Exploitation de la mine Tala Hamza : Le coup de force du régime algérien contre un droit fondamental du peuple autochtone kabyle se confirme

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Gisement minier de Tala Hamza, Bgayet
Gisement minier de Tala Hamza, Bgayet

VGAYET (TAMURT) – C’est officiel. Une usine de transformation du zinc extrait de la mine de Tala Hamza sera construite au niveau de la zone industrielle El-Kseur-Fenaïa, dans le département de Vgayet. Ce dimanche 28 avril, le P-DG de Teramin et la directrice de la société mixe algéro-australienne Western Mediterranean Zinc (WMZ), qui exploitera le minerai, ont été accueillis par le wali de Vgayet et ont visité l’endroit où cette usine sera montée. Ainsi donc, le coup de force du régime algérien contre le droit fondamental du peuple autochtone kabyle se confirme.

Décidément, le régime algérien semble faire fi de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples Autochtones. Alors que l’Article 32 de ladite Déclaration stipule que « les peuples autochtones ont le droit de définir et d’établir des priorités et des stratégies pour la mise en valeur et l’utilisation de leurs terres ou territoires et autres ressources », le gouvernement algérien a décidé de franchir une autre étape dans la violation de ce droit.  En effet, l’attribution d’une assiette foncière à WMZ pour la construction d’une usine, à El-Kseur, en vue de la transformation du zinc extrait de la mine de Tala Hamza confirme la volonté du régime algérien d’exploiter les richesses de la Kabylie sans le consentement du peuple kabyle. Pourtant, le même article 32 oblige les Etats à « consulter et coopérer de bonne foi » avec les peuples autochtones concernés « par l’intermédiaire de leurs propres institutions représentatives, en vue d’obtenir leur consentement, donné librement et en connaissance de cause, avant l’approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres ou territoires et autres ressources, notamment en ce qui concerne la mise en valeur, l’utilisation ou l’exploitation des ressources minérales, hydriques ou autres. 

l’administration algérienne coloniale a ignoré la voix des habitants des régions concernées, à savoir Tala Hamza et Amizour, lesquels ont exprimé via des associations locales leur opposition à un tel projet à cause des conséquences désastreuses qu’il est susceptible de provoquer. Pire, le professeur en microbiologie et militant politique kabyle Kamel Aissat, qui a dénoncé la violation par l’Etat algérien de la convention Ramsar, qui protège les zones humides, situées à proximité de la mine Tala Hamza, a été arrêté et poursuivi en justice pour « atteinte à l’unité nationale ». Pourtant, la vallée de la Soummam, qui traverse les communes d’Amizour et Tala Hamza, a été classée en 2009 zone humide. Elle renferme effectivement une nappe phréatique d’importance internationale. Son procès en appel est programmé pour le 05 mai prochain. Le parquet a requis 15 mois de prison et 100 000 DZD d’amende. En outre, l’Article 32 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones exigent aux États la nécessité de « mettre en place des mécanismes efficaces visant à assurer une réparation juste et équitable pour toute activité de cette nature, et des mesures adéquates sont prises pour en atténuer les effets néfastes sur les plans environnemental, économique, social, culturel ou spirituel. » 

Toutefois, et c’est ce que le professeur Kamel Aissat et le climatologue kabyle et expert onusien Sidi Menad Si Ahmed reprochent au régime algérien, une étude d’impact de ce projet digne de ce nom est inexistante. Cela renseigne sur le degré de négligence et l’insouciance des promoteurs de ce projet. L’absence de garanties environnementales a été ouvertement dénoncée par ces deux professeurs kabyles. Pour rappel, l’entrée en phase de production du gisement de zinc et plomb d’Amizour a été annoncée par le gouvernement algérien pour 2026. Le potentiel minier exploitable de ce projet est estimé à 34 millions de tonnes pour une production annuelle de 170.000 t de concentré de zinc, selon les responsables de la joint-venture algéro-australienne chargée de l’exploitation du minerai.

Lyes B.

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