L’Aid tamqrant en Kabylie : ce n’est plus comme avant

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La fête de l'Aid en Kabylie
La fête de l'Aid en Kabylie

KABYLIE (TAMURT) – La fête du mouton perd de plus en plus son charme d’autant, en Kabylie. Pour cette année, elle a été fêtée dans une ambiance morose. La conjoncture politique et économique en Kabylie n’est pas pour favoriser ce genre de fêtes religieuses.

« Comment fêter l’Aïd alors que nos frères sont derrière les barreaux jusqu’à la fin de leurs jours ? On ne peut pas les oublier ni les laisser », nous dira un père de famille de la localité d’Irdjen qui dit ne plus fêter l’Aïd Tamqrant depuis déjà 4 ans. En plus des 49 détenus de Larbaa Nat Irathen condamnés à la perpétuité de manière arbitraire, environ 1000 détenus politiques kabyles croupissent dans les geôles du régime colonial algérien. 

Ce matin, à la haute ville de Tizi Ouzou, elles sont nombreuses, les familles, qui ont préféré tourner le dos à l’Aïd. « J’ai les moyens de m’acheter un mouton, dieu merci, mais pratiquement tous les voisins n’ont pas les moyens. Comment voulez-vous que je me régale avec mes enfants alors que nos voisins n’ont rien ? Pour cette raison, je préfère passer l’Aïd comme mes voisins, je suis plus heureux comme ça », nous explique Rabah.

Dans les villages en Kabylie, les familles qui ne fêtent plus l’Aïd sont de plus en plus nombreuses. « Je ne suis pas musulman, ma femme aussi est peu intéressée par la religion. Donc on a décidé tout simplement de ne plus marquer cette fête. Les temps ont changé en Kabylie. Elles sont nombreuses, les familles qui pensent comme nous dans notre région d’Iwdahiyen », nous dira Ahcen, chauffeur de bus. 

Tout de même, l’Aïd a eu lieu en Kabylie. Pas question pour certaines familles pratiquantes de ne pas égorger un mouton. « C’est un devoir religieux et on est des musulmans comme nos ancêtres. Je comprends ceux qui ne veulent plus la marquer. C’est leur droit », pense un habitant de la nouvelle ville de Tizi Ouzou.

Y a aussi beaucoup de familles qui fêtent l’Aïd en Kabylie. Beaucoup plus par tradition que par obligation religieuse. « Je suis Kabyle algérois, né et grandi à Alger. On fête toujours l’Aïd, sincèrement par tradition. Je serai d’ailleurs au bistro ce soir », dit Hamid qui ne cache pas qu’il n’est pas musulman.

Idir Yatafen

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