TIZI N’BERBER (TAMURT) – Le poète et militant politique kabyle Mourad Chabane a retrouvé, ce 05 octobre, sa liberté et sa Kabylie natale après avoir purgé une peine injuste de trois ans de prison ferme dans les geôles algériennes (Koléa). Il a été arrêté le 02 octobre 2021 suite à une perquisition violente à son domicile familial, au village Tazrout, dans la commune de Tizi n’Berber (Bgayet).
L’arrestation de Mourad Chabane s’inscrivait dans le cadre d’une vaste campagne de répression enclenchée par le régime algérien visant les militants kabyles, notamment ceux et celles qui revendiquent le droit à l’autodétermination. Cette répression s’est intensifiée et devenue systématique après la promulgation de la loi 87 bis du code pénal algérien criminalisant l’acte politique. Une loi d’ailleurs fortement décriée lors de l’examen périodique universel de novembre 2022, à Genève, où les droits de l’homme en Algérie ont été passés au crible pour la quatrième fois depuis l’instauration de ce mécanisme par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Pour rappel, et après son interpellation, Mourad Chabane a été transféré à Alger.
Après plusieurs jours de garde-à-vue, il a été présenté devant un juge d’instruction du tribunal Sidi M’hamed, lequel avait ordonné son placement sous mandat de dépôt. Poursuivi pour, entre autres, « appartenance à une organisation terroriste », en l’occurrence le MAK, arbitrairement classé comme tel par le régime colonial algérien en mai 2021, Mourad Chabane a été condamné en appel à 3 ans de prison ferme en novembre 2022. Pourtant, Mourad n’est qu’un poète et militant pacifique, qui lutte par sa plume et sa parole libre. « Mourad, notre militant associatif, (…) est incarcéré et arrêté d’une manière inacceptable pour avoir exprimé ses opinions.
Pourtant, le droit à s’exprimer est un acquis d’une longue lutte pour les libertés démocratiques dont on est appelé aujourd’hui à lutter pour préserver cet acquis non négociable, ne serait-ce que pour préserver la mémoire de ceux ou celles qui se sont sacrifiés pour ce droit fondamental dans la construction du chemin de nos libertés. Mourad, et d’autres détenus d’opinion, nous forcent à construire et à consolider le front de la résistance pour préserver nos acquis chèrement défendus », avait témoigné son frère Hicham dans un post publié en mars dernier sur sa page Facebook. Cette publication lui a valu une arrestation et une mise sous contrôle judiciaire par le tribunal de Bejaia.
A l’instar des autres détenus, Mourad Chabane a affronté l’arbitraire dont il était victime avec dignité. Du fond de leur cellule, ils ont trouvé des raisons d’espérer et de se battre pour une Kabylie libre.
Aksil K.