Tizi Ouzou : un incendie menace les habitations à Makouda

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Makouda
Makouda

MAKOUDA (TAMURT) – Le cauchemar des incendies a commencé en Kabylie, avant même l’entame de l’été. Un premier incendie vient d’être signalé à Makouda. Le départ du feu a eu lieu au village Thala Bouzrou, avant de se propager à d’autres villages. Les citoyens de cette localité, 20 km au nord de la ville de Tizi Ouzou, disent que les feux menacent certaines habitations.

« Le départ du feu a été signalé vers midi, hier samedi, et ne cesse de se propager.  Une centaine d’oliviers sont dévorés par les feux, plus des dizaines de caroubiers et de frênes. Pour le moment, aucune habitation n’est touchée et aucun dégât humain n’est à signaler, mais au rythme où évoluent les choses, y a de quoi s’inquiéter », nous révèle au téléphone Abderzak, un habitant du village Thala Bouzrou de la commune de Makouda.

Les services de la protection civile avec leurs moyens rudimentaires n’ont rien pu faire, selon notre interlocuteur. Les villageois et les habitants des communes voisines, les Ath Ouaguenoun, sont venus prêter assistance aux villageois qui luttent seuls contre les flammes à Makouda.

Chaque année, les feux de forêts causent des victimes en Kabylie. Curieusement, seule la Kabylie est touchée gravement par les feux de forêts et les incendies.

Idir Yatafen

1 COMMENTAIRE

  1. Notre Kabylie: seule région systématiquement ciblée
    Ce détail n’est pas anodin : seule la Kabylie est systématiquement touchée par des incendies d’une telle ampleur, année après année, et ce, alors même que le climat est similaire à d’autres régions forestières du nord algérien. Pourquoi n’assiste-t-on pas à des désastres comparables à Constantine, Médéa, Tlemcen ou les Aurès ? Pourquoi toujours la Kabylie ?
    La réponse se trouve dans l’histoire politique récente et dans le mépris affiché par les autorités algériennes envers cette région : réfractaire à la soumission, historiquement porteuse d’un projet démocratique, culturel et linguistique propre, la Kabylie dérange. Elle est donc traitée comme un « ennemi intérieur ».
    Un État absent ou complice ?
    Le témoignage d’Abderzak le confirme : aucun moyen sérieux n’a été mobilisé pour circonscrire l’incendie. Ce ne sont pas des manquements involontaires : le désengagement de l’État est structurel et volontaire. Lorsqu’un village entier lutte à mains nues contre le feu pendant que la protection civile arrive sans équipements adaptés, c’est bien plus qu’une négligence : c’est une forme de punition collective.
    L’État algérien, qui dispose pourtant de moyens considérables (avions bombardiers d’eau, drones de surveillance, moyens militaires), choisit sciemment de ne pas les déployer. Cela pose la question suivante : l’incendie n’est-il pas un outil de terreur déguisé en catastrophe naturelle ?
    Rappel : les précédents criminels
    Les incendies de 2021, ayant coûté la vie à des dizaines de citoyens, ne peuvent être oubliés. Le lynchage barbare de Djamel Bensmaïl à Larbaa Nath Irathen a servi de diversion médiatique. Pendant ce temps, aucune enquête indépendante n’a jamais déterminé les vrais responsables des incendies, ni les auteurs de l’abandon volontaire des zones sinistrées par les autorités.
    La narration officielle a évité toute référence à un sabotage organisé, mais de nombreux témoignages et rapports locaux ont évoqué la présence de départs de feu synchronisés, la nuit, dans des zones inaccessibles, et l’inaction volontaire de la gendarmerie et des pompiers dans les premières heures cruciales.
    La Kabylie se défend seule, encore et toujours
    Ce qui ressort de ce nouveau drame, c’est la résilience du peuple kabyle, qui, face au désengagement de l’État, se solidarise entre villages pour lutter contre l’étouffement par les flammes. Cela rappelle l’esprit de la thiwizi, cette entraide ancestrale qui pallie l’absence chronique de l’État central.
    Mais cette auto-organisation citoyenne a un prix : elle est criminalisée, méprisée ou infiltrée, car elle met à nu l’incapacité ou la mauvaise foi des structures étatiques.
    Conclusion : un désastre fabriqué
    L’incendie à Makouda n’est pas seulement une tragédie écologique : c’est un acte politique, dans un contexte où la Kabylie fait face à une triple marginalisation : culturelle, économique et sécuritaire.
    Il ne s’agit plus de savoir si ces incendies sont criminels, mais plutôt qui les orchestre, qui en bénéficie politiquement, et pourquoi seule la Kabylie est systématiquement ciblée.
    Souvenons-nous: un État qui laisse brûler sa propre population est un État qui a choisi la guerre contre son peuple.

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