ALGÉRIE (Tamurt) – Décidément, l’Algérie est la terre de toutes les contradictions. Autrement, comment expliquer et quel sens donner à l’hommage qui sera rendu à Alger dans quelques jours à Messali El Hadj, l’un des ennemis publics numéro 1 du Front de Libération Nationale (FLN-ALN), qui avait décidé de déclencher la guerre d’indépendance le 1 er novembre 1954 ?
En effet, apprend-on dans certains médias algérois, les partisans de Messali El Hadj vont rendre un vibrant hommage à celui qu’on qualifie de « père du nationalisme algérien ». L’initiative de cet hommage revient à un certain Ali Agouni « vieux compagnon de Messali El Hadj ». Les partisans de celui qui n’a pas cessé de se battre contre les maquisards du FLN-ALN durant toute la période de la guerre d’indépendance, expliquent ainsi qu’ils veulent extirper l’Algérie à la culture de l’amnésie.
On annonce d’ores et déjà une conférence-hommage à Messali El Hadj pour la journée de samedi 4 août prochain au siège de l’Organisation nationale de la continuité des générations. Les participants à cette rencontre oseront-ils parler des massacres commis par les messalistes contre les combattants du FLN-ALN, notamment les assassinats perpétrés par les militants du MNA qui prenaient pour cible les maquisards de l’indépendance algérienne.
Evoqueront-ils la guerre féroce ayant opposé les deux partis notamment à Paris et dans d’autres villes françaises. Les Messalistes, pour rappel, ont fait tout ce qu’ils pouvaient, pour barrer la route aux combattants du FLN-ALN qui sont allés libérer le pays par les armes. En rendant hommage à Messali El Hadj en plein cœur d’Alger, ce sont les centaines de milliers de martyrs de la Révolution algérienne qui seront tués pour la deuxième fois. Les martyrs se retourneront dans leurs tombes.
Mais Messali El Hadj n’est pas le seul opposant à l’indépendance de l’Algérie que l’Algérie honore et érige en véritables symboles et héros. Abdelhamid Ibn Badis et l’émir Abdelkader ont été aussi contre l’indépendance. L’émir Abdelkader, qualifié d’ami fidèle à la France dans les dictionnaires de la langue française, est aujourd’hui le symbole de l’Algérie indépendante. Abdelhamid Ibn Badis et son association des Ulémas, qui assumaient clairement leur opposition à l’indépendance algérienne, est devenu le symbole d’une Algérie amnésique où les traîtres sont devenus des héros.
Tarik Haddouche