Conférence de Lyazid Abid à Prague sous le titre : La fin de la Kabylie algérienne

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Lyazid Abid
Lyazid Abid

PRAGUE (Tamurt) – Nous vous livrons ci-dessous le contenu de la conférence que Lyazid Abid a animé à Prague, le 11 janvier 2014 sur invitations des Kabyles de la République Tchéque pour célébrer Yannayer 2964. Lyazid Abid a dit, lors de cette conférence, qu’il était temps pour la Kabylie de finir avec l’Algérie. Bonne lecture

Azul,


à l’occasion du premier jour de l’an amazigh, appelé en kabyle “Amenzu n yennayer”, je vous souhaite une excellente année 2964.
L’Histoire d’Imazighen est jalonnée de luttes héroïques, face à des adversaires aussi redoutables les uns que les autres. Au confluent de toutes ces civilisations, Imazighen bâtirent une civilisation digne des grands peuples. Leur contribution à la civilisation universelle est prodigieuse. A titre de rappel, avant l’arrivée des conquérants arabes, l’Afrique du Nord était déjà monothéiste et multiconfessionnelle.

Il faut connaître l’histoire d’Imazighen et leur précieux apport à la civilisation universelle pour comprendre le caractère arbitraire et l’illusion meurtrière de ceux qui prétendent que c’est l’Islam qui a libéré l’Afrique du nord de la sauvagerie et de l’ignorance.
Les Kabyles comme les Touaregs, les Rifains, les Amazigh du haut atlas, les Chleuhs au Maroc et les Nefoussis en Libye sont des peuples d’origine Amazigh, comme les Tchèques et les Slovaques sont d’origine slave, aspirent à vivre librement sur leur territoire.

La Kabylie, qui constitue l’objet de notre conférence, est un pays montagneux, situé sur la côte orientale de la méditerranée, en Afrique du Nord. Sa superficie est d’environ 35 000 km2. Ses habitants, les Kabyles, laïcs, sont environ 10 millions (dont deux en France).

La Kabylie est très riche en eaux, on y trouve des jardins, des vergers et des potagers très verdoyants. L’arboriculture, l’élevage, l’artisanat et le tourisme sont ses premières sources de revenu. La Jeunesse kabyle constitue, à elle seule, un véritable trésor. Elle est avide de savoir, ouverte vers le monde extérieur, particulièrement vers l’occident.

Succédant aux Ottomans, l’armée française est la seule puissance à avoir conquis la Kabylie en 1857. De son ultime révolte contre la présence française en 1871, la Kabylie en sortira traumatisée. Dès lors, elle cherchera des alliances dans son environnement immédiat avant de tenter de reprendre sa souveraineté.

En 1926, en France, avec l’aide des communistes français, un groupe de Kabyles crée et structure le premier mouvement nationaliste algérien : “l’Etoile nord africaine“. Pour ne pas exposer la Kabylie à un autre traumatisme qui lui serait fatal, les fondateurs, tous Kabyles, appellent à la libération de toute l’Afrique du Nord et hissent, par une grave erreur de stratégie, un non-kabyle, Messali Hadj, à la tête de l’ENA.

Nous sommes donc en 1926 lorsque la Kabylie, déjà millénaire, donna une âme, à un traçage géographique, sorti de nul part, dénommé Algérie, créée quelques années auparavant (1839) par décret signé par le General français Schneider, alors Ministre et Secrétaire d’Etat de la Guerre. C’est cette Algérie qui, quelques années plus tard, comme nous allons le voir, reniera jusqu’à l’existence géographique de la Kabylie.

A l’indépendance de l’Algérie en 1962, des putschistes aidés par l’Egypte, soucieuse d’élargir la sphère du monde arabe sur Afrique du Nord pour consolider sa position de leadership, prennent le pouvoir et imposent un parti unique et une constitution stipulant que l’Algérie est d’origine arabe et de confession musulmane.

Tout de suite un chef historique kabyle, Lhocine Ait Ahmed, désapprouve cette issue et prend le maquis en Kabylie qui se solde par 400 morts. N’étant pas suivi par le reste des algériens, sa rébellion armée sera contenue suite à une manœuvre dilatoire des services algériens faisant état de l’annexion de Tindouf par l’armée marocaine. La fibre nationaliste des Kabyles actionnée, les leaders kabyles, anciens maquisards, ont préféré déserter le maquis pour défendre d’abord l’unité territoriale de l’Algérie. Les problèmes internes peuvent être réglés plus tard, pensaient-ils.

Ainsi, la politique algérianiste des Kabyles, entamée en 1926, se révéla être un piège mortel. La Kabylie, exsangue après 07 ans de guerre contre la France, venait d’encaisser un terrible coup de massue qui la plongea dans un coma profond. Poussée dans ses derniers retranchements, elle se retrouva stigmatisée pour sa différence culturelle, sa langue, sa laïcité et son aspiration à la démocratie.

Quand une célèbre équipe kabyle de football faisait son entrée sur les terrains de foot dans les régions arabophones, les tribunes scandaient “Aw djaw lihud “ (les Juifs arrivent).

Il faut connaître la profondeur du ressentiment des arabo-musulmans algériens envers les Juifs pour mieux comprendre cet anti-kabylisme qui ira, d’ailleurs, crescendo jusqu’à devenir un racisme d’Etat pratiqué au quotidien par l’administration algérienne. Un Kabyle qui ne parle pas arabe et tout de suite pris à partie et traité d’ennemi de l’Algérie et de traitre de la grande “Uma“ nation arabe. L’Algérie venait d’ouvrir la chasse aux amazigh. Seul l’Académie berbère activait en France avant sa dissolution en 1978 à la suite de pressions du gouvernement algérien sur la France.

En 1980 la Kabylie se mobilisa contre la dictature d’Alger mais son appel pour la reconnaissance de la culture amazigh et la démocratie en Algérie ne dépassa pas ses propres frontières. Sollicité par le pouvoir pour l’aider dans sa lutte contre l’islamisme, la Kabylie maintient et renforce ses revendications visant à démocratiser l’Algérie. En 1994, la jeunesse kabyle boycotte durant une année l’école algérienne. Pour elle, cette école arabisante ne reflète ni ses valeurs, ni sa culture et encore moins l’éducation qu’elle souhaite assurer à ses enfants.
Quatre ans plus tard, le 25 juin 1998, l’idole de la jeunesse kabyle, le chanteur Matoub Lounes, est assassiné, en plein cœur de la Kabylie.

En 2001 la jeunesse manifeste sa colère et marchera par millions sur Alger. Une plate forme appelée “Plate forme d’El Kseur“ revendiquant la démocratie en Algérie est remise au pouvoir algérien. Il aurait suffit d’un petit coup de pouce des autres régions d’Algérie pour abolir la dictature. Hélas, rien ne fut et la Kabylie s’est retrouvée toute seule à pleurer ses 128 jeunes assassinés par les forces de gendarmerie et de police algériennes, par des tirs à balles réelles.

Après cette sanglante réponse des autorités algérienne aux problèmes politiques soulevés par la jeunesse kabyle lors de ce printemps noir, l’aventure algérienne de la Kabylie toucha irrémédiablement à sa fin.

Le MAK mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie voit ainsi le jour et il sera suivi 10 ans plus tard par la création, à Paris, du Gouvernement provisoire kabyle (G.P.K.) présidé par Ferhat Mehenni. Aujourd’hui, à l’instar des Catalans et des Ecossais, la Kabylie demande un referendum d’Autodétermination sous l’égide de l’ONU, conformément à l’article 1 alinéa 2 de la charte des Nations unies et les principes du droit international.

Consciente du danger qui la guète, la Kabylie refuse de se contenter de strapontins dans une piteuse Assemblée algérienne ou de quémander par pétition un statut officiel à sa langue.

La Kabylie refuse de confier son destin à autrui. Elle travaille d’arrache pied pour se doter de ses propres institutions souveraines, seules garantes de sa pérennité.

Négocier avec l’Algérie coloniale cette souveraineté, qui commence à fleurir en Kabylie, pour une hypocrite reconnaissance officielle de Tamazight, lui serait tragique.

La marche des Peuples amazigh vers leur liberté est entamée en 1922 par le Rifain Abelkrim Al Khattabi en mettant sur pied la République confédéré des Tribus du Rif. N’eut été l’acharnement de l’Espagne, des princes alaouites, mais surtout de la France qui voyait en cette république un précédent mortel pour ses intérêts, le Rif aurait été la première République issue d’une guerre de décolonisation au XXe siècle.

Les Touaregs, en proclamant l’indépendance de l’Azawad, le 6 avril 2012, se sont affranchis, eux aussi, de la terreur des gardiens de frontières héritées de la décolonisation. Comble de l’histoire, c’est toujours la France, cette fois, au nom du sacro saint principe de l’intangibilité des frontières, qui intervient militairement pour empêcher cet autre peuple amazigh d’accéder à sa souveraineté.

L’G.P.K., le Gouvernement provisoire kabyle, demande à l’ONU d’intercéder auprès des ex puissances coloniales et de leurs clones en faveur de la Kabylie, de l’Azawad, des Rifains et de tous les peuples qui souhaitent exercer leur droit à disposer d’eux mêmes.

L’G.P.K. exhorte la communauté internationale à venir en tout urgence aux Mozabites, en Algérie et aux Nefoussis, en Libye qui se battent contre le fascisme vert des autorités algérienne et libyenne qui tentent de les assimiler par la force à la culture arabo-musulmane.

Pour que vive à jamais nos cultures issues de la grande civilisation Amazigh, le Gouvernement provisoire kabyle proclame Amenzu n Yennayer jour férié.

Chers amis de la Kabylie, merci pour votre honorable soutien à notre lutte pour la liberté.

Mes chers compatriotes kabyles, que vous soyez musulman, chrétien, juif, animiste, athée, votre combat pour la libération de la Kabylie doit être un engagement de tous les jours.

Vive l’union des peuples dans la liberté
Vive l’amitié entre le peuple tchèque et le peuple kabyle
Prague, le 11 janvier 2014

Lyazid Abid Vice président du Gouvernement provisoire kabyle (G.P.K.)

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