KABYLIE (TAMURT) – Ils sont nombreux les Kabyles établis à l’étranger, en France, au Canada, Espagne, USA, qui sont privés de retourner dans leurs pays d’accueil par les services de sécurité et la justice algérienne. Ils sont accusés de terrorisme pour avoir milité au sein du MAK ou de l’URK. S’ils ne sont pas arrêtés, une fois arrivés dans un aéroport en Algérie ou en Kabylie, ils sont frappés par ce qui est appelé l’ISTN (Interdiction de Sortie de Territoire National).
Les victimes de ces pratiques coloniales et injustes sont nombreuses. Certains émigrés sont coincés en Kabylie depuis 2 ans et attendent leur jugement pour retourner auprès de leurs familles. Les Kabyles ciblés ne sont pas forcément des activistes indépendantistes. Parfois, pour un clic ou un « j’aime » sur un drapeau kabyle peut coûter cher.
À l’aéroport, ils sont arrêtés et interrogés par les services du DRS comme s’ils étaient des terroristes sans aucun motif valable. Certains Kabyles arrêtés ne sont même pas indépendantistes et n’ont aucune couleur politique. Après, s’ils sont relâchés, ils doivent attendre plusieurs mois pour passer devant un juger qui rendra son verdict s’ils sont « terroristes » ou pas. » Certains policiers en Kabylie qui sont chargés de mener des enquêtes font leurs possibles pour faciliter les procédures et alléger les accusations contre les émigrés accusés de « terrorisme », d’autres, des Kabyles parfois, font le contraire « , nous déclare un avocat.
En 2022, un jeune émigré kabyle a été arrêté à l’aéroport d’Alger et jeté au cachot pour la simple raison d’avoir publié une photo du drapeau, kabyle sur sa page Facebook. Ayant la nationalité américaine, son épouse avait appelé l’ambassade des USA pour le libérer. La victime, le jeune kabyle, était menacé par le juge algérien de lui retirer la nationalité algérienne et de l’interdire définitivement de renter en Algérie même pour son enterrement. Le jeune kabyle avait renoncé à ses contacts avec l’ambassade américaine et avait purgé une peine d’un an de prison.
Certaines victimes de l’ISTN subissent un chantage de la part des services de sécurité. » Mon frère, établi à Nice, était interdit de sortie d’Algérie suite à une visite en Kabylie. Il a payé un milliard de centimes pour un procureur à Bgayet pour l’autoriser enfin à quitter la Kabylie et retourner auprès de ses enfants en France après un blocage de 13 mois en Kabylie. Une terrible pression est exercée sur les Kabyles émigrés par les services de sécurité algérienne, alors que tout le monde sait que les vrais terroristes en Algérie sont les services du DRS, les gendarmes.
De quel droit accuser un émigré kabyle qui travaille durement un des pays étranger ? Nos frères Kabyles sont souvent victimes de racisme dans leurs pays d’accueil et aussi chez eux par les services d’insécurité algériens. Des milliers d’autres émigrés kabyles ne peuvent plus rentrer chez eux de peur d’être arrêté.
Idir Yatafen