CONTRIBUTION (Tamurt) – Ce qui nous amène à donner l’essentiel des définitions et concepts de l’autonomie de manière universelle. En général, l’autonomie se définit comme le clivage opposant le centre à la périphérie. Elle est la traduction politique de la résistance de la périphérie au centralisme de l’État-nation. Son projet est de médiatiser la volonté politique d’une société locale incluse dans la communauté stato-nationale dont elle se sent différente.
En pratique, il existe plusieurs profils pour l autonomie qui se caractérisent par leur attitude par rapport aux relations à entretenir entre le centre (pouvoir central) et la périphérie (pouvoir local )
Les uns partagent avec leurs adversaires centralistes le discours nationaliste alors que d’autres récusent le discours nationaliste voire même l’État-nation. Et la genèse des deux types de concepts se trouve dans la relation entre l’état et la société.
La Kabylie dans l’État-nation
Après la définition des concepts universels de l’autonomie, la réflexion doit être portée sur l’adaptation de la Kabylie dans son contexte actuel à un des concepts de l’autonomie.
Mais avant d’adopter un des concepts de l’autonomie pour la Kabylie, il serait intéressant de faire le bilan de l’expérience participationniste de nos leaders kabyles ainsi que les partis politiques kabyles dans l’option nationaliste.
De même qu’il faut méditer sur l’attitude du pouvoir central algérien vis-à-vis de la Kabylie et de ses représentants politiques.
Depuis la crise berbériste de 1949 dont certains acteurs de l’époque sont encore de ce monde et doivent faire l’objet d’interpellation comme témoins de l’histoire pour élucider cette période noire du mouvement national.
La direction du PPA/MTLD n’a pas hésité, en pleine guerre à ordonner un commando contre les militants kabyles dont le seul crime est d’avoir introduit dans leur réflexion la dimension berbère dans l’organisation de la future Algérie indépendante.
De même, pendant la guerre de libération, Abane Ramdane, l’architecte du congrès du FLN a été condamné par le clan arabo-militariste qui n’a pas hésité à organiser son assassinat.
Je ne voudrais pas revenir sur les nombreux autres évènements qui ont meurtri la Kabylie pendant la guerre du FFS en 1963,le printemps berbère d’avril 1980, le printemps noir de 2001 ou sont assassinés 168 jeunes dont les bourreaux restent impunis à ce jour. Tous ces évènements doivent être retenus comme des chapitres de l’Histoire à nos enfants
Sur le plan développement économique et socioculturel, la Kabylie subit un embargo. Même les subventions étrangères et les propositions d’investissement faites par les étrangers ont connu un blocage tel que ni les élus locaux (APC/APW), ni les élus nationaux (députes et sénateurs), ni même les ministres et les généraux Kabyles et à leur tète Ahmed OUYAHIA n’ont su ni pu épargner à la Kabylie un tel dictat.
Pire, les villages kabyles sont touchés dans leur dignité et leur honneur.
On a introduit la débauche (prostitution, alcool et drogue ) ainsi que tous les fléaux sociaux : corruption, banditisme et autres pour saper le moral des Kabyles et amener à délocaliser le peu d’investissement qui reste en Kabylie.
Ainsi, le constat est terrible et sans appel.
Et il est même partagé par tous les acteurs politiques de la Kabylie, y compris par ceux qui sont au pouvoir. Je rejoins Idir Ait Maamar dans sa déclaration au CNK du 1er avril 2011 ou il dit : « j’aurais aimé que le FFS et le RCD soient présents pour nous dire que le Salut de la Kabylie viendrait de ce cadre institutionnel jacobin »
Ces deux partis politiques qui continuent à défendre l’idée participationniste savent, plus que quiconque qu’il n’y a rien a attendre de ce pouvoir qui, non seulement est archaïque, mais raciste et mafieux. Ce qui a été résumé par notre ami Ahcene BELKACEMI en disant :
« C’est poursuivre une chimère que d’imaginer que la solution viendrait du problème » en sachant que le problème est évidemment le pouvoir central, lui-même. Ce constat fait que malgré les ambiguïtés, l’idée de l’Autonomie de la Kabylie étant sur toutes les
lèvres des Kabyles et semble apporter une rénovation notable dans la manière de faire de la politique aujourd’hui.
Cependant, étant donné que la mémoire est une faculté volatile, il faut être prudent lorsqu’on nous propose des solutions et des recettes toutes faites dont le but est de servir des individus, comme par le passé, et non la région et la société kabyle.
Le temps de la « tribune » est révolu, cet argument pour faire valoir une participation aux prochaines élections est expérimenté, et les auteurs de cette stratégie sont dévoilés et le seront encore mieux à l’approche de l’échéance électorale.
La Kabylie autonome:
Au vu de ce qui précède, l’autonomie de la Kabylie reste la voie salutaire pour la Kabylie. Mais ce projet doit être muri et préparé de manière sérieuse et continue. La Kabylie doit solliciter la contribution de toutes les compétences kabyles et les expériences des autonomies de par le monde en vue de rendre réalisable le projet. Les acteurs politiques kabyles doivent faire évoluer leur programme et rapprocher leurs points de vue de manière à mettre la question kabyle comme, étant la priorité. Aucun autre projet ne peut les détourner de cet objectif devenu vital pour la Kabylie.
Les mouvements autonomistes existants doivent travailler pour leur perfection et éviter toutes les actions et déclarations qui jetteraient un discrédit sur l’autonomie de la Kabylie et la société kabyle en général.
Une commission de sages doit être lancée pour rapprocher les points de vue des uns et des autres et devra être suivie d’un congrès kabyle.
Le congrès kabyle prendra des résolutions allant dans le sens de la création d’une instance exécutive pour la Kabylie.
Militant autonomiste