KABYLIE (Tamurt) – Quand il s’agit d’évoquer les valeurs humaines de Matoub Lounes, la mission s’avère toujours difficile tant elles sont innombrables. L’ensemble des personnes qui ont eu la chance de le connaitre et de le côtoyer se souviennent d’un homme dont le paroxysme du bonheur consistait à partager tout ce qu’il pouvait avoir.
Concernant cet aspect de sa personnalité, Matoub Lounes s’est particulièrement illustré par le fait qu’il a toujours chanté gratuitement dans toutes les villes de Kabylie. L’entrée était libre à tous ses spectacles en Kabylie qui réunissaient des dizaines de milliers de fans. Dans les stades de Bougie et Tizi-Ouzou où le Rebelle chantait gratuitement et particulièrement durant les journées du 20 avril, pour célébrer l’anniversaire du printemps berbère, Matoub Lounes n’avait jamais touché un sou. C’était aussi le cas dans toutes les autres localités de la Kabylie. Les galas de Matoub Lounes n’étaient payants que lorsqu’il chantait en dehors de la Kabylie comme à Alger ou en France. Selon les proches de Matoub Lounes, ce dernier disait que, quand on se bat pour une cause telle que la sienne, il était indécent de faire payer les fans de son pays la Kabylie pour qu’ils puissent assister à ses spectacles.
La générosité de Matoub ne se limitait pas seulement à ses spectacles. Matoub Lounes a aussi animé des soirées de mariage de ses amis devant des milliers de personnes sans empocher un centime. C’est le cas, entre autres, des fêtes de mariage de Boudjemââ Agraw à Bougie et de Lounes Kheloui à Tizi-Ouzou, entre autres. Il faut rappeler, si besoin est, que c’est le seul chanteur à avoir cette tradition de ne pas faire payer ses fans lorsqu’ils se produisaient en Kabylie. C’est vraiment une exception. Un cas unique. C’est l’une des raisons qui font de Matoub ce qu’il est toujours, dix-neuf ans après son assassinat, ce soleil qui éclaire toujours ses fans et qui brûle encore ses ennemis.
Tahar Khellaf pour Tamurt