Privé de son droit à la circulation : Coup de gueule d’un citoyen kabyle contre le régime algérien

0
3720
Droit à la circulation
Droit à la circulation

BGAYET (TAMURT) – Plusieurs citoyens kabyles sont injustement privés de leur droit à la circulation par le régime algérien. Celui-ci leur a arbitrairement imposé l’interdiction de voyager, appelée communément ‘’Interdiction de sortie du territoire national‘’ (ISTN). Exaspéré face à cet arbitraire, dont il est victime depuis 2 ans, un jeune kabyle d’Aokas, dans le département de Bgayet, dénonce « un harcèlement systématique ».

« Cela fait maintenant presque deux ans que je suis frappé d’une interdiction de sortie du territoire national (ISTN) et que mon passeport m’a été confisqué. Après mûre réflexion, j’ai décidé de saisir le procureur du tribunal de Béjaïa, responsable de cette mesure selon la notification que j’ai reçue de la police, pour demander l’annulation de cette interdiction. À ma grande stupéfaction, ma demande a été refusée sous prétexte de « la non-prise en charge de mon dossier » depuis le 30 novembre 2022. Mon dossier est donc classé en attente de nouveaux éléments de preuve, malgré la durée écoulée. Cette décision s’appuie sur l’article 36 du Code de procédure pénale », a expliqué Karim Djidjeli, qui dit être victime d’un « harcèlement systématique ».

En plus d’être privé de son droit à la circulation, ce citoyen kabyle est aussi privé de son droit de bénéficier d’un logement. « Je dénonce ici, pour la énième fois, le harcèlement systématique dont je suis victime depuis des années. Cette situation s’ajoute à une série de mesures abusives de la part des autorités, qui utilisent leur pouvoir pour nuire à mes droits. Par exemple, dans le cadre de l’attribution de logements sociaux, certains responsables locaux se sont appuyés sur cette ISTN pour me discréditer en me qualifiant de « terroriste », me privant ainsi d’un droit légitime à l’aide publique », s’est indigné ce citoyen, qui, apparemment, dérange par son soutien affiché et assumé en faveur des détenus d’opinion kabyles.

En effet, il n’hésite pas à poster sur sa page Facebook des messages de soutien aux prisonniers politiques kabyles. Une prise de position qui lui a valu une ISTN et la confiscation arbitraire de son passeport. Karim Djidjeli rejette en bloc l’accusation de « terroriste » portée à son encontre. « Comme beaucoup le savent, il n’y a aucune preuve à fournir, car il n’y a tout simplement aucune faute. Ma vie quotidienne est parfaitement transparente : je réside à Aokas, je travaille à quelques mètres de chez moi, et je n’ai même pas le temps pour mes loisirs. Ce procès est, selon moi, de nature politique. J’ai dépassé toutes les échéances légales pour obtenir la levée de cette interdiction. Soit, vous engagez une procédure judiciaire sur la base de ce dossier vide, soit vous me restituez mon passeport et mon droit fondamental à circuler librement. Je ne suis pas un terroriste, et je ne le serai jamais », a écrit ce jeune kabyle de 34 ans, visiblement révolté contre cet arbitraire.

A noter que le parquet du tribunal de Béjaïa a émis une ISTN à l’encontre de Karim Djidjeli, le 30 novembre 2022. Cette mesure a été renouvelée le 1er mars 2023 pour une durée de trois mois, laquelle a pris fin le 1er juin 2023. « Depuis cette date, je n’ai reçu aucune convocation ni poursuite dans quelque affaire que ce soit, en rapport avec cette interdiction. Conformément à l’article 36 bis 1 du Code de procédure pénale, l’ISTN est valable pour une durée de trois mois, renouvelable une seule fois. Ce délai est aujourd’hui largement dépassé. Aucune justification légale ne subsiste pour prolonger cette mesure, qui constitue une atteinte flagrante à ma liberté de circulation, garantie par la Constitution », a souligné ce jeune d’Aokas, qui ne demande tout simplement que « l’annulation immédiate de cette interdiction » et la restitution de son document de voyage.

Tout en dénonçant ces graves violations du droit international à la libre circulation par le régime algérien, l’Union pour la République Kabyle estime, à travers son porte-parole Lyazid Abid, que ces pratiques constituent « une tactique répressive inventée et utilisée par le régime algérien pour faire pression sur les kabyles activant dans les domaines de la culture, de la musique et de la politique ».

Arezki Massi

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici