TIZI WEZZU (TAMURT) – Le tribunal de première instance d’Azazga, dans le département de Tizi Wezzu, a condamné, ce dimanche 18 août, le professeur de danse kabyle Assalas, de son vrai nom Omar Ait Yahia, à 18 mois de prison ferme. Il est poursuivi pour appartenance au Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie, arbitrairement classé comme « organisation terroriste » par le régime algérien.
Arrêté au mois d’avril dernier à l’aéroport Houari Boumediene d’Alger, le célèbre prof de danse kabyle, connu notamment sous le pseudonyme Assalas, a été transféré à Tizi Wezzu et présenté devant le parquet avant de comparaitre le même jour devant le juge d’instruction. Celui-ci avait ordonné son placement en détention préventive à la prison de Tizi Wezzu, le 21 avril 2024. En plus d’être professeur de danse, Assalas est membre actif dans plusieurs associations culturelles en France, où il réside. Le régime algérien l’accuse d’appartenance au Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie, injustement classé par le même régime comme « organisation terroriste », le 21 mai 2021. Une classification non reconnue par les instances internationales et contestée par les Etats-Unis d’Amérique. Lors de son dernier examen périodique universel (EPU), effectué en novembre 2022, plusieurs pays membres du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ont exprimé leurs vives inquiétudes quant à la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie.
L’article controversé 87 bis incriminant l’acte politique, le recours à la détention abusive, la torture pendant la garde à vue sont autant de violations des droits humains en Algérie dénoncées par des délégations de pays membres du CDH, à cette 41e édition de l’EPU. La porte-parole de la délégation des Etats-Unis d’Amérique a particulièrement demandé l’abrogation de l’article 87 bis du code pénal algérien.
En effet, cet arsenal juridique a été spécialement promulgué par la junte militaire pour justifier sa répression contre les militants indépendantistes kabyles, qu’elle qualifie injustement de terroristes pour avoir exprimé le droit du peuple kabyle à l’autodétermination. « Nous recommandons que l’Algérie abroge les amendements de l’article 87 bis du code pénal qui contient une définition excessivement vaste du terrorisme, qu’elle libère les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme, détenus en vertu de cette disposition, qu’elle cesse le harcèlement et les poursuites des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme (…) », avait recommandé la délégation des USA au CDH de l’ONU. Deux ans après, cet article controversé est toujours instrumentalisé par la justice algérienne pour arrêter et emprisonner des militants kabyles pacifiques.
Arezki Massi