ALGER (TAMURT) – Une dissidence écrasée, espace civique verrouillé, voix critiques réprimées et liberté d’expression restreinte sont, entre autres, les quelques violations aux droits humains dénoncées par l’ONG Human Rights Watch dans son rapport 2025 sur l’Algérie, rendu public dernièrement. Certaines de ces violations ont été commises par le régime algérien en Kabylie.
L’ONG HRW a rappelé dans son rapport que le président algérien Abdelmadjid Tebboune « a été réélu pour un second mandat en septembre dans un climat de répression et de musellement des médias, et en l’absence d’un véritable débat politique ». Les rédacteurs de ce rapport ont dressé un tableau des plus sombres sur la situation des droits de l’homme en Algérie. « Les autorités algériennes ont continué d’écraser la dissidence et de verrouiller l’espace civique en réprimant les voix critiques et en restreignant les libertés d’expression, de la presse, d’association, de réunion et de mouvement », s’est-on indigné. Parmi les violations aux droits humais énumérées par HRW plusieurs ont été commises en Kabylie. Le rapport de cette ONG rappelle que le 29 juin 2024, « les forces de sécurité ont fait irruption dans une librairie de Béjaïa, lors de la présentation d’un livre, l’empêchant d’avoir lieu ». L’évènement empêché était la présentation du livre « Kabylie en partage » par son auteure Dominique Martre, à la librairie Gouraya de Vgayet. Le propriétaire de KOUKOU éditions, Arezki Ait-Larbi, organisateur de l’évènement, avait dénoncé à l’époque un « statut particulier dans la répression » auquel la Kabylie est soumise.
Le même rapport relève également que le 10 juillet 2024, l’avocat et défenseur des droits humains, Sofiane Ouali, « a été arrêté après avoir organisé un sit-in devant le tribunal de Béjaïa pour protester contre la détention arbitraire de sa cliente, l’activiste politique Mira Moknache ». Me Ouali, exerçant au barreau de Bejaia, « a été mis en liberté provisoire le 18 juillet mais il fait l’objet de poursuites au pénal basées sur des chefs d’accusation relatifs au terrorisme », a indiqué HRW. En outre, le 20 août de la même année, les forces de sécurité algériennes, affirme le rapport de HRW, « ont empêché de nombreuses personnes qui s’étaient rendues au village d’Ifri Ouzellaguen pour la commémoration d’un épisode historique de la guerre d’indépendance algérienne d’accéder au site ». Par ailleurs, les autorités algériennes, déplore-t-on, « ont élargi une définition déjà très large du terrorisme en juin 2021 et établi une liste d’entités et d’individus « terroristes » ».
En effet, le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie a été arbitrairement classé, dès le 19 mai 2021, comme « organisation terroriste », sur la base de l’article 87 bis du code pénal algérien. Depuis, le régime algérien a accru son « recours à des chefs d’inculpation relatifs au terrorisme pour étouffer la dissidence pacifique ». Des dizaines de militants indépendantistes kabyles ont été injustement poursuivis et condamnés pour « terrorisme » en vertu de cet arsenal juridique inique. Même l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal n’a pas échappé à l’accusation de terrorisme. « Le 16 novembre, les forces de sécurité ont arrêté l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à l’aéroport d’Alger. Par la suite, les autorités l’ont poursuivi sur la base d’accusations liées au terrorisme », note le rapport de HRW.
Lyes B.