MONTREAL (TAMURT) – C’est l’indignation totale en Kabylie après les déclarations scandaleuses de Said Said sur l’assassinat du jeune algérien Djamel Bensamil, en août 2021. Invité par la radio Azul international, à Montréal, au Canada, pour animer une conférence sur le thème « Kabylie : une matrice, un combat, une destinée », l’ancien président du RCD a imputé ce crime aux jeunes kabyles de Larbaa Nath Irathen, disculpant ainsi les services secrets algériens, véritables auteurs de cet assassinat abject. Les familles des détenus de Larbaa Nath Irathen, structurées dans un Collectif, se disent choquées et dénoncent des « propos irresponsables et diffamatoires ».
Samedi 12 mai, l’écrivain Said Sadi a affirmé lors d’une conférence qu’il animait à Montréal que ce sont des jeunes kabyles qui ont assassiné Djamel Bensmail, en août 2021, à Larbaa Nath Irathen. « Et qu’est ce qui s’est passé à Larbaa Nath Irathen, entre nous… Des jeunes kabyles ont incendié, ont tué et incendié, un jeune arabophone, à 60 mètres de la statue de Abane Ramdane, qui doit se retourner dans sa tombe », a déclaré Said Sadi toute honte bue. Ces déclarations scandaleuses ne sont pas passées inaperçues et elles ont choqué plus d’un. D’ailleurs, un kabyle de la diaspora, qui a assisté à la conférence, a réagi sur place aux propos irresponsables de Said Sadi avant qu’il ne soit contraint à se taire par les organisateurs.
Pour sa part, le Collectif des familles des détenus de Larbaa Nath Irathen a répondu à la sortie honteuse de Said Sadi via un communiqué. « Dans une récente déclaration, Said Sadi, autrefois figure politique de renom, a choqué et indigné de nombreux citoyens par ses propos irresponsables et diffamatoires. En insinuant que les citoyens de Larbaa Nath Irathen étaient responsables de l’assassinat brutal d’un jeune arabophone, il a non seulement propagé un discours de haine dangereux, mais il a également trahi sa propre communauté en niant la vérité évidente », a indiqué ce Collectif. Dans ses déclarations, Said Sadi s’est honteusement aligné sur la position, ou plutôt, la propagande officielle du régime algérien.
En effet, il accuse sans le citer le MAK de prôner un discours de haine, qui aurait influencé ces jeunes kabyles de Larbaa Nath Irathen auxquels il impute injustement un crime qu’ils n’ont pas commis. « On ne peut pas penser que des propos irresponsables poussant à la détestation de l’autre ont travaillé d’une manière ou d’une autre ces jeunes-là ». Et d’abonder dans son délire en qualifiant le MAK de « toxine » : « Il faut faire attention à ce que l’on dit… Et lorsqu’on appelle à un débat serein, il faut toujours qu’il y ait cette toxine qui pollue, qui empêche les gens de réfléchir. Ce n’est pas sérieux, ce n’est pas sérieux », a annoncé Said Sadi. Une déclaration qui ne manquera pas de provoquer un mécontentement au sein de son auditoire. « Ce n’est pas une toxine, c’est une idée », a rétorqué un kabyle de la diaspora, présent à la conférence. Ainsi, militer pacifiquement pour l’autodétermination de la Kabylie est aperçu par l’ancien président du RCD comme une « toxine ».
Dans leur communiqué, les familles des détenus de Larbaa Nath Irathen ont aussi répondu au mépris et aux accusations farfelues de l’auteur de l’ouvrage « Du miracle au mirage, une impasse algérienne ». « Said Sadi, dont le parcours politique est parsemé de controverses et de fausses promesses, semble avoir atteint un niveau de mépris pour la vérité et la justice. Ses propos sont d’autant plus alarmants qu’il ignore délibérément le contexte politique tendu de la Kabylie, où les jeunes sont régulièrement pris pour cible par les autorités algériennes en raison de leur militantisme en faveur de l’autodétermination et des droits humains », lit-on dans ledit communiqué. Indignés, les rédacteurs de ce document déplorent le fait que « Said Sadi se rend complice de l’injustice et de la violence qui sévissent en Kabylie ».
Les non-dits de Said Sadi
Dans ses déclarations basses sur le crime commis à Larbaa Nath Irathen, le docteur Sadi s’est livré à une lecture biaisée de ce qui s’est réellement passé. Cela n’a pas échappé à plusieurs observateurs, qui ont rappelé à l’ancien président du RCD ses non-dits. « Il est également essentiel de souligner que cette manipulation était orchestré dans le seul but d’étouffer les différentes voix kabyles et de légitimer l’article 87 bis, adopté en urgence par décret présidentiel, un décret scandaleux qui qualifie toute contestation politique pacifique d’acte « ‘’terroriste‘’», a rappelé dans son communiqué le Collectif des familles des détenus de Larbaa Nath Irathen.
En outre, l’on reproche à Said Sadi d’avoir ignoré volontaire d’évoquer cette loi controversée et de nourrir par ses déclarations la division raciste. « Said Sadi a omis de mentionner l’existence de cette loi injuste et illégitime, préférant alimenter les préjugés et la division raciste avec les victimes comme boucs émissaires du ‘’système‘’ qu’il prétend combattre, plutôt que de défendre la simple vérité et la justice la plus impartiale possible envers les enfants de Kabylie quant bien même il ne partagerait pas leurs idées politiques», a-t-on dénoncé.
Par ailleurs, ce qui est choquant et révoltant, selon le communiqué de ces familles de détenus kabyles, est que Said Sadi « n’ait jamais pris la parole pour dénoncer ces injustices flagrantes, si ce n’est que pour offenser et enfoncer les prisonniers politiques et leurs proches ». Ce silence « complice » de plus de quatre ans du docteur Sadi, selon la même source, « en dit long sur son engagement réel envers les valeurs de la démocratie et des droits Humains ». Sa dernière sortie le confirme, estime-t-on. « Sa prise de parole soudaine sur la tragédie de LNI en dit encore davantage », souligne le même communiqué.
Arezki Massi