ALGER (TAMURT) – C’est vers 3 heures du matin que le juge du tribunal criminel de première instance de Dar El Beida a prononcé le verdict inique contre les trois militants kabyles Kamira Nait Sid, Slimane Bouhafs et Bouaziz Ait Chebib. La coprésidente du CMA a été lourdement condamnée à 5 ans de prison ferme. Les deux autres militants kabyles écopent chacun de 3 ans de prison ferme. C’est avec dignité que ces citoyens kabyles, arrêtés et emprisonnés pour délit de kabylité, ainsi que pour leurs convictions politiques, et religieuses pour Bouhafs, de confession chrétienne, ont accueilli ce verdict injuste. « Alléluia », a crié à trois reprises Bouhafs, réaffirmant et assumant publiquement sa foi en Jésus-Christ. Pour Kamira, la digne héritière de Lalla Fadhma n’Soumer, elle demande aux siens de ne pas pleurer : « J’ai pris 5 ans, Mandela en a pris 27 ans », a-t-elle tenté de consoler sa mère Nna Nouara, en pleurs à l’annonce du verdict, et qui a tenu à être présente à ce procès de la honte.
De lourdes peines ont été infligées aux militants kabyles Slimane Bouhafs, Bouaziz Ait Chebib et Kamira Nait Sid dont le procès s’est ouvert, jeudi 15 décembre, au tribunal criminel de première instance de Dar El Beida (Alger). Ils ont été poursuivis pour « terrorisme » sur la base de l’article 87 bis du code pénal algérien, alors qu’ils n’aint commis aucun acte terroriste ou répréhensible. D’ailleurs, aucune preuve n’a été apportée par le tribunal et le parquet pour les incriminer. Ils étaient tout simplement jugés pour leurs convictions politiques et religieuses, notamment pour Bouhafs, un chrétien kabyle. Pour rappel, Kamira er Bouhafs ont été arrêtés dans des conditions obscures. La coprésidente du Congrès Mondial Amazigh (CMA) a été kidnappée par les services secrets algériens à Draa Ben Kheda (Tizi Wezzu) et conduite discrètement à Alger. C’est seulement après cinq jours que sa famille a eu des nouvelles d’elle, après sa présentation devant le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed.
Pour sa part, Bouhafs, qui vivait sous le statut de réfugié politique en Tunisie, a été kidnappé et conduit par la force en Algérie. Devant le juge du tribunal de Dar El Beida, il raconte comment il a été enlevé par la violence, torturé et humilié par ses ravisseurs, avant de se retrouver dans la caserne Antar, à Ben Aknoun (Alger). Bien sûr, ni le parquet ni le juge n’ont pris en considération ces détails, qui montrent la gravité des pratiques autoritaires du régime algérien, agissant en violation flagrante des droits humains les plus élémentaires. Le parquet avait requis au terme d’un réquisitoire surréaliste et truffés de fausses accusations 10 ans de réclusion criminelle. Le collectif des avocats a exprimé leur colère face au verdict inique rendu par la justice algérienne aux ordres de la junte militaire à l’encontre des trois militants kabyles. Bien que les experts du Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, qui ont examiné le cas de Kamira Nait Sid, aient déclaré le 1/04/2022 que « la coprésidente du CMA est une défenseure des droits de son peuple, que l’accusation de terrorisme contre elle est dénuée de tout fondement juridique et qu’elle est en situation de détention arbitraire », le tribunal criminel de Dar El Beida l’a condamnée à 5 ans de prison ferme.
Dans une lettre adressée au gouvernement algérien, l’ONU avait demandé la libération immédiate de Kamira Nait Sid et la réparation des préjudices qu’elle a subis. Son cas n’est pas différent des autres militants politiques kabyles, qui subissent l’arbitraire d’un régime autoritaire et d’une justice aux ordres. A noter que ces trois militants croupissent déjà depuis plus d’un an dans les geôles algériennes.
Lyes B.