Tizi Wezzu : L’humanitaire kabyle Wafia Tedjani entre en clandestinité à la suite d’une perquisition chez elle de la gendarmerie algérienne

KABYLIE (TAMURT) – Le climat de terreur instauré par le régime algérien en Kabylie depuis 2021 y règne toujours. Les arrestations injustes et les perquisitions arbitraires se poursuivent, poussant parfois certains kabyles, pourtant pacifiques et irréprochables, à vivre en fugitifs. C’est le cas de Wafia Tedjani, une militante humanitaire kabyle, qui a décidé d’entrer en clandestinité à la suite d’une perquisition violente de son domicile familial à Ath Douala (Tizi Wezzu), le 15 septembre dernier, par la gendarmerie algérienne.

Gérante d’une agence de voyage dénommée ‘’Wafia tourisme’’, la jeune W. Tedjani s’est fait connaitre au grand public par l’organisation de voyages touristiques au profit des familles démunies et son implication dans des œuvres humanitaires au bénéfice des localités isolées de la Kabylie. Elle était, par exemple, à l’origine de plusieurs initiatives de solidarité et de bienfaisance, en Kabylie, durant la crise sanitaire liée à la covid-19, et durant l’été noir de 2021, quand la junte militaire algérienne a embrasé les montagnes kabyles par des incendies criminels. Elle a également brillé par sa forte mobilisation dans la collecte des dons en faveur des sinistrés des incendies ayant ravagé Toudja et Ath Ksila (Vgayet), en juillet 2023.

Elle avait, à l’époque, fait une vidéo montrant le désastre provoqué par ces incendies au niveau du village touristique Djebla (Ath Ksila). Cela lui a valu une arrestation par la police algérienne avec perquisition au domicile familial, suivie d’une mise sous contrôle judiciaire par un juge algérien, le 06 août 2023. Elle a aussi été arrêtée, puis relâchée, le 25 juin dernier, au barrage de Oued Aissi (Tizi Wezzu), avec Mira Moknache, Sofiane Mohedeb et Arezki Hidja, de retour de leur recueillement sur la tombe de Lounes Matoub à l’occasion du 26eme anniversaire de son assassinat.

Dans son dernier message posté sur sa page Facebook, le 28 septembre, Wafia explique les raisons de son absence : « Je tiens à vous informer de ce qui m’est arrivé ces derniers temps, à l’origine de mon absence. Le 15 septembre dernier, 4 voitures (quatre-quatre) de la gendarmerie étaient venues dans mon village et ont procédé à une perquisition chez-moi. Ils ont cassé la porte de ma chambre et ont procédé à des fouilles, pièce par pièce. Je n’ai pourtant jamais fait de mal à personne », a-t-elle écrit.

« Ce pouvoir autoritaire aura bien une fin un jour. Cela ne peut pas durer ainsi, cette intimidation. Les kabyles doivent se réveiller, s’unir et renverser la table. En tout cas, toute ma solidarité a Wafia. Prends soin de toi », s’est indignée une internaute kabyle, qui a laissé un message de soutien à la militante désormais contrainte à vivre en clandestinité.

Aksil K.