Des policiers kabyles témoignent  : « Nous avons caché des milliers de dossiers sur les indépendantistes »

KABYLIE (TAMURT) – Dans les rangs de la police algérienne en Kabylie, il existe des policiers kabyles honnêtes qui aiment la Kabylie et qui risquent leur carrière et même leur vie pour protéger des milliers de Kabyles des affres de la justice coloniale.

Ils sont nombreux, selon nos sources. Deux officiers de la police judiciaire nous ont avoué que le nombre de détenus politiques kabyles serait plus nombreux s’ils n’étaient pas intervenus et usés de leur pouvoir pour les défendre. « Tous les détenus arrêtés pour activités politiques indépendantistes ou même autres en Kabylie sont innocents, évidemment. On le sait et notre hiérarchie le sait aussi. On reçoit des ordres et des renseignements pour mener des enquêtes dans toutes les communes de Kabylie sur les activistes et même sur de simples citoyens qui n’ont rien à voir avec la politique, mais, pour la plupart des dossiers, dans la mesure du possible, on bâcle les enquêtes ou on ajoute des fausses informations comme quoi on ne peut rien leur reprocher et on clôt l’affaire.

Souvent, on jette leur dossier à la poubelle. Les concernés ne le savent pas, dans la plupart des cas », nous révèle un jeune officier de police qui dit que les indicateurs en Kabylie existent en nombre impressionnant. « Chaque village et chaque quartier est doté d’une dizaine d’indicateurs pour la police, la gendarmerie et la sécurité militaire », précise notre interlocuteur. « Je peux vous dire même qu’on est organisés au sein de la police pour défendre à notre manière nos frères kabyles. On le fait par devoir envers la Kabylie et on n’est pas souvent des pro-indépendantistes. On défend nos frères, car ils sont victimes d’injustice. Ils ne sont pas des terroristes », ajoute notre interlocuteur qui a rappelé que durant la décennie noire les villageois ont combattu avec eux les groupes terroristes. « Je suis fier d’avoir évité la prison à des dizaines de Kabyles, et ils sont nombreux, les officiers kabyles, à agir de la sorte. Mais parfois, on n’a pas le choix  : on a arrêté et accusé certains de nos frères innocents qui sont en prison. on ne peut pas sauver tout le monde », regrette le policier. I

ll dit aussi que la sécurité militaire et la gendarmerie ont déjà la puce à l’oreille et soupçonnent certains policiers d’avoir soutenu des militants politiques. « Même certains procureurs ont aidé nos frères, mais pas tous », nous apprend notre interlocuteur. « Des collègues à moi ont même délivré des documents au profit des demandeurs d’asile en France pour leur faciliter d’obtenir l’asile politique », nous apprend l’officier de police qui a évidemment requis l’anonymat. Il dit par contre regretter que d’autres officiers et policiers kabyles jouent le jeu du pouvoir et s’acharnent contre des citoyens innocents, rien que pour plaire à leurs supérieurs.

« Certains policiers kabyles sont indépendants, ils ne peuvent pas le déclarer, mais ils sont nombreux dans nos rangs. On est mieux placés pour connaître l’ampleur du racisme des Algériens envers les Kabyles », précise notre source, qui avoue qu’à ce rythme l’avenir de la Kabylie est des plus lugubres.  » Le clan de Tebboune est boumedienniste. » Il a un plan à long terme pour effacer toute la culture kabyle. Il a déjà commencé par détruire les comités de village. Les gendarmes essayent de placer dans chaque comité ses indicateurs. Par exemple, l’association dite des chasseurs est à vrai dire une association d’indicateurs de la gendarmerie qui a pour mission de détruire la société kabyle ».

Notre interlocuteur ne s’arrêtera pas là. « Nous avons reçu des ordres de manière officieuse de ne jamais enquêter sur les réseaux de prostitution en Kabylie. La gendarmerie protège même les proxénètes ».

Des révélations qui font froid dans le dos. Les deux policiers qui ont accepté de se livrer à Tamurt-info semblent ne pas tout dire des plans machiavéliques que le régime algérien prépare contre la Kabylie.

Idir Yatafen