Affaire Larbaa Nath Irathen (LNI) : Un condamné à mort par la justice algérienne répond au journaliste Farid Alilat

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Yacine drissi répond à Farid Alilat
Yacine drissi répond à Farid Alilat

EXIL (TAMURT) – L’article controversé et biaisé du journaliste Farid Alilat sur l’affaire Larbaa Nath Irathen, publié au journal Jeune Afrique, le 24 octobre dernier, continue de susciter l’indignation en Kabylie et au-delà. Le journaliste en question, installé en France, s’est distingué par des approximations et des omissions volontaires. En posant la question : « Que s’est-il vraiment passé le 11 août 2021 à Larba Nath Irathen ? », Farid Alilat prétend avoir enquêté pour nous livrer la vérité.

Que dalle ! Le journaliste reprend tout simplement les thèses des services secrets algériens, vrais concepteurs, commanditaires et auteurs des incendies de Kabylie et de l’assassinat abject de Djamel Bensmain. Un condamné à mort, qui n’était même pas présent à LNI au moment des faits, comme c’était le cas d’autres aussi, vient de rétorquer magistralement à Farid Alilat. Celui-ci avait essuyé, rappelons-le, les reproches de la famille du chanteur Idir à qui il avait consacré une biographie intitulée « Idir, un kabyle du monde », pour « ne pas avoir rendu justice à la mémoire de leur père. »

« Si je m’adresse à vous aujourd’hui, c’est pour vous exprimer ouvertement toute l’étendue de la peine et du tort que votre article à charge porte à l’encontre des « barbares » de Larba Nat Iraten ; c’est-à-dire aux nombreux innocents, dont moi-même, et à nos familles que la « justice » algérienne a plongé dans l’infâmie, réduisant nos vies à une succession de très graves injustices et à de féroces répressions. » Ce sont-là les premiers mots exprimant une profonde déception et tristesse de la réponse qu’a apporté Yacine Drissi, l’un des 38 condamnés à mort dans l’affaire LNI, à Farid Alilat, auteur d’un article controversé qu’il a consacré à ce sujet et publié sur les colonnes de Jeune Afrique, le 24 octobre dernier. Usant d’une ironie assez mordante, Y. Drissi, un militant politique kabyle, qui était à Oran lorsque le jeune algérien de Miliana a été assassiné, demande simplement à l’auteur de l’article de décrire sa participation à ce crime, d’autant plus qu’il a affirmé avoir « fait son travail » de journaliste. « Étant moi-même l’un de ces « 38 barbares » condamnés à mort par la justice algérienne qui aurait donc fait son travail, je vous demande à vous de poursuivre le vôtre. Merci de bien vouloir restituer ma « participation » supposée à ce crime, avec autant de précision et de soin que vous avez apporté à décrire les « assassins » que vous avez vu à l’action de vos propres yeux sur les vidéos de votre « enquête d’investigation ». Vous avez même donné les noms, les gestes et les paroles des assassins. Je vous demande donc de me situer moi, nominativement et avec la même précision, dans l’espace et dans le temps, tout au long du déroulement de cet assassinat que vous avez décortiqué avec grands soins. Je vous demande légitimement une précision complémentaire : où suis-je moi, un de ces « 38 barbares » dont vous parlez, dans votre récit ? », a réagi Yacine Drissi. Celui-ci, toujours avec ironie, propose même au journaliste de l’aider, d’autant plus que son article manque cruellement de sources, alors qu’il traite d’un sujet hautement délicat. « Pour faciliter votre investigation, je vous donne un indice de taille : Je ne me trouvais pas en Kabylie au moment du lynchage qui était « public », comme vous le précisez vous-même. Je n’étais plus à LNI depuis longtemps, j’étais d’abord à Oran, puis en route pour un exil forcé au risque de ma vie.

Comment ai-je participé à un crime organisé qui a été exécuté publiquement ? Comment la justice a-t-elle « fait son travail » pour m’inculper, me juger et me condamner à mort sans aucune preuve pour ce crime, et à vrai dire, avec toutes les preuves de mon innocence avérée, prouvée par les faits ? », a écrit Yacine Drissi. Des questions légitimes qui ne manqueront pas à coup sûr de mettre mal à l’aise notre « journaliste d’investigation ». Farid Alilat aurait-il l’honnêteté professionnelle de répondre à ce condamné à mort par la justice algérienne ?

A noter que ce journaliste n’est pas à son premier « écrit controversé ». La famille du chanteur kabyle Idir s’est publiquement désolidarisée de la biographie « Idir, un Kabyle du monde » publiée par Farid Alilat. La famille et les proches de l’artiste avaient reproché au journaliste de Jeune Afrique de ne pas avoir rendu justice à la mémoire de leur père et de s’être permis des libertés en ce qui concerne le parcours de vie du légendaire interprète de Vava Inova.

Lyes B.

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