Algérie : « La gendarmerie est au service des Algériens, pas au service des Kabyles »

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La gendarmerie est au service des Algériens, pas au service des Kabyles
La gendarmerie est au service des Algériens, pas au service des Kabyles

ALGERIE (TAMURT) – Une vidéo d’un vendeur, qui squatte un espace illégalement aux abords d’une autoroute à Tipaza, vers l’est d’Alger, qui a été maltraité et insulté par les gendarmes, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Une vague d’indignation y a été enregistrée ces derniers jours pour dénoncer le comportement odieux de ce gendarme.

Le même jour, le haut commandement de la gendarmerie nationale algérienne avait réagi pour dénoncer le comportement « intolérable et inacceptable » de ce gendarme. Dans un communiqué, la gendarmerie algérienne précise qu’il s’agit « d’un cas isolé ». Le même communiqué a ajouté que le gendarme vu sur la vidéo en train de brutaliser le vendeur à la sauvette « sera sanctionné ».

Effectivement, la réaction de la gendarmerie algérienne est saluée par les Algériens. Ce fait coïncide avec la date du 14 juin.  L’anniversaire de la marche des Kabyles sur Alger pour dénoncer l’assassinat des jeunes Kabyles avec des armes de guerre en Kabylie en 2001. 150 civils ont été tués sans aucune raison par des gendarmes algériens. Une femme à Larbaa Nath Irathen avait juste osé sortir sa tête de la fenêtre de sa maison, un sniper avait tiré sur elle.

Kamel Irchen, tué par les balles des gendarmes, avait écrit avec son sang sur un mur, avant de mourir, « liberté ». 5000 jeunes Kabyles ont été blessés, dont 3009 handicapés à vie. Pas un mot de la gendarmerie algérienne. Aucun responsable algérien, militaire ou civil, n’a prononcé le moindre mot de compassion envers les victimes kabyles.

La vidéo de Tipaza est en réalité un message pour les Kabyles : « La gendarmerie algérienne est au service des Algériens et non au service des Kabyles ». Voici le message passé par le régime algérien au peuple kabyle en ce 14 juin 2025. La gendarmerie algérienne n’accepte pas qu’un citoyen algérien soit insulté par ses services, mais elle n’a aucune considération pour les citoyens kabyles. 

Idir Yatafen

1 COMMENTAIRE

  1. La vidéo récente montrant un gendarme algérien brutalisant un vendeur à la sauvette à Tipaza a, à juste titre, suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Cette réaction citoyenne est saine, légitime et nécessaire dans toute société qui aspire à plus de justice et de respect des droits humains. La réponse rapide de la gendarmerie nationale, qui a qualifié le comportement de ce gendarme « d’intolérable et d’inacceptable », est également à noter, car elle constitue une forme de reconnaissance d’un abus.
    Cependant, ce qui dérange profondément, c’est la mémoire sélective et le traitement à géométrie variable que cette même institution applique selon les régions et les citoyens concernés.
    Retour sur les événements de 2001 : un traumatisme non résolu
    Le 14 juin n’est pas une date anodine. C’est une plaie vive dans notre mémoire collective. Ce jour de l’année 2001 a vu plus de 200 000 Kabyles marcher pacifiquement sur Alger pour réclamer justice, vérité, et dignité, après le meurtre du jeune Massinissa Guermah, 18 ans, par un gendarme dans les locaux de la brigade d’Ath Douala, le 18 avril 2001. Ce meurtre a été le point de départ du Printemps Noir, une série de manifestations réprimées dans le sang.
    Les chiffres sont accablants :
    129 à 150 morts, tous civils kabyles, tués par balles réelles, la majorité atteints à la tête, au cœur ou dans le dos.
    Plus de 5000 blessés, dont plus de 3000 handicapés à vie.
    Aucun gendarme, aucun officier, aucun responsable politique ou militaire n’a été poursuivi ou jugé pour ces crimes.
    Pas une excuse officielle, pas de reconnaissance de responsabilité, ni compassion publique envers les familles endeuillées.
    La fameuse Commission d’enquête étatique, annoncée à l’époque, n’a jamais livré de conclusions contraignantes ni permis d’ouvrir des poursuites judiciaires. Cela en dit long sur la volonté politique.
    Deux poids, deux mesures ?
    Quand la gendarmerie réagit rapidement à Tipaza, cela montre que l’institution peut agir vite, reconnaître une faute et promettre des sanctions. Or, cette attitude contraste violemment avec le mutisme absolu observé en 2001 — et qui perdure encore aujourd’hui. Ce contraste est perçu à juste titre comme un mépris à notre égard, traités comme des citoyens de seconde zone.
    Un exemple symbolique :
    Une femme à Larva Nath Yirathen, en 2001, a été abattue d’une balle en pleine tête alors qu’elle regardait simplement par sa fenêtre.
    Kamel Irchen, mourant, a eu la force d’écrire avec son propre sang sur un mur : « Liberté ».
    Ces faits n’ont jamais été reconnus officiellement. Ils sont absents des discours officiels. Même dans les livres scolaires, le Printemps Noir est omis, minimisé ou maquillé.
    Une mémoire à sens unique, une République fragmentée
    Le traitement médiatique et institutionnel de la vidéo de Tipaza est, certes, positif dans son principe. Mais il met en lumière une fracture : la reconnaissance d’une injustice devient possible quand la victime n’est pas kabyle. Ce que nous perçevons, c’est que :
    leurs morts ne comptent pas,
    leurs douleurs ne sont pas entendues,
    leur dignité n’est pas reconnue.
    Conclusion : Ce n’est pas une question de région, mais de justice
    Ce n’est pas le fait que l’agresseur soit un gendarme, ni que la victime soit un vendeur à la sauvette qui pose problème. C’est le traitement différencié des injustices selon l’identité régionale ou ethnique du citoyen. Une République digne de ce nom se doit d’être équitable dans sa mémoire, sa justice et son traitement des citoyens.
    Le peuple kabyle, toujours marginalisé, insulté, réprimé ou assimilé de force, a toutes les raisons de voir dans le traitement de cette affaire un message politique implicite : « Il y a des citoyens qui méritent réparation, et d’autres qu’on préfère oublier ».
    Et pourtant, les Kabyles n’ont jamais cessé de revendiquer leur appartenance à une nation démocratique, mais égale et respectueuse de tous ses enfants.
    Si la gendarmerie nationale veut vraiment réconcilier avec le peuple kabyle, ce n’est pas en sanctionnant un seul gendarme à Tipaza qu’elle y parviendra. C’est en reconnaissant publiquement sa responsabilité dans les crimes de 2001, en ouvrant des dossiers judiciaires, et en rendant hommage aux victimes du Printemps Noir des citoyens algériens, eux aussi ????

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