KABYLIE (Tamurt) – La Kabylie est descendue dans les rues ce lundi 11 décembre. De grandes marches, en présence de dizaines de milliers de manifestants, ont eu lieu aux chefs-lieux des wilaya de Bgayet et Tizi-Ouzou alors que les étudiants de Tuviret ont été réprimés au moment où il s’apprêtaient, à leur tour, à donner le coup d’envoi à leur manifestation.
Pour rappel, il s’agit de marches initiées par les étudiants kabyles afin de dénoncer l’ostracisme flagrant de l’Assemblée populaire algérienne (APN) et de ses députés qui ont rejeté il y a quelques semaines, un article de la loi de Finances-2018, inhérent à la promotion de la langue amazighe en vue de la généralisation de son utilisation, notamment dans le système scolaire et universitaire. Comme un seul homme, les étudiants kabyles ont investi la rue après que des dizaines de marches ont été enregistrées auparavant, à l’initiative de pratiquement tous les lycées de Kabylie, qui sont par ailleurs paralysés par une grève illimitée en vigueur depuis le 20 novembre.
A Tizi-Ouzou, c’est à 10 h que des milliers d’étudiants ont commencé à se rassembler avant que la marche ne commence à 11 h, comme prévu à partir du portail principal du campus universitaire de Hasnaoua (université Mouloud-Mammeri). Les milliers de marcheurs (entre 30 000 et 40 000 manifestants, selon des estimations concordantes) ont parcouru toutes les rues de la ville de Tizi-Ouzou, avant d’observer un rassemblement devant le siège de la wilaya. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir arabo-islamique algérien, qui a pris en otage l’Algérie depuis 1962 et qui ne veut désormais plus la lâcher en ayant recours à tous les procédés de répression directs ou indirects. Ce lundi, la peur a désormais changé de camp après que le pouvoir algérien, depuis quelques années, n’a pas eu de cesse d’harceler et d’emprisonner tous les militants qui lui sont hostiles, dont les indépendantistes kabyles dont la dernière arrestation arbitraires remonte à peine à vendredi dernier.
A Bgayet aussi, la même ambiance de rue a été enregistrée ce lundi de la colère en Kabylie. Alors qu’à Tuvirets, les milliers d’étudiants mobilisés ont eu droit aux bombes lacrymogènes et aux arrestations. La marche n’a d’ailleurs pas pu avoir lieu. A la place, on y a enregistré des émeutes qui ont duré plusieurs heures avec des blessés et des interpellations.
Tahar Khellaf