Farid Bouchama à la 42e édition des journées internationales de Corte : « Il y aura un grand destin pour la Kabylie future »

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La Kabylie à Corte
La Kabylie à Corte

CORSE (TAMURT) – La Kabylie était présente à la 42e édition des journées internationales de Corte, qui se sont déroulées les 03 et 04 août, en Corse. Elle a été officiellement représentée par le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie à travers ses cadres Farid Bouchama et Dyhia Tilleli.

Lors de sa prise de parole, Farid Bouchama a d’emblée annoncé, en évoquant l’engagement et la détermination de la jeune cadre du MAK Dyhia, qu’il a accompagné à cet évènement, ce message qui sonne comme une prophétie : « Il y aura un grand destin pour la Kabylie future ». Pourquoi une telle forte affirmation ? Tout simplement, parce que la force de la Kabylie réside dans sa jeunesse déterminée à en finir avec le joug colonial de l’Algérie.

« La Kabylie a la chance d’avoir cette jeunesse fervente qui a pour seule arme sa conviction, l’amour de sa patrie », a-t-il déclaré. Cette jeunesse kabyle fait face à un régime algérien aux abois, qui se livre à la manipulation et à une propagande nauséabonde. « Vous savez en Algérie, aujourd’hui, et vous connaissez la manipulation des médias, (…) on présente les militants kabyles comme des terroristes. (…) C’est quand même pénible le niveau de moralité politique de l’Algérie. Il est tellement médiocre mes amis. Cela s’appelle le fascisme. On nous accuse de terroristes alors que c’est lui (le régime algérien, NDLR) qui est un Etat terroriste, qui tue et qui terrorise », s’est indigné Farid Bouchama, réalisateur du film documentaire Histoires des Berbères.

Cet infatigable militant indépendantiste est revenu dans son intervention sur l’histoire millénaire du peuple kabyle, qui fait partie de la grande famille des peuples berbères. « Nous aimons notre patrie et identité millénaire que nous avons hérité depuis Massinissa, Jugurtha, Hérodote (s’il vous plait !), depuis les grands empires de la méditerranée, depuis les romains et les phéniciens. Nous sommes issus d’un grand peuple des berbères qui ont côtoyé de grandes civilisations. Nous sommes les continuateurs de cette civilisation.

Aujourd’hui, la Kabylie veut tout simplement affirmer sa liberté et son droit d’exister parmi les nations. Voilà notre message », a indiqué Farid Bouchama, tout en précisant que c’est pour cela que « le pouvoir d’Alger qui est une dictature nous taxe de séparatistes et de terroristes ».
« La Kabylie, c’est des valeurs »
« C’est quoi la Kabylie ? » s’est interrogé Farid Bouchama, avant d’y répondre : « C’est des valeurs. C’est un patrimoine historique et une mémoire historique. Avant tout, c’est des valeurs », a-t-il insisté, en parlant du projet de société de la Kabylie. « Parmi nos valeurs : la laïcité », a-t-il souligné, tout en expliquant qu’elle était toujours un vécu en Kabylie. « La laïcité n’est pas une révolution en Kabylie comme c’est connu en France, où elle est le résultat d’une révolution », a-t-il expliqué.

En effet, l’église catholique avait la suprématie en France avant les siècles des lumières. C’est suite à « un processus révolutionnaire » que la laïcité y a été instaurée. « Pourquoi je fais ce parallèle. En Kabylie, la laïcité est un vécu. Les villages kabyles sont des organisations comme des mini républiques, comme le dit très bien notre président Ferhat Mehenni. Il y a un vécu démocratique dans l’organisation sociale des villages kabyles, qui respecte le droit et la liberté de culte. Ça se passe avant le moyen âge, depuis les temps phéniciens. Avant les romains même et jusqu’à aujourd’hui. Chacun a le droit de croire ou de ne pas croire », a déclaré Farid Bouchama, qui fait le contraste avec l’Algérie. « Imaginez maintenant le contraste avec un pouvoir d’Alger qui a fait de l’Islam la religion d’Etat. Quand on décrète une religion d’Etat, c’est du fascisme. Tu imposes une religion contre une autre. Moi-même je suis chrétien et je suis interdit de cité en Algérie. Puisque je ne suis pas musulman, donc je ne suis pas algérien. Entre nous mes amis, je n’ai rien perdu », dira Farid avec l’humour qu’on lui connait.

L’autre valeur chère à la Kabylie, ajoute ce cadre du MAK, est la démocratie, qui implique l’égalité totale entre homme et femme. « Nous avons dans notre histoire une reine berbère qui a affronté l’invasion arabo-islamique au 7e siècle. Elle s’appelait Dyhia. C’était une reine. La Kabylie a perdu son indépendance en 1857 et au rendez-vous de l’histoire, une autre reine. C’est Fadhma n’Soumer. Une femme général des armées de la Kabylie, qui a affronté le fameux maréchal Rondon », a rappelé Farid B. pour expliquer la place de leader qu’occupe la femme dans la société kabyle.

A noter que la Kabylie prend part aux « Ghjurnate internaziunale di Corti » depuis 2009. Il s’agit d’un rendez-vous annuel majeur, qui réunit des organisations indépendantistes et autonomistes du monde entier durant deux journées de contributions politiques, d’échanges, de débats et de solidarité. En plus de la Kabylie, plusieurs autres nations sans Etat ont répondu à l’invitation de la Corse, en l’occurrence la Catalogne, Pays Basque, Ecosse, Pays de Galles, Kanaky, Polynésie, Guyane, Sardaigne, Martinique, Bretagne, Haut-Karabagh et Kurdistan.

Aksil K.

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