«Le peuple algérien a combattu la France coloniale pour recouvrer son indépendance, la révolution par le peuple et pour le peuple, les Algériennes et les Algériens ont consenti d’énormes sacrifices pour se débarrasser du joug français et vivre dans la dignité, jaloux de son arabité et de son islamité, le peuple algérien a combattu de toute son âme la chrétienneté apportée en Algérie à coups de canon par les Français, etc.». Ce ne sont là que des phrases qui, en apparence ne sont couvertes que de noblesse, mais en réalité, sont choisies pour cacher une vérité historique.
En effet, tout laisse à croire fortement que ce sont celles et ceux qui n’étaient pas du côté du Front de Libération Nationale (FLN) durant les terribles années de feu qui tentent aujourd’hui de se « diluer » dans ce concept de « la révolution a été menée par l’ensemble du peuple algérien ».
Aujourd’hui, un document authentique dont nous détenons une copie vient d’être déterré. Ce document en question révèle les raisons du déclenchement de l’opération Jumelle réfléchie et conçue par le célébrissime général français, Maurice Challe. Le contenu du document que soumettons entièrement à la lecture et à la connaissance des lecteurs de Tamurt renseigne aisément sur les véritables participants à la guerre d’indépendance de l’Algérie. Ce document en question n’est autre que le procès-verbal (P.V) de la réunion de la Commission Administrative Départementale (CAD) de Tizi-Ouzou en date du 05 janvier I959 dans la matinée. Voici les termes du P.V en question :
DE LA PRESENCE MILITAIRE EN GRANDE KABYLIE
–M. le Président : Avons-nous mon général des nouvelles de la motion que notre assemblée avait votée lors de sa 2ème session, ordinaire en novembre dernier ?
–M. le général Faure[[http://paras.forumsactifs.net/t234-le-general-jacques-faure]] : Elle n’a toujours reçu aucune suite.
Et le problème est là, éternellement, qui conditionne toute notre vie ; et nous n’en sortons pas. J’avais espéré à un moment donné que nous recevrions des renforts. Je crois que c’est maintenant exclu, et le problème redevient dramatique.
Je pense que nous en reparlerons, si vous le voulez bien, afin de préparer de nouvelles démarches. Mais c’est une carte capitale que nous jouons là.
–M. le Président : Je crois qu’il serait utile de renouveler officiellement notre vœu, et l’assemblée, je pense, sera unanime sur le principe. (Assentiment).
Nous pourrions attirer l’attention des pouvoirs publics par une motion, où exprimerions notre déception de n’avoir pas été entendus. Nous la remettrons à nos députés pour qu’ils se chargent de la faire aboutir à l’échelon national, pendant que nous interviendrons de notre coté à la délégation générale.
–M. Azem Ouali[[http://fr.wikipedia.org/wiki/Ouali_Azem]] : Nous avons déjà le texte de notre première motion. J’avais demandé audience au général De Gaulle, mais ses occupations le retenaient tellement que nous n’avons pas reçu de réponse au moment de regagner Alger. Nous renouvellerons notre démarche ces jours-ci avec le nouveau texte. Si nous exposons la situation chacun de son coté, il n’y a pas de raison pour que nous n’obtenions pas satisfaction, au moins en partie.
–M. le Président : Pas « en partie », c’est le strict nécessaire que nous demandons.
–M. Azem Ouali : Tout l’édifice que nous construisons avec ces regroupements, ces municipalités, etc.…est subordonné surtout au problème de la protection. Tous les Kabyles sont Français de cœur ; et même dans les régions que l’on considère comme les plus pourries, dès que les populations savent qu’elles sont protégées, elles n’hésitent pas à venir à nous .
Certains villages n’ont pas voté aux dernières élections. Mais dans ces villages que l’on visite dans la journée et que l’on abandonne le soir, c’est un problème humain : ils ne peuvent pas voter. Il nous appartient de les sauver, de les aider, ils ne sont pas tellement difficiles ! Et les bons éléments réussiront à ramener les égarés.
Si nous expliquons bien cette situation, sans nous lasser et en n’oubliant pas de conjuguer tous nos efforts, je crois que nous réussirons.
–M. le général Faure : Dieu sait que nous sommes d’accord ! Nous nous trouvons malheureusement en ce moment devant un état de fait. Notamment, avec la remise en ordre des dépassements de classes des années précédentes.
Pendant que nous poursuivons nos efforts sur le plan départemental, nos députés, maintenant qu’ils existent, pourront soutenir et défendre notre position, qui est ici plus difficile qu’ailleurs. Nos parlementaires sont–ils bien d’accord avec nous ?
–M. Azem Ouali : Certainement, puisque la première chose qui nous a préoccupés, à notre arrivée à Paris, c’est cette audience que nous avons demandée pour expliquer personnellement au général De Gaulle ce qui se passe en Kabylie. J’en ai même parlé à un certain nombre d’autres députés d’Algérie, nos voisins, et ils sont également d’accord. Dans le problème d’Algérie, le centre névralgique est la Kabylie avec la densité de ses populations, ses difficultés de communications, etc… et tous nos collègues d’Algérie comprennent parfaitement que la pacification de la Kabylie entrainerait l’écroulement de la rébellion dans tout le reste de l’Algérie. Les rebelles ont les yeux fixés sur elle et lorsqu’ils sont en difficulté, ils se cachent, et observent ce qui se passe en Kabylie. Donc, il est du plus haut intérêt de fournir dans cette région un effort considérable sur le plan militaire. Sur le plan psychologique, nous avons enregistré depuis l’année dernière un énorme progrès : alors que dans un certain nombre de communes il n’y avait ni délégation spéciale, ni élections possibles, nous avons constaté partout où nous sommes passés aujourd’hui, les populations sont manifestement ouvertes. Reste donc maintenant aux élus, aux conseillers généraux, à cette commission administrative, aux députés, aux militaires, à obtenir des effectifs non pas démesurés, mais suffisants pour continuer l’œuvre de pacification. Nous ne sommes pas tellement loin du succès, il s’agit d’un pas à faire… mais il faut qu’on le fasse.
–M. le général Faure : Pour obtenir les effectifs qui nous manquent, nous avons, à notre échelon, épuisé tous nos moyens et nous ne pouvons plus à présent faire d’avantage. C’est en vain que nous cherchons d’autres solutions à ce problème qu’il serait urgent de résoudre.
–M. Marcellin : Ce que vous déplorez dans ce département, mon général, tous les généraux de division d’Algérie le déplorent de la même façon.
–M. le général Faure : Sans doute. Mais si dans certaines régions la diminution des effectifs peut être compensée par une mobilité accrue, là où la configuration du terrain et la localisation des populations le permettent, il n’en est pas de même ici : en Kabylie où l’on ne se déplace pas plus vite à pieds en 1959 qu’en 1859, toute réduction des effectifs se traduit par un vide. Dans cette région, la démonstration est concluante. Mais le problème est comme vous le dites partout le même. Seulement, ici, c’est une question de vie ou de mort.
–M. Marcellin : Il y a donc lieu d’agir à l’échelon national mais aussi auprès du délégué général, de façon à ce que lui-même soit notre interprète.
–M. le Président : Nous nous rendrons auprès de lui en délégation.
–M. le général Faure : Je vois, messieurs, que nous sommes une fois de plus en plein accord. (Assentiment général).
–M. le Président : Messieurs, pour concrétiser la discussion qui vient de se dérouler, je soumets à votre approbation la motion suivante :
MOTION
La commission administrative départementale réunie le lundi 5 Janvier 1959 à l’occasion de sa 1re Session extraordinaire, après avoir examiné la situation générale dans le département, constate avec regret que l’évolution favorable qui s’est manifestée au cours du dernier semestre n’a pu être encouragée et mise à profit d’une façon plus active faute d’une présence militaire plus nombreuse.
La pénurie d’effectifs, qui avait déjà été en effet signalée à l’attention du pouvoir central aux termes d’une motion spécialement adoptée par le conseil général le 15 novembre dernier au cours de sa 2me session ordinaire de l’année 1958, compromet encore l’exploitation rapide des effets favorables ressentis en ce pays après le référendum, les élections législatives et présidentielles.
Le discours officiel du chef du gouvernement qui a apporté l’espérance d’un renouveau et d’une paix prochaine, l’annonce du plan quinquennal qui donnait aux populations la certitude d’un emploi et la sécurité du lendemain n’ont pu, hélas, provoquer tous les apaisements souhaités du fait de la terreur qui règne encore en certaines de nos régions.
La commission administrative départementale profitant de cette réunion extraordinaire se permet d’insister auprès de M. le général Faure, exerçant les pouvoirs civils dans le département de la Grande Kabylie et de M. Delouvrier, délégué général du gouvernement pour être leurs interprètes à Paris et exposer au gouvernement l’urgente nécessité d’un renforcement des effectifs en Kabylie, seul moyen qui activera le retour définitif de la sécurité et donnera son plein effet aux efforts si généreusement poursuivis par la France dans son œuvre de progrès social.
Tous les milliards qui seront dépensés pour l’amélioration des conditions de vie des populations de ce pays seront dépensés sans profit aucun si les réalisations apportées sont vouées à la ruine et à l’anéantissement.
Il faut avant tout faire cesser les assassinats, les ruines, les incendies, les déraillements, les coupures de routes, de liaisons téléphoniques, de transports d’énergie etc…, avant d’engager à fond les investissements prévus.
La rébellion rendra tous nos efforts stériles par ses entreprises criminelles trop faciles sur des gens et des biens sans défense.
Les membres de la commission administrative départementale conscients d’agir pour le plus grand bien des populations qu’ils représentent, se permettent de demander une fois de plus les moyens d’assurer cette défense qui pourrait être rapidement et facilement obtenue grâce à un renforcement sensible des effectifs militaires .
La Kabylie mérite cet effort à double titre, car la fin de la rébellion en Kabylie marquera aussi la fin de la rébellion en Algérie. Les rebelles tiendront, en effet, dans toute l’Algérie tant que la Kabylie, sur laquelle ils ont les yeux fixés, restera pour eux un espoir et un encouragement.
La motion est adoptée à l’unanimité.
CLOTURE DE LA SESSION
– M. le Président : Messieurs, nous voici au terme de nos travaux pour cette session extraordinaire. Personne ne demande la parole ?… La séance est levée et la session est close.
La séance est levée et la session close à onze heures trente minutes.
Le Secrétaire,
Signé : IOUALALENE Ahcène [[http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/trombinoscope/VRepublique/legis01/ioualalen-ahcene-18021910.asp]]
Le Président,
Signé : Dr. Georges GARNIER
{{
Les algériens doivent savoir que toute l’Algérie n’a pas combattu le colonialisme..}}
{{ {1-Les mythes d’une révolution populaire}} }}
Dès lors, la question de savoir qui a fait quoi dans le processus de la libération nationale ne pouvait ni ne devait se poser particulièrement au lendemain des combats fratricides de l’été {{1962 entre les forces de l’armée des frontières, sous la direction de l’état- major général, et les éléments de la Wilaya IV qui révélaient de la manière la plus brutale possible le décalage entre les mythes d’une révolution populaire et les principes de réalité des mécanismes de pouvoir.}}
Il est alors d’une utilité toute pédagogique de rappeler ici le témoignage du Dr Youcef Khatib, dit colonel Hassen, chef de la Wilaya IV, la veille de l’indépendance diffusé en 2002 dans le documentaire de l’historien Benjamin Stora.
Dans le souci de prévenir le pire dont il entrevoyait les signes annonciateurs, le colonel Hassen se rend à Rabat à la rencontre de Ben Bella et de Khider pour les appeler à la raison.
{{«Nous prendrons le pouvoir quel qu’en soit le prix»,}} lui fut-il répondu.(1)
Ce détour devra appeler une remise à plat critique et informée des rapports entre les institutions du Front de libération nationale dans leurs différentes déclinaisons et la société algérienne dans ses différentes composantes.
{{2- Un mensonge d’Etat}}
A un an de la commémoration de l’indépendance nationale, il devrait être désormais possible de dire et d’écrire que{{ l’Etat nation s’est délibérément construit sur un mensonge fondateur}} –
{{
«un seul héros le peuple»}} — et en aucune manière, comme on persiste à le soutenir, sur «une légitimité historique» qui pour autant qu’elle ait eu encore une consistance en cet été 1962 se confondait avec le GPRA et le CNRA, institutions légales du FLN. Ainsi, c’est sur un inédit «compromis historique » que le régime fondé sur la violence des armes et les Algériens s’accordent sur la production du récit historique de référence glorifiant le peuple et sa part prise dans la guerre – érigée en révolution — et faisant de la violence armée la clé décisive d’un combat coupé de ses fondements et de sa portée politiques, confortant avec la stigmatisation collective des harkis la mise marche d’une amnésie algérienne.
Le consentement à l’arbitraire, à la négation des libertés collectives et individuelles avait été l’autre aspect du deal et alors même que les lancinantes questions de savoir comment sortir d’un autoritarisme sans horizon
L’autre partie ..
{{Contribution}}
Sous le pavé des polémiques, la quête de l’histoire
Le Soir d’Algérie
{{Quand les imposteurs sont rattrapés par l’histoire..
}}
{{
Les algériens doivent savoir que toute l’Algérie n’a pas combattu le colonialisme..}}
{{ {1-Les mythes d’une révolution populaire}} }}
Dès lors, la question de savoir qui a fait quoi dans le processus de la libération nationale ne pouvait ni ne devait se poser particulièrement au lendemain des combats fratricides de l’été {{1962 entre les forces de l’armée des frontières, sous la direction de l’état- major général, et les éléments de la Wilaya IV qui révélaient de la manière la plus brutale possible le décalage entre les mythes d’une révolution populaire et les principes de réalité des mécanismes de pouvoir.}}
Il est alors d’une utilité toute pédagogique de rappeler ici le témoignage du Dr Youcef Khatib, dit colonel Hassen, chef de la Wilaya IV, la veille de l’indépendance diffusé en 2002 dans le documentaire de l’historien Benjamin Stora.
Dans le souci de prévenir le pire dont il entrevoyait les signes annonciateurs, le colonel Hassen se rend à Rabat à la rencontre de Ben Bella et de Khider pour les appeler à la raison.
{{«Nous prendrons le pouvoir quel qu’en soit le prix»,}} lui fut-il répondu.(1)
Ce détour devra appeler une remise à plat critique et informée des rapports entre les institutions du Front de libération nationale dans leurs différentes déclinaisons et la société algérienne dans ses différentes composantes.
{{2- Un mensonge d’Etat}}
A un an de la commémoration de l’indépendance nationale, il devrait être désormais possible de dire et d’écrire que{{ l’Etat nation s’est délibérément construit sur un mensonge fondateur}} –
{{
«un seul héros le peuple»}} — et en aucune manière, comme on persiste à le soutenir, sur «une légitimité historique» qui pour autant qu’elle ait eu encore une consistance en cet été 1962 se confondait avec le GPRA et le CNRA, institutions légales du FLN. Ainsi, c’est sur un inédit «compromis historique » que le régime fondé sur la violence des armes et les Algériens s’accordent sur la production du récit historique de référence glorifiant le peuple et sa part prise dans la guerre – érigée en révolution — et faisant de la violence armée la clé décisive d’un combat coupé de ses fondements et de sa portée politiques, confortant avec la stigmatisation collective des harkis la mise marche d’une amnésie algérienne.
Le consentement à l’arbitraire, à la négation des libertés collectives et individuelles avait été l’autre aspect du deal et alors même que les lancinantes questions de savoir comment sortir d’un autoritarisme sans horizon
L’autre partie ..
{{Contribution}}
Sous le pavé des polémiques, la quête de l’histoire
Le Soir d’Algérie
{{Quand les imposteurs sont rattrapés par l’histoire..
}}