MAROC (TAMURT) – De graves accusations sont portées contre des policiers marocains. Des Harraga interceptés par des services de sécurité marocains ont contacté notre rédaction pour nous raconter leur enfer vécu dans des commissariats marocains.
Ils sont nombreux les Kabyles qui se rendent dans les régions du Rif au nord du Maroc pour rallier les côtes espagnoles, via les réseaux dits « Harraga ». C’est moins cher et moins risqué pour eux de rallier l’Espagne par le Maroc qu’à partir de l’Algérie. Le hic, c’est lorsque les jeunes Harraga tombent entre les mains des policiers marocains.
Un des jeunes kabyles a fait les frais de ce risque. « On a été arrêté pas loin de la ville de Nador, une heure seulement avant le départ prévu vers l’Espagne. On a vécu l’enfer pendant deux mois dans les geôles marocaines. On a été torturé au quotidien. Personne n’est épargnée, kabyles, algériens, marocains, Maliens … Certains ont subi même des services sexuels. On a été privés d’eau, de nourriture, et même de sommeil. Moi-même, des policiers ont uriné sur mon corps, alors que j’étais ligoté, à trois reprises », raconte, Lyes, un Kabyle et Bordj Menail qui a vécu la torture dans des commissariats au Maroc, notamment à la ville de Nador, dont le seul tort était de vouloir traverser la Méditerranée pour rallier les pays européens.
Notre interlocuteur raconte que la torture des Harraga est une monnaie courante des services de sécurité marocains, surtout contre les Harraga. « Un de mes compagnons, un jeune Algérois mineur, a perdu la raison au bout de trois jours de torture. Notre mésaventure a duré un peu plus de deux mois. Plus jamais je vais tenter l’expérience °harraga°. Ni par le Maroc ni par l’Algérie », nous déclara avec mélancolie le jeune Lyes, lui aussi traumatisé pour ce qu’il a vécu l’été dernier au Maroc. » J’ai contacté des ONG à qui j’ai remis des photos et dossiers médicaux des victimes avec qui je suis toujours en contact. On compte déposer une plainte en Europe contre les policiers marocains pour torture.
Idir Yatafen