Alors que le régime algérien prépare un passage en force : Graves révélations sur le projet minier de Tala Hamza – Amizour

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Promenade de sensibilisation sur le site de la mine
Promenade de sensibilisation sur le site de la mine

VGAYET (TAMURT) – Etude d’impact légère pour un projet d’envergure, soupçons de corruption, atteintes à l’environnement et massacre écologique en vue, menace évidente sur la santé publique, voire une destruction totale de toute une région, ce sont-là de graves révélations faites par Si Ahmed Sidi Menad, climatologue, le Dr Kamel Aissat et le militant associatif Saadi Sough sur les retombées du projet de mine de plomb et de zinc de Tala Hamza et d’Amizour dont l’exploitation prévue en 2024 a été confiée par le régime algérien à des sociétés chinoises avides de gains, qui se cachent derrière l’entreprise écran australienne Théramin.

La chaine ALTERNATV a consacré, le 20 mai dernier, une émission spéciale sur la mobilisation des habitants de Vgayet contre la mise en exploitation du gisement de plomb et de zinc, situé entre les communes Tala Hamza et Amizour. Les trois invités ont fait des révélations d’une extrême gravité sur ce projet que le régime algérien tente d’imposer par la manipulation, la ruse et le mensonge, malgré les avertissements et les mises en garde de la population locale et de la société civile, encadrés par des experts locaux.

Le premier problème soulevé par l’enseignant universitaire Kamal Aissat, qui lui-même habite à Amizour, réside dans la qualité de l’étude d’impact réalisée autour de ce projet. « Nous avons demandé une copie à l’Assemblée (APC), mais elle a refusé. Elle nous a laissés consulter le document un moment. Très rapidement, nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas une étude d’impact, qui répond à un cahier des charges et d’autres aspects. Il y a une légèreté inimaginable dans cette étude. Si on rend public l’étude, on va dire qu’il y a quelque chose qui ne vas pas. On a deux documents de 200 pages et une conclusion de cinq lignes qui disent essentiellement que WMZ (l’entreprise) avait les capacités technologiques pour éviter tout danger. Mais, à aucun moment, on nous parle des techniques de filtrations, on aborde la question géologique et des risques sismologiques, du climat et les rivières d’acide, etc.

C’est une étude tellement légère qu’il n’est pas évident de l’appeler une étude d’impact », a révélé ce maître de conférences à la Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie et Laboratoire Ecologie Microbienne à l’université de Bejaia. Également militant associatif et politique au sein du parti socialiste des travailleurs (PST), Kamel Aissat dénonce la volonté du régime algérien d’imposer ce projet aux conséquences désastreuses irréversibles. « La population a signé majoritairement une pétition pour refuser l’enquête commodo et incommodo. Nous avons été surpris par la relance du projet par le Conseil des ministres (gouvernement algérien). Il y a une volonté de passer en force avec la même étude malgré les réserves formulées par des citoyens et des experts. On dirait qu’il s’agit d’un projet d’utilité publique et non de mine », a fustigé l’enseignant universitaire. Celui-ci déplore le fait que les autorités algériennes s’en foutent royalement des retombées catastrophiques sur la région dans les domaines sanitaire, écologique et agricole, sachant que les communs de Tala Hamza et d’Amizour comptent respectivement 15 000 et 45 000 habitants, soit 60 000 âmes au total.

En outre, ce militant politique s’insurge contre le recours des pouvoirs algériens au mensonge. « Dans la présentation du projet, ils disent (responsables algériens) que les élus, les P/APC et la population ont accepté le projet, alors qu’il n’y a jamais eu de consultations », a-t-il souligné.

Théramin ou « la compagnie fantôme »

Abondant dans le même sens, Si Ahmed Sidi Menad, climatologue et docteur en physique de l’atmosphère, a affirmé que ce que les autorités algériennes présentent comme étant « une étude d’impact » n’est en réalité qu’une « notice d’impact sur l’environnement qui est loin de répondre aux exigences de la loi et du décret d’application portant étude d’impact sur l’environnement ». Originaire de Vgayet, ce scientifique a occupé le poste de Directeur des conventions globales sur l’environnement à l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI – Vienne en Autriche). Pour lui, ce genre de projet d’envergure doivent bénéficier d’une étude d’impact la plus étendue possible.

En effet, une étude d’impact élaborée doit comprendre l’évaluation des impacts qui sont prévisibles, directs ou indirects, à court, moyen et long terme (…) notamment sur l’environnement, l’air, l’eau, le sol, le milieu biologique, la santé des populations, etc. Une étude la plus complète possible doit aussi inclure un plan de gestion de l’environnement. En outre, le promoteur du projet, dans ce cas-là l’entreprise australienne Théramin doit, selon Si Ahmed Sidi Menad, proposer un plan de gestion de l’environnement et prévoir quelles sont les mesures d’atténuation et de compensation environnementale. Toutefois, tous ces éléments sont absents dans l’étude que disposent actuellement les autorités algériennes. Mais, ce qui choque le plus, selon cet ancien sous-directeur des études de l’environnement chargé des pollutions et nuisances industrielles et des études d’impact de l’environnement dans l’administration algérienne, et corédacteur de la 1e loi sur la protection de l’environnement en Algérie (1990), c’est le choix de l’entreprise australienne Théramin. « J’ai saisi des amis en Australie qui sont dans l’environnement. J’ai reçu très vite une réponse qui est très choquante et qui dit la chose suivante : l’entreprise Théramin est très peu connue en Australie. Il y a de grands groupes miniers australiens, car l’Australie est connue pour ses groupes miniers gigantesques. Théramin est une compagnie qui existe depuis quelques années déjà, qui n’a jamais fait de bénéfice de sa vie, et qui a une action cotée à 0,05 dollars australiens. C’est vous dire que l’action de Théramin ne vaut pratiquement rien (…) car ils n’ont pas une activité minière à proprement parler connue et reconnue », a-t-il expliqué.

Lorsque l’amie de Si Ahmed Sidi Menad a cherché à comprendre pourquoi l’Algérie a opté pour cette entreprise, elle a compris que c’est un groupe chinois qui cache derrière cette entreprise australienne. En plus, ce groupe n’est même pas spécialisé dans tout ce qui est exploration minière, mais dans l’exportation du minerai. « Ce qui les intéresse c’est d’obtenir le minerai. Ce n’est même pas un investisseur, mais une entreprise qui est là pour profiter d’un minerai qui serait disponible. Ce groupe est disposé à donner des garanties financières que ne dispose pas Théramin », a souligné Si Ahmed Sidi Menad, tout en précisant que Théramin « ne possède aucune garantie financière pour assurer la gestion de l’environnement, la sécurité du site, risque sismique ». Autrement dit, il s’agit, selon ce scientifique, « d’une entreprise « fantôme, qui a un nombre très restreint de staff, car elle n’exploite pas au jour d’aujourd’hui ce type de mines ». Si Ahmed Sidi Menad a informé par ailleurs que son amie australienne s’apprête à saisir le gouvernement de son pays. « Elle compte écrire au bureau du 1er Ministre pour savoir s’il n’y a pas un problème de corruption au niveau de Théramin avec nos bons amis algériens et certainement les chinois. C’est quelque chose d’éminemment grave qui pourrait être d’emblée un grand scandale », a-t-il affirmé.

Pour sa part, le militant associatif Saadi Sough a mis en exergue les conséquences désastreuses qu’une éventuelle exploitation de la mine provoquerait. Il a aussi démasqué la manipulation des autorités algériennes, qui veulent berner la population locale en lui promettant du travail. Il a également dénoncé le groupe chinois qui se cache derrière l’entreprise écran australienne Théramin, qui ne vaut en réalité rien.

L’ONU, l’UNESCO et plusieurs ONG saisies

Devant la volonté du passage en force affiché par le régime algérien, ce climatologue d’origine kabyle, qui vit actuellement à l’étranger, a déclaré avoir saisi plusieurs instances et ONG internationales. « J’ai saisi l’UNESCO puisque j’ai une amie qui est directrice générale adjointe de l’UNESCO à Paris pour l’informer. J’ai (aussi) saisi le programme des Nations Unies pour l’environnement, qui est à Nairobi où je compte beaucoup d’amis. Moi-même je fais partie de ce programme », a-t-il averti, tout en soulignant qu’il a également saisi Greenpeace.

A noter que les habitants de Tala Hamza et d’Amizour se mobilisent depuis plusieurs mois déjà pour rejeter ce projet d’une durée de vie de 20 ans seulement, alors qu’il risque de détruire à jamais toute cette région. « Une mine qui a une durée de vie inférieure à vingt ans ne peut en aucune façon être qualifiée ‘’d’utilité publique » comme voudrait le faire croire l’administration, comme pourrait l’être la construction d’un CHU ou de l’autoroute dont la pénétrante traversant la wilaya de Bejaia ; elle détruira au contraire l’environnement d’une manière irrémédiable et définitive pour les siècles à venir ; tout ce qui est contraire à une économie basée et développée sur la notion de développement durable soucieuse de l’environnement pour les générations futures », ont soutenu les représentants du mouvement associatif des communes de Tala Hamza et d’Amizour dans une déclaration.

Lyes B.

2 Commentaires

  1. Ce n’est un secret pour personne. L’Algerie veut à tout prix detruire et vider la kabylie de ses populations. 60 ans d’arabisation acharnée n’y sont pas parvenu, alors elle sort la rosse artillerie: polluer l’onvironnement du pays kabyle pour le rendre invivable.

  2. La résistance doit être un principe et un devoir de la population contre cette mafia au pouvoir dont la seule politique est de détruire cette belle région pour des raisons purement mercantiles .

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