KABYLIE (TAMURT) – L’assassinat du chanteur Matoub Lounès, le 25 juin 1998, avait bouleversé toute la Kabylie. Comme un seul homme, le peuple kabyle s’est révolté contre ce crime abject et a exprimé sa colère à travers des manifestations populaires aux quatre coins de la Kabylie. Trois jeunes manifestants ont été tués par balles lors de ces évènements.
La Kabylie se souviendra à jamais des jeunes Ait Idir Rachid (Tizi Wezzu), Ouali Hamza (Tazmalt) et Salhi Redouane (Sidi Aïch), assassinés par balles, alors qu’ils manifestaient pour dénoncer l’assassinat du chanteur kabyle Matoub Lounès. Il y a quelques années, la femme du ‘’Rebelle’’, Nadia Matoub, leur a rendu un vibrant hommage. « Le 25 juin 1998, Lounès est assassiné. La violence du choc a provoqué des émeutes en Kabylie, la jeunesse est sortie crier sa douleur dans la rue et trois jeunes innocents furent tués par balles : Ait Idir Rachid, tué le 27 juin 1998 à l’âge de 18 ans ; Ouali Hamza, tué le 28 juin à l’âge de 17 ans et Salhi Redouane, tué le 27 juin 1998 à l’âge de 22 ans. On leur a refusé la justice et on a imposé à leurs familles la souffrance dans le silence (…).
Arrachés à la vie par la violence armée des forces de l’ordre algériennes, ils sont partis sans un au revoir à leurs familles, sans comprendre que leur jeunesse s’arrêterait là. Leurs familles connaîtront les jours les plus sombres jamais imaginés », a-t-elle écrit en 2018. Pour l’épouse de Matoub Lounès, ces jeunes ravis à la vie à la fleur de l’âge resteront à jamais gravés dans la mémoire collective de la Kabylie. « Martyrs par amour pour Lounès, par amour pour la liberté, par contestation de la violence armée, ils demeureront les enfants chéris de la Kabylie. L’oubli officiel n’entamera jamais notre mémoire, nos enfants seront à jamais dans notre histoire. Nous ne les avons jamais oubliés. Nous ne les oublierons jamais », a-t-elle insisté.
Selon des témoignages oculaires, le jeune Ouali Hamza, originaire de Tazmalt, a avait été tué par des tirs de l’ex maire de cette région, Smail Mira, connu pour ses accointances avec le régime algérien. « Je l’ai vu attraper la kalachnikov d’un des gendarmes puis la porter à sa hanche, braquée vers le tas. Le tas, c’était nous », avait témoigné un manifestant à Libération dans un reportage paru en décembre 1998 (Retour en Kabylie après le meurtre d’un jeune manifestant) et dans lequel le journaliste est revenu sur les émeutes qui ont suivi l’assassinat de Matoub Lounès. Aujourd’hui, Smail Mira, ex chef des groupes de légitime défense (GLD), un corps de sécurité créé par l’armée algérienne durant la décennie noire, siège dans le parlement algérien.
Aksil K.