KABYLIE (Tamurt) – « A taqbaylit, a tigejdit, a tin i γef yebna wexxam » comme le disait si bien Slimane Azem… qui dépeint dans sa chanson la femme kabyle au centre de la société kabyle traditionnelle.
Elle est signe de beauté, de courage, de ténacité et de bravoure. Elle est aussi femme de fort caractère, la gardienne des traditions, de la langue, des rites et des valeurs. Elle tient une place privilégiée, car elle est le pilier de la société kabyle, elle détient l’économie familiale entre ses mains. Au-delà de Slimane Azem, lequel de nos grands chanteurs kabyles n’a pas magnifié la femme kabyle dans ses chansons ?
Quand on évoque la femme kabyle ou berbère au sens large, plusieurs noms nous viennent à l’esprit à commencer par Kahina de son vrai nom Dihya ou Damya, reine guerrière berbère des Aurès qui combattit l’expansion islamique en Afrique du Nord au VIIe siècle ou encore Fadma N Summer, héroïne de la résistance à l’occupation de la Haute Kabylie par les armées du Maréchal Randon entre 1850 à 1857, Taos Amrouche romancière et chanteuse kabyle ou bien même Nouara Naït Mebarek, appelée communément Nna Nouara, 70 ans, qui a fait l’actualité ces derniers temps en ne ratant aucune date, marche ou aucun rassemblement, pour manifester avec courage et exprimer ses idées et ses positions autour des questions qui secouent la Kabylie.
Sans aller aussi loin, nous avons tous dans notre entourage ou dans nos esprits un modèle de femme kabyle symbolique dont la vie est, ou a été, rythmée par les tâches domestiques telles les récoltes, l’élevage de bétail, la fonction maternelle… vêtue de la tenue traditionnelle kabyle et vivant dans l’ombre de l’homme. Telle Fadhma Aït Mansour Amrouche qui peint dans « Histoire de ma vie » le combat de la femme kabyle, sa place entre la Kabylie, sa religion chrétienne, sa langue et la langue de l’empire colonial, dans cette société kabyle du XXe siècle.
De nos jours, la femme kabyle a bien changé, et ce depuis 2 ou 3 générations. L’immigration de la population kabyle et le rapport à l’Occident a transformé cette dernière. Je fais souvent le constat, en regardant nos mères, que nous ne serons jamais comme elles, tout en prenant conscience qu’elles sont uniques, belles de cette identité qu’elles portent comme un diadème, touchantes, braves et courageuses.
Elles ont subi pour beaucoup l’absence de leur mari avalé par l’immigration sans jamais rechigner, s’occupant de l’éducation des enfants parfois seule au sein de sa belle–famille et des tâches difficiles du quotidien dans un environnement naturel montagneux, parfois hostile.
Ceci quand elles n’ont pas été déracinées de leur Kabylie natale pour embrasser l’immigration et rejoindre le mari installé à l’étranger, l’inconnu, les nouvelles mœurs, l’analphabétisme souvent, le manque de repères, les retours en été quand les vacances scolaires et les finances le permettent à cette Kabylie qu’elles ont dans les veines. Ma mère dit souvent « c’est ici que le cordon ombilical est tombé! » pour dire qu’elle appartiendrait toujours à cette terre qui l’a vu naître.
Suivant l’évolution des moeurs, elle reste toutefois « le pilier de la maison » ou « la poutre maîtresse du foyer » et demeure la gardienne de la langue, des rites et des valeurs de la tradition » d’après Malikam, auteur de « Signes et Rituels magiques des femmes kabyles ».
Entre modernité et traditions, elles opèrent un mélange sagement dosé quand on voit dans les rues de Kabylie certaines jeunes filles vêtues de tenues modernes, ceinturer leurs tailles de foudhas ou un peu partout porter des bijoux kabyles en signe de revendication de leur identité, en signe de retour aux traditions. On voit, par exemple, de plus en plus de jeunes filles se marier en tenue traditionnelle kabyle et délaisser volontairement la robe blanche venue d’ailleurs. Aujourd’hui, la femme kabyle a conscience de la richesse du patrimoine qu’elle véhicule et surtout craint de le voir disparaitre au profit d’assimilation arabo-islamique, ou la non-transmission de ses valeurs ancestrales par les générations futures. Elles se regroupent en associations afin de sauvegarder ce patrimoine culturel et identitaire ou encore lutter contre le code de la famille algérien majoritairement inspiré de la Charia islamique.
Parmi les plus connues on peut citer, par exemple, l’association Tarwa n Fadma n Soumer (Les enfants de l’héroïne Fadma n Soumer), Tighri n Tmettut (Le Cri de la Femme) ou le Collectif des Femmes du Printemps Noir et tant d’autres…
La femme kabyle n’est forcément plus la femme kabyle d’autrefois. De nos jours, elle a bien changé grâce à son émancipation, aux études et au travail salarié, elle impose une image et un statut différent. Certaines entrent en politique ou occupent des postes clés dans de grands Groupes. On les voit au premier rang de manifestations pour défendre les intérêts de la Kabylie. Il en reste que l’identité kabyle connait un vrai déterminisme à perdurer malgré la triste avancée qu’enregistre le hidjab dans nos contrées au détriment de nos belles robes kabyles qui ont pourtant su traverser le temps et s’adapter aux modes vestimentaires actuels.
Cette crainte de voir la richesse de la Kabylie perdre du terrain face à l’arabo-islamisme est dans l’esprit de tout kabyle amoureux de sa Kabylie comme je le suis. Jusqu’à ce jour si notre culture a résisté à tous les envahisseurs historiques c’est essentiellement grâce à nos mères qui ont tenu à conserver notre patrimoine culturel et linguistique qu’elles n’ont de cesse de revendiquer. On entend souvent les femmes clamer « ad as mleɣ acu i d taqbaylit ! » traduit par « je vais lui montrer ce qu’est une Kabyle! ».
Pour ma part, je suis Kabyle née en France de parents immigrés, fière de mes origines, fière de parler ma langue et je suis fière d’être la continuité de générations de Kabyles qui nous ont précédées. Si je n’avais qu’un mot à l’attention des femmes kabyles qui ont eu la chance que j’ai eue d’être baignée dans ce fabuleux univers kabyle, ce serait « Transmettez! ». Transmettez ou nous sommes condamnés à l’oubli, il est un devoir de chacun et chacune d’entre nous de repousser les frontières culturelles de la Kabylie, passez le relais à vos enfants, nul n’a le droit de nier ou d’oublier ses racines, tout ce que nous transmettent nos mères. Réveillez nos consciences endolories par les avancées totalement étrangères à notre identité, relayez les efforts de toutes ces femmes qui font que la Kabylie est toujours debout. Partagez toutes leurs valeurs kabyles, ce travail minutieux, ces toiles qu’ont tissé nos mères autour de nous, faites de respect de la tradition et toutes ces belles choses propres à nos origines kabyles et qui font que nous sommes aujourd’hui un peuple à part entière. Montrons à nos aïeuls que nous mettons à l’abri leur héritage. Ne soyons pas les témoins coupables d’une Kabylie qui se voit rétrécir comme « peau de chagrin ».
Aujourd’hui, chacun de nous aura pensé aux femmes, mais certainement à une femme en particulier. Pour ma part, je tiens à rendre hommage à la femme kabyle à mes yeux la plus formidable, celle qui a transmis à ses enfants l’amour de la Kabylie au sens large afin qu’ils le transmettent aux générations futures… Cette femme à qui je voue toute mon admiration, yemma taɛzizt.
À toutes les femmes kabyles, un poème de Mehdi alias Micipsa:
« Fille de Kabylie »
*******
Toi qui as su guider au fils des siècles
L’héritage de nos aïeux
Gardienne de nos traditions et coutumes
Toi qui as supporté les pires affronts
La peine de tous nos enfants disparus
Pour que nous Kabyles soyons fiers de nos racines
Toi qui as tant souffert de solitude
Élevé des hommes pour les voir partir outre-mer
Et entretenir notre patrimoine
Sèche tes larmes fille de mon pays
Nos ennemis sont arrivés au sommet
Et s’écroulent dans l’autre versant
Tes enfants gravissent encore la montagne
Et verront d’ici peu les rayons du soleil
Qui illumineront tout le peuple de Kabylie
De cette lumière jaillira un nouvel horizon
Ta condition sera rétribuée de tous tes sacrifices
Garde cette dignité qui a fait de nous des hommes
Notre avenir sera à la hauteur de tes espérances
Ta place sera l’égal des hommes
Car sans toi, il n’y aura plus de Kabylie pour en parler
tanemmirt-im nissa ghef umagrad-a, terrid tijmilt tameqqrant i tmettut taqvaylit.
tanemmirt-im nissa ghef umagrad-a, terrid tijmilt tameqqrant i tmettut taqvaylit.
D’où nous vient ce vent de révolte qui soulève tous les damnés de la terre et qui est en passe de traverser la méditerranée ?
Peut-être pour sacrer ou consacrer la femme de l’année…
Rien qu’à l’entendre souffler, on a le sentiment, d’ores et déjà qu’il vient des Aurès.
Vous n’avez pas une infime conviction que quelque chose va désormais bouger…avec ou sans notre bénédiction ?
Vous n’avez pas une infime conviction que cette secousse qui fait trembler les mortels n’a aucune partie liée avec l’Eternel ?
Pour vous donner une image de ce mirage, je vous renvoie aux prouesses d’un personnage légendaire, héroïne exemplaire qui habite encore aujourd’hui, l’imaginaire des berbères et qui fut surnommée Kahina.
On la crut juive, puis chrétienne et on l’a vu plus d’une fois monter à l’assaut du ciel…
Elle était belle, aux yeux clairs mais elle était surtout pure au sens vertueux et non religieux.
Prophétesse, prêtresse ou déesse… mégère, vipère ou sorcière, on peut l’affubler de tous les noms, mais on ne lui retirera jamais à cette princesse, fille du roi des Aurès, le mérite de se battre au nom des siens… deux enfants… pour lesquels elle a versé le sang : l’honneur et la dignité.
[http://www.lejournaldepersonne.com/2011/03/kahina/->http://www.lejournaldepersonne.com/2011/03/kahina/]
D’où nous vient ce vent de révolte qui soulève tous les damnés de la terre et qui est en passe de traverser la méditerranée ?
Peut-être pour sacrer ou consacrer la femme de l’année…
Rien qu’à l’entendre souffler, on a le sentiment, d’ores et déjà qu’il vient des Aurès.
Vous n’avez pas une infime conviction que quelque chose va désormais bouger…avec ou sans notre bénédiction ?
Vous n’avez pas une infime conviction que cette secousse qui fait trembler les mortels n’a aucune partie liée avec l’Eternel ?
Pour vous donner une image de ce mirage, je vous renvoie aux prouesses d’un personnage légendaire, héroïne exemplaire qui habite encore aujourd’hui, l’imaginaire des berbères et qui fut surnommée Kahina.
On la crut juive, puis chrétienne et on l’a vu plus d’une fois monter à l’assaut du ciel…
Elle était belle, aux yeux clairs mais elle était surtout pure au sens vertueux et non religieux.
Prophétesse, prêtresse ou déesse… mégère, vipère ou sorcière, on peut l’affubler de tous les noms, mais on ne lui retirera jamais à cette princesse, fille du roi des Aurès, le mérite de se battre au nom des siens… deux enfants… pour lesquels elle a versé le sang : l’honneur et la dignité.
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Azul,
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