Lyazid Abid sur RTK : « Le projet commun au MAK et à l’URK c’est l’indépendance de la Kabylie »

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KABYLIE (TAMURT) – Le Porte-parole de l’Union pour la République Kabyle, Lyazid Abid, était dernièrement l’invité de l’émission Awal Illeli (Parole Libre) diffusée sur Radio Télévision Kabyle (RTK). A cœur ouvert et avec le franc-parler qu’on lui reconnait, il a répondu aux questions de l’animateur Rachid Hitouche portant sur la situation brûlante en Kabylie, l’unité entres les kabyles, la répression par le régime colonial algérien et le combat pour l’indépendance de la Kabylie.

A la question de savoir comment se porte actuellement la Kabylie, Lyazid Abid fait un constat qui se veut réaliste. « Aujourd’hui, la Kabylie est meurtrie et elle va très mal. Ces trois dernières années étaient très éprouvantes. D’abord, il y a eu la crise sanitaire du Covid et le blocage par le régime algérien des aides médicales envoyées par la diaspora kabyle au profit des citoyens de la Kabylie. Ensuite, il y a eu les incendies criminels, qui ont été suivis par une répression sans précédent », a-t-il affirmé.

Toutefois, pour ce leader indépendantiste, cette répression, même si elle prend des formes différentes, elle n’est pas nouvelle. « Le régime algérien est allé progressivement dans la destruction de tous les ressorts de la société kabyle, que se soient économiques, politiques, sociales et sécuritaires. S’il avait le pouvoir de dominer la Kabylie comme il la domine aujourd’hui, il l’aurait fait il y a longtemps », a expliqué le porte-parole de l’URK, tout en rappelant que la crise berbériste avait commencé avec le mouvement national (sous occupation française, NDLR) et qu’en 1963, il y a eu une guerre entre le régime algérien, sous Ben Bella et Boumediene, et la Kabylie, sous Hocine Ait Ahmed.

Bien que la répression soit féroce au point où la mobilisation en Kabylie peine à rassembler, à l’exemple de celle initiée par le collectif des familles des détenus de Larbaa Nath Irathen, Lyazid Abid croit que « la Kabylie échappe chaque jour au régime algérien ». « Avec cette politique (de répression), le pouvoir algérien n’aura jamais la Kabylie telle qu’il l’entend (…). Plus Alger accentue sa répression plus le peuple kabyle accentue sa revendication pour l’indépendance », a-t-il estimé.

Interrogé par l’animateur de l’émission Awal Illeli sur les raisons de l’incapacité des forces vives de la Kabylie à s’unir autour d’un même projet, l’ancien vice-président de l’Anavad donne sa vision de l’unité dans la diversité. D’abord, il rappellera que le mouvement politique qu’il dirige, en l’occurrence l’URK, a appelé en 2019 à un gouvernement provisoire d’union nationale. Dans ce sillage, il se dit pour le pluralisme avant même l’aboutissement de la lutte pour l’indépendance de la Kabylie. Abondant dans le même sens, il souligne que « le projet commun au MAK et à l’URK c’est l’indépendance de la Kabylie ». Ce qui compte en fin de compte, c’est cet objectif qui unit les deux mouvements indépendantistes, au-delà des divergences dans leur mode de fonctionnement.

Par ailleurs, Lyazid Abid, qui qualifie les adversaires du peuple kabyle, à savoir les islamistes et les militaires algériens, de deux faces d’une même pièce, estime qu’au bout de 50 ans de lutte politique, qui a évolué au fil des décennies, la Kabylie a été placée « sur les rails de l’indépendance ». Cette évolution de la revendication identitaire à l’autodétermination est rendue possible, soutient Lyazid Abid, grâce « au travail monumental qui a été fait par les militants indépendantistes qu’ils soient structurés ou pas ».

Appelé par le journaliste Rachid Hitouche à donner ses perspectives sur l’avenir de la lutte pour l’indépendance en Kabylie, ce chef indépendantiste, condamné à perpétuité par la justice algérienne, affirme que la solution demeure dans la continuité de la lutte, même si militer au sein de la mouvance indépendantiste est difficile. Conscient de l’importance de la lutte sur le terrain diplomatique, il appelle à une réflexion pour constituer un lobby pro-kabyle, lequel est à même de propulser la cause kabyle très loin. « C’est une nécessité », a-t-il insisté, tout en rappelant à juste titre l’accord d’amitié signé avec le peuple Ouigour.

Optimiste pour l’avenir de la lutte des kabyles pour leur indépendance, Lyazid Abid, eu égard au soutien du Maroc pour l’autodétermination du peuple kabyle et la mention par le gouvernement malien de transition d’une éventuelle reconnaissance du MAK, pense que « la Kabylie est en train d’entrer de pleins pieds dans la géopolitique régionale ». Une telle prise de position par ces deux Etats, déclare le porte-parole de l’URK, est « très rassurant quant à l’aboutissement de notre combat liberateur ».

Aksil K.

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