ALGER (TAMURT) – Placé en détention depuis le 15 novembre 2023 à la prison de Koléa, l’état de santé de Mohand Taferka, de son vrai nom Mohand Akli Berrache, ne cesse de se détériorer. Agé de 75 ans et atteint de plusieurs maladies chroniques, ce défenseur de la culture kabyle a été condamné par la justice algérienne, le 25 juin dernier, à deux ans de prison ferme.
Me Alili Yamina, exerçant au barreau de Tizi Wezzu, vient de tirer à nouveau la sonnette d’alarme sur l’état de santé du détenu kabyle Mohand Akli Berrache. Elle lui a dernièrement rendu visite à la prison de Koléa, où il a été placé sous mandat dépôt depuis maintenant presque un an. « Ses jambes ne supportent plus son poids très léger, ce qui montre une détérioration de sa condition physique. (…) Il utilise un fauteuil roulant pour se déplacer, une situation qui souligne la gravité de son état physique », s’est inquiétée l’avocate Alili Yamina dans une déclaration sur sa page Facebook. Celle-ci déplore que rien n’a été fait par l’administration pénitentiaire et la justice algérienne face à sa demande de prise en charge médicale du détenu kabyle. « Lors de ma première visite en décembre 2023, j’avais déjà exprimé mes inquiétudes sur son état de santé, étant donné son âge avancé de 74 ans et plusieurs maladies chroniques. Dix mois plus tard, il est évident que sa santé a continué à se dégrader, et cela en dépit des alertes précédentes. Da Mohand a besoin de soins particuliers adaptés à sa condition. Il est crucial de souligner que les moyens médicaux au sein de l’établissement pénitentiaire sont limités et ne suffisent pas à répondre à ses besoins actuels », a-t-elle déploré, tout en clamant l’innocence de son client : « Il est clair que la place de Da Mohand Taferka ne devrait pas être en prison », a souligné Me Alili Yamina.
Par conséquent, cette avocate demande à ce que la situation de Mohand Taferka soit « reconsidérée » afin « de lui garantir des soins adéquats et une prise en charge respectueuse de ses droits humains ». Pour rappel, cet ancien animateur de Berbère Télévision est poursuivi sur la base de l’article 87 bis du code pénal algérien pour ses liens présumés avec le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie. Le régime colonial algérien a arbitrairement classé le MAK comme organisation terroriste en mai 2021. Mohand Taferka, figure de proue de la diaspora kabyle en France, a été arrêté le 27 avril 2023 par la police algérienne aux frontières (PAF), alors qu’il s’apprêtait à embarquer vers Marseille via le port d’Alger. Il a été ensuite conduit au commissariat de Saoula (Alger) chargé de la lutte contre le crime organisé et transnational, où il a été soumis à un long interrogatoire. Bien qu’il soit relâché, Mohand Taferka ne pouvait pas voyager à cause d’une interdiction de sortie du territoire national (ISTN).
Après plusieurs mois d’attente, il a été auditionné par un juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed le 15 novembre 2023, lequel juge avait ordonné son placement sous mandat de dépôt à la prison de Koléa, où il croupit jusqu’à présent.
Lyes B.