écrire, mais plutôt parler de ses malheurs dans sa douce langue kabyle », avait déclaré cet ancien détenu à la presse lorsqu’il a lu une partie de la traduction en 2020. Abdennour Abdesselam avait lui-même entrepris le projet de traduire « Histoire de ma vie » en kabyle, déjà en 1978, lorsqu’il avait à peine 25 ans. Il explique pourquoi il n’est pas allé au bout de cette entreprise : « Le défi était. En entamant les premières pages, je me suis rendu compte que le texte en langue française était en fait déjà une traduction des sentiments et de la pensée de Nna Fadhma du kabyle vers le français. C’était presque donc pensé que c’était joué pour moi car à l’entame du rétablissement (et non de la traduction) je me suis senti fort aise. En fait, rétablir est plus possible que traduire car Nna Fadhma a pensé en kabyle et a écrit en français», a-t-il souligné. Malgré ses nombreux exils et l’utilisation du français pour écrire, Fadma At Mansour Amrouche a affirmé dans son roman autobiographique : « Je suis restée profondément la Kabyle que je suis… ». Si Dda Abdennour n’a pas achevé le rétablissement de « Histoire de ma vie » c’est parce que aussi l’émotionnel avait pris le dessus sur lui comme il l’avait avoué, en 2020, à un journaliste de l’Expression : «Brusquement, je ne pouvais avancer dans le travail du rétablissement car ne pouvais lire une phrase d’elle, un demi-paragraphe, un paragraphe, alors-là une page entière c’était une terrible et profonde torture pour moi. Je ne faisais que pleurer sur le fil de ce qu’elle avait enduré.
Ma femme Hayet m’ayant plusieurs fois surpris en larmes m’a dit ‘’assurément: tu ne finiras jamais ce travail de rétablissement ». Combien elle avait raison», avait confié l’auteur de « Recueil de proverbes berbères » (Enag, janvier 2010).
Arezki Massi