ONG : Nous sommes gravement préoccupés par la répression continue dans la région du Rif dans le nord du Maroc

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Manifestation au Rif Maroc
Manifestation au Rif Maroc

COMMUNIQUE (Tamurt) – Nous, les organisations internationales, régionales et non-gouvernementales amazighes (ONG) soussignées, écrivons aujourd’hui pour partager nos sérieuses inquiétudes concernant la détérioration de la situation des droits de l’homme dans le Rif, située dans la partie nord du Maroc où vit principalement une population amazighe, qui a connu une longue histoire de marginalisation, de négligence et de répression brutale.

Des arrestations et des détentions de militants des droits de l’homme, de civils, de journalistes et de personnalités de l’opposition amazighe se sont multipliées depuis la fin octobre 2016 lors de manifestations pacifiques qui ont eu lieu en réaction à la mort d’un jeune poissonnier Mouhcine Fikri. Pour rappel celui-ci a été écrasé dans un compacteur d’ordures en essayant de récupérer du poisson que la police lui avait confisqué et jeté dans la benne d’un camion d’ordures.

Ces protestations se sont intensifiées, initialement autour de la ville d’Alhoceima, et se sont répandues dans d’autres villes du Rif, et ont été aussi soutenu par des rassemblements d’autres groupes amazighs dans maintes villes et localités du Maroc, ainsi qu’à l’étranger parmi la diaspora amazighe.

Le gouvernement du Maroc n’a pas fait l’effort d’écouter les doléances légitimes des citoyens de cette localité, au contraire il a donné libre cours à la répression féroce. Ainsi des forces de sécurité ont été envoyés dans la région du Rif pour endiguer les manifestations pacifiques et plus de 100 militants de premier plan ont été arrêté et emprisonné dans un mépris flagrant des droits de l’homme du Rif. Un appel à l’aide nous est parvenu de la jeune direction du mouvement amazigh Hirak, demandant expressément soutien dans leur lutte pacifique pour être entendus par les autorités afin de satisfaire leurs revendications légitimes d’amélioration de leur vie sociale et économique et pour attirer l’attention internationale sur le mépris de leurs droits humains de la part du gouvernement marocain.

Les autorités marocaines ont justifié l’arrestation des jeunes dirigeants du Hirak par le prétexte que leur l’action, bien que pacifique, constitue une menace à l’intégrité et le bien-être de la nation, ce qui rend nécessaire une rétorsion énergique. Ceci est une parodie abjecte de la situation telle qu’elle est sur le terrain sachant pertinemment que la population a souffert énormément depuis belle lurette d’une exclusion voulue et cela continue aujourd’hui.

En réponse, le gouvernement marocain a procédé à l’arrestation de 130 activistes amazighs. De plus, les membres des familles des militants sont harassés par les forces de sécurité quotidiennement.

Ainsi pour éviter des sanctions et conformément à ses engagements envers le Conseil de l’Europe, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, la Déclaration des Nations Unies sur les droits de l’homme et d’autres engagements internationaux, nous demandons au gouvernement du Maroc de procéder impérativement comme suit :

  • Libération de tous les détenus amazighs du Rif et ceux emprisonnés pour avoir pratiqué leur protestation non-violente et leur accorder réhabilitation politique complète ;
    • Cesser le harcèlement et l’intimidation des membres des familles des leaders et des militants du mouvement Hirak du Rif et des défenseurs des droits de l’homme au Maroc ;
    • Respecter les droits des journalistes à faire leur travail sans entraves ; et
    • Permettre aux journalistes locaux et étrangers de reprendre leurs opérations sans crainte de harcèlement et de raids de l’État.

Pour soutenir la lutte du Hirak du Rif, nous avons décidé, par conséquence, à lancer une campagne internationale pour la publication de cette déclaration dans l’espoir d’entreprendre une campagne de projection internationale qui apporterait des changements dans la façon dont le Maroc traite ses citoyens amazighs et autochtones, dans le Rif et dans d’autres régions rurales du Maroc (Souss, montagnes de l’Atlas, etc.), et leur accorder les mêmes droits sociaux, économiques et humains que ceux d’autres citoyens issus d’autres régions.

La militarisation de la région du Rif doit s’arrêter et l’utilisation de la violence par les forces gouvernementales contre les manifestants pacifiques doit cesser inopinément.

Nous espérons, de tout cœur, que le Maroc réussisse en tant qu’état démocratique pleinement intégré à la communauté internationale. Nous soutenons les efforts visant à résoudre pacifiquement les protestations de Rif en cours, mais rien de tout cela n’est possible aussi longtemps que ce pays continue à progresser sur le chemin autoritaire qu’il occupe actuellement.

Le gouvernement du Maroc ne peut pas être à la fois un membre respecté de la communauté internationale et une autocratie répressive. Il doit choisir. Nous l’exhortons à choisir la démocratie et le respect des droits de l’homme, un choix qui est dans le meilleur intérêt du peuple marocain et de la paix internationale.

Réseau culturel Amazigh en Amérique – USA
Communauté Amazighe de Boston- USA
Assemblée Mondiale Amazighe – Belgique
Comité de Soutien au Mouvement Rif aux Etats Unies d’Amérique
Association Tamaynut – Maroc
Institut Tazzla pour la Diversité Culturelle – Los Angeles /California- USA
Communauté Amazighe de New Jersey – USA
Mouvement pour l’Autonomie du Rif (MAR)
Association Sifaks – Utrecht, Pays Bas.

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