Nordine Aït Hamouda, un homme qui a tout donné pour la Kabylie

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Nordine Aït-Hamouda
Nordine Aït-Hamouda

KABYLIE (TAMURT) – Le fils du colonel Amirouche, Nourdine Aït Hamouda, âgé aujourd’hui de 76 ans, a pris ses distances des activités politiques. Depuis sa sortie de la prison, condamné en 2021 pour délit d’opinion par le régime raciste d’Alger, Aït Hamouda souffre de plusieurs maladies chroniques. Certains pensent même qu’il a été empoisonné en prison.

Membre fondateur du RCD, élu trois fois députés à Tizi Ouzou, Nourdine Ait Hamouda a toujours défendu la Kabylie bec et ongles. Certains ne partagent pas toutes ses positions politiques, mais personne ne peut remettre en cause son courage et sa défense acharnée de la Kabylie. En 2012, c’était grâce à lui que le RCD avait participé avec le MAK dans une même marche le 20 avril. Même s’il n’est pas pour l’indépendance de la Kabylie, il fait partie des rares hommes politiques kabyles en dehors des indépendantistes à défendre le droit des Kabyles à militer pour leur indépendance.

Noureddine Aït Hamouda, même s’il a été toujours contre la politique du FFS et d’Aït Ahmed, en 2000 lorsqu’un député islamiste avait demandé le retrait de la nationalité algérienne à Hocine Aït Ahmed, Nourdine était le premier à réagir et à remettre à sa place de manière magistrale,  le député islamiste, au parlement algérien. « Je n’aime pas mon frère, mais je ne laisse personne le toucher », avait déclaré le député du RCD Aït Hamouda en 2000. Une phrase qui est restée dans l’histoire. Le fils du colonel Amirouche était le premier aussi à dénoncer le criminel Boumediène, la trahison de l’émir Abdelkader et de Messali El Hadj, sur les plateaux de la télévision algérienne. Un courage qui lui a valu trois ans de prison ferme. 

Nourdine Aït Hamouda a tout donné à la Kabylie. Il est connu aussi pour son franc-parler. Son exclusion du RCD, en 2015, lui a fait beaucoup de mal, mais les militants de base du RCD lui vouent, à ce jour, un grand respect. L’absence de Nourdine Aït Hamouda de la scène politique kabyle a laissé un grand vide. Pendant plus de 40 ans, il a sillonné toute la Kabylie à qui il voue un amour viscéral. La Kabylie a besoin d’hommes courageux et engagés comme Aït Hamouda. 

Idir Yatafen

2 Commentaires

  1. ENFIN QUELLE CHANCE
    Cet hommage tardif, j’espère est un signe d’enterrement de la hache de guerre Kabylo-kabyle. Je souhaite que les choses continueront à changer dans le bon sens de reconnaissance mutuelle Kabylo-kabyle quels que soient les différents, souvent surmontables.
    Bon courage et Bonne continuation dans
    ce sens

    AREZG NNEƔ
    Saramaɣ tajmilt agi d tanḍalt n ccwal ger iqvayliyen. Saramaɣ daɣ adummu deg ufaṛṛez ger iqvayliyen. Akken ran ilin w-uguren, tiɣedwiftin (les interets) n tmurt Taqvaylit zwarent akk yal tiɣawsiwin.
    Afud igarzen d timarna deg uvrid n tddukli d tanila agi.

  2. Quel bel hommage, et surtout quel rappel nécessaire ! Cet article met parfaitement en lumière la stature morale et le parcours exceptionnel de Nourdine Aït Hamouda, un homme qui, malgré les coups bas, la prison et la maladie, n’a jamais renoncé à son intégrité ni à son amour indéfectible pour la Kabylie. Dans un pays où la parole libre est souvent muselée, il a osé dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas — un acte de bravoure qui, à lui seul, vaut plus que mille discours.

    Il faut reconnaître que peu d’hommes politiques ont eu le courage de se dresser, en plein Parlement algérien, face aux symboles du dogmatisme et de la manipulation historique. Défendre la mémoire d’Aït Ahmed, dénoncer Boumediène ou Messali El Hadj à visage découvert, c’était un véritable acte de résistance dans un régime qui a bâti sa légitimité sur le mensonge et la peur. Et pourtant, Aït Hamouda l’a fait, sans calcul, sans arrière-pensée, avec cette sincérité brutale qui le caractérise.

    Son parcours est celui d’un patriote kabyle dans le sens le plus noble du terme : un homme fidèle à la mémoire de son père, le colonel Amirouche, mais surtout fidèle à la vérité et à la dignité de son peuple. Même lorsqu’il ne partageait pas les idées des autres courants kabyles, il a toujours respecté leur droit à exister, à s’exprimer et à rêver d’un avenir différent. Cette ouverture d’esprit, rare en politique algérienne, montre à quel point il plaçait la Kabylie au-dessus des querelles partisanes.

    Aujourd’hui, son absence se fait cruellement sentir. Les opportunistes ont pris la place des hommes de conviction. Aït Hamouda, lui, a laissé une trace indélébile : celle d’un homme entier, libre et fidèle à ses principes jusqu’à la fin. Ce vide qu’il laisse sur la scène politique kabyle n’est pas seulement un vide de leadership, c’est un vide de courage, d’éthique et de vérité.

    Oui, la Kabylie a besoin — plus que jamais — d’hommes de cette trempe : de ceux qui ne plient pas, qui parlent vrai, et qui aiment leur terre sans la vendre au plus offrant. Nourdine Aït Hamouda restera, qu’on partage ou non toutes ses idées, un repère moral et un symbole de résistance face à l’injustice et au déni d’identité.

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