Archives quotidiennes: Oct 3, 2010

Retour sur le printemps berbère : Que s’est-il passé dans la nuit du 19 avril 1980 ?

REVUE DE PRESSE (Tamurt) - Dans un livre intitulé Avril 80 coordonné par Arezki Aït Larbi, Tari Aziz qui donne son témoignage des événements écrit : «Le 19 avril au soir, le Comité qui dirige le mouvement tient sa réunion quotidienne. Avec, à notre surprise, quelques absents de taille, notamment Hend Saadi, la voix du FFS qui n’a jamais raté une réunion. Les étudiants sont tous présents, donnant ainsi plus de poids à la réunion. Idir Ahmed Zaïd prend la parole pour nous transmettre le message du wali, qui, bien sûr, n’y est pour rien. L’ultimatum ne nous laisse aucun choix : signer immédiatement une déclaration affirmant que nous arrêtons le mouvement, sinon l’intervention aura lieu dans quelques heures ! Nous nous regardons, Gérard, Djamel et moi en hochant la tête pour signifier une fin de non-recevoir. Une autre surprise nous a coupé le souffle, nous laissant sans voix : le groupe du PRS annonce son retrait du mouvement et la fin de son engagement avec nous. Ce qui reste du FFS est partagé entre la poursuite et l’arrêt de la contestation, révélant un manque de concertation sur la stratégie à suivre, ou de profondes divergences […]. Je souhaite une bonne nuit à tout le monde, et sans tarder, je me dirige vers la chambre prévue pour la nuit, sans dire un mot sur le lieu, ni le pavillon. Pour d’évidentes raisons de sécurité, je ne dors jamais dans la même chambre deux nuits d’affilée. L’absence de Hend Saadi torture mon esprit. N’ayant pas de ses nouvelles, je le croyais arrêté. Nous apprendrons bien plus tard que, le jour même de l’intervention des forces de répression, il avait pris l’avion pour Paris. Puis, cette défection inattendue des militants du PRS qui ont décidé, même pas d’une reprise des cours, une position qui aurait été respectable, mais leur retrait du mouvement. Pour nous, cette trahison de dernière minute est un choc. Plus tard, nous apprendrons que leur patron, Mohamed Boudiaf, avait négocié avec le pouvoir une porte de sortie pour ses militants. Je suis en colère. Ces coups dans le dos, ces opérations, ces calculs qui pourrissent l’atmosphère m’ont rendu amer.»
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