ALGÉRIE (Tamurt) – D’une voix gutturale, le député du RND a lancé un défi à Farida Belkassam, aux autres invités de l’émission présents sur le plateau ainsi qu’à toutes celles et tous ceux qui « prétendent que le texte de loi prévoit une interdiction à toute association de bénéficier de l’argent d’organisations non gouvernementales étrangères ». Le parlementaire s’est montré « offusqué » des allégations et des critiques formulées sur le passage du texte réservé aux financements des associations.
L’animatrice de l’émission qui a, naturellement, lu et décortiqué tous les articles du texte en question, amusée par le comportement de son invité, le laissa faire. Même impressionné par son propre monologue, le député finit quand même par s’arrêter. Et à peine releva-t-il la tête, visiblement content de lui, Farida Belkassam, toujours le sourire à la lèvre – professionnalisme oblige – lui demanda d’une voix calme : « Voulez-vous nous lire Monsieur le député l’article 31 de ce texte de loi relatif aux associations ? ». Tout fier de lui comme un jeune collégien croyant avoir plu à son professeur, l’inénarrable député se rua sur son document. En tombant sur l’article 31, il commença à lire ce qui suit : « En dehors des relations de coopération dûment établies, il est interdit à une association de recevoir des fonds provenant des légations et Organisations Non Gouvernementales Étrangères ». Et avant de terminer la lecture de cet article, les autres invités parmi lesquels se trouvaient un expert en sociologie, une représentante du conseil national économique et social (CNES), des responsables d’associations indépendantes et de simples observateurs ainsi que l’animatrice elle-même ont dû faire un effort surhumain pour retenir un fou rire.
Le député du FLN tenta de venir à la rescousse de son camarade mais il ne put rien pour lui. D’ailleurs, même en ce qui le concerne, ce député du FLN a brillé par une attitude d’un pensionnaire d’un asile pour aliénés mentaux. En effet, l’homme a reproché à la presse d’avoir analysé et critiqué le texte de loi avant d’être voté par les parlementaires. Ainsi, aux yeux de ce député de la 25ème heure, les médias ont agi contrairement aux règles de l’information en passant à l’analyse et la critique le texte que lui et son compère du RND n’ont même lu.
L’inénarrable et au même temps scandaleux, c’est qu’à travers leur agression, c’est que les deux députés, issues des partis frères utérins, ils ont tenté de prouver que c’était eux les références du patriotisme et du nationalisme. En fin de compte, les deux hommes n’ont réussi à prouver qu’une seule chose : ils passent la majeure partie de leur temps à la cantine de l’APN et non dans les bureaux. D’ailleurs, leurs joues à la forme et à la dimension de gros panier renseignent aisément sur leur mission à l’hémicycle Zirout Youcef. La question donc est de savoir pourquoi le choix fut porté sur ces deux « plein le ventre et rien dans le crâne » pour défendre ce texte de loi sur les associations sur le plateau de l’ENTV ?
Le FLN, aussi bien que son frère utérin le RND disposent de compétences au sein de l’institution nationale élue. Un représentant d’un peuple qui agresse ce même peuple relève de l’extraordinaire. Ahmed Ouyahia, une légende vivante pour le mépris et la haine qu’il a toujours nourri pour le petit peuple, manifeste tout de même un grand charme et une séduction hors du commun quand il est de passage sur le plateau de l’ENTV.
Abdelaziz Bouteflika qui a toujours considéré que la presse indépendante est plus nuisible à l’Etat et à la société que le mildiou sur pomme de terre se montre aussi charmant qu’un bel jeune prince amoureux quand il s’adresse au peuple à travers le média lourd. L’un est chef d’Etat et l’autre un Premier ministre, nous rétorquerait-on. Mais diantre ! Un député aussi est ministrable et présidentiable. Hormis les maladresses de ces deux députés qui, du reste, ont été remis à leur place par leurs co-invités sur le plateau en leur rappelant que le patriotisme et le nationalisme ne sont pas du seul apanage des dirigeants, notons que cette loi sur les associations sera soumise au vote des députés demain, mardi.
Par ailleurs, le même jour, les associations de la wilaya de Tizi-Ouzou qui refusent leur allégeance au pouvoir dictatorial d’Alger sortiront dans la rue pour dire non à l’application de loi élaborée par M. Daho Ould Kablia dans ses petits laboratoires. Les manifestants exprimeront leur volonté d’indépendance par l’allumage de bougie sur les principales places publiques de la ville des Genêts.
Said Tissegouine pour Tamurt