KABYLIE (TAMURT) – Dans une déclaration rendue publique, dernièrement, l’Organisation des Nations et des Peuples non représentés, UNPO en abrégé, a demandé l’ouverture d’une enquête internationale pour mettre la lumière sur l’implication du gouvernement algérien dans les incendies meurtriers ayant ravagé la Kabylie, en août dernier, et fait plus de 200 morts, ainsi que sur les blocages administratifs à l’acheminement des fournitures médicales acquis par la diaspora kabyle au profit de la Kabylie pour faire face à la pandémie du Covid-19.
Alors que les militants et activistes kabyles, particulièrement les indépendantistes, sont toujours sous pression et font face à une répression policière et judiciaire sans précédent, l’UNPO (Organisation des Nations et des Peuples non représentés) monte au créneau pour dénoncer la junte militaire algérienne et demander une enquête internationale sur la situation qui prévaut en Kabylie. Cette enquête doit faire la lumière sur la gestion chaotique de la crise sanitaire liée à la Covid-19 par le gouvernement algérien, marquée par la rétention des fournitures médicales destinée à la Kabylie, les incendies meurtriers du mois d’août dernier et la répression qui s’abat depuis plusieurs mois sur les militants pacifiques kabyles. L’UNPO déplore le détournement par le gouvernement algérien des aides médicales envoyées par la diaspora aux hôpitaux de la Kabylie. « Les Kabyles de France et de l’Amérique du Nord avaient envoyé des fournitures médicales pour aider la population de Kabylie, finalement pour voir ces fournitures détournées par les responsables du gouvernement algérien (…). Les gens ordinaires en Kabylie se retrouvent sans bouteilles d’oxygène ni équipement de protection lors de leur admission à l’hôpital pour Covid-19. La variante Delta a frappé particulièrement durement la Kabylie à cet égard, et l’urgence d’agir était donc indéniable », lit-on dans la déclaration de cette organisation.
Celle-ci a également fustigé l’attitude honteuse du gouvernement algérien, qui a refusé l’aide internationale en vue d’éteindre les incendies ravageurs du mois d’août précédent en Kabylie. « Tout en sachant qu’il ne dispose pas de Canadairs pour tenter d’éteindre les incendies, la réponse du gouvernement algérien a été de refuser les offres internationales d’aide », s’est indignée l’UNPO, qui est revenue dans sa déclaration sur les dégâts causés par ces incendies criminels. « Les feux de forêt ont également causé d’importantes dévastations économiques (…) Le refus répété de l’Algérie pour aider à éteindre les incendies de forêt pour sauver la richesse agricole de la Kabylie engendre une terrible situation pour ce qui est déjà une économie fragile », a constaté amèrement l’UNPO.
Pour rappel, plus de 200 personnes ont péri dans ces incendies meurtriers provoqués par la junte militaire algérienne, et qui veut honteusement faire porter le chapeau de ses crimes odieux aux pacifiques et paisibles militants du MAK. Par ailleurs, cette organisation internationale, dont le siège se trouve à La Haye (Pays-Bas), s’est élevée contre la répression qui vise les militants kabyles, notamment les indépendantistes. « Le gouvernement algérien a maintenu une approche musclée contre tout type de militantisme lié à l’autodétermination de la Kabylie. Le 18 mai 2021, le gouvernement algérien a déclaré le MAK organisation terroriste, avec une tentative d’extradition de son leader M. Mehenni, qui a été catégoriquement rejetée par le gouvernement français. Plus préoccupante encore est la loi du 10 juin criminalisant l’exigence du droit à l’autodétermination et prolongeant les gardes à vue à 12 jours après arrestation arbitraire. Le système de justice pénale algérien est aujourd’hui profondément réorienté pour réprimer tout militantisme politique », s’est alarmée l’UNPO. Abondant dans le même sens, cette organisation souligne dans sa déclaration que «la police algérienne en Kabylie continue de réprimer férocement les militants kabyles » et que « les derniers rapports en provenance de Kabylie indiquent que 8 militants du MAK ont été condamnés à purger des peines de prison pour leurs activités politiques », alors que « quelques 220 kabyles sont en prison, en attente de procès avec des dossiers vides, pour des délits liés à leurs activités politiques pour l’autodétermination de la Kabylie ». Beaucoup de ces prévenus ont, à peine, la vingtaine, note encore l’UNPO. Renfermant en son sein 44 membres, cette organisation se dit « engagée à faire en sorte que les Kabyles obtiennent justice dans ces affaires et ne soient plus menacés lorsqu’ils souhaitent exprimer leur point de vue sur l’autodétermination », tout en estimant que « la criminalisation du MAK en tant qu’organisation terroriste est inacceptable étant donné que le président Mehenni a appelé à plusieurs reprises à une manifestation non violente ».
L’ONU doit intervenir et enquêter en Kabylie
Pour l’UNPO, il est indispensable que l’ONU intervienne en Kabylie à travers l’ouverture d’une enquête internationale. « L’UNPO souhaite également qu’une enquête indépendante et complète menée par l’ONU sur les incendies de forêt porte le cas des incendies de forêt en Kabylie devant l’ONU. Au cours de la semaine où les dirigeants discutent de la déforestation à l’ordre du jour de la COP26, de tels actes doivent être examinés par le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’environnement pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’incendies causés par l’homme avec l’intention de nuire aux moyens de subsistance des autres », a-t-on lu dans le document de l’UNPO diffusé sur son site web. A noter que le président du MAK, Ferhat Mehenni, et le Premier ministre du Gouvernement Provisoire Kabyle, Zidane Lafdal, ont été reçus dans les bureaux de l’UNPO, au mois d’octobre dernier, pour exposer la situation qui prévaut en Kabylie. Pour rappel, la Kabylie est devenue membre de l’UNPO en 2017. Elle est représentée par le MAK-Anavad.
Arezki Massi