Ferhat Mehenni sur Sud Radio (France) : « Notre combat n’est pas perdu d’avance, bien au contraire…»

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FRANCE (TAMURT) – Le président du gouvernement provisoire kabyle en exil (GPK), Ferhat Mehenni, est très sollicité ces derniers jours par les médias. La semaine dernière, il a été reçu sur Canal 22, où il a déclaré qu’il rentrera un jour en Kabylie « en tant que président…». Avant-hier, il était l’invité du journaliste André Bercoff sur Sud Radio (France). Interrogé sur la complexité de la lutte pour l’autodétermination de la Kabylie dans le contexte géopolitique actuel qui prévaut dans le monde, Ferhat Mehenni a assuré que ce combat est loin d’être perdu d’avance, mais la lutte pacifique et diplomatique prônée par les indépendantistes kabyles finira par aboutir et que « l’heure de la Kabylie viendra » inévitablement.

Le peuple kabyle, qui subit une répression féroce de la part du régime algérien, est victime d’un blackout médiatique. C’est ce qu’a constaté d’emblée l’animateur de Sud Radio, André Bercoff, qui a reçu, ce mardi 30 août, le président du MAK-GPK, Ferhat Mehenni, dans son émission phare ‘’Le face à face de Bercoff dans tous ses états’’. « On ne parle pas assez du peuple kabyle, au nom de quoi ? », a-t-il demandé au leader indépendantiste kabyle. Celui-ci estime que la non médiatisation de la question kabyle dans les médias français se présente comme une punition infligée par la France officielle à la Kabylie à cause de son rôle prépondérant joué dans la lutte contre le colonialisme français. « Quand on regarde la société française, elle est kabylophile. Les kabyles ont une très bonne image dans la société française. Mais, quand on regarde les institutions, c’est comme s’ils (les officiels) avaient de la mémoire de dire que la colonisation si elle a échoué en Algérie c’était à cause des kabyles. Et maintenant, ils n’ont que ce qu’ils veulent. C’est comme une condamnation à perpétuité », a expliqué l’auteur de « Réflexions dans le feu de l’action : Histoire de la renaissance du peuple kabyle », publié aux éditions Fauves.

Abordant le droit du peuple kabyle à son autodétermination, le journaliste de Sud Radio s’est interrogé si ce combat n’est pas perdu d’avance « compte tenu de ce qui se passe dans le monde », en soulignant notamment que d’un côté il y a « une résurgence formidable des identités un peu partout », mais, d’un autre côté, nous constatons de grands blocs et groupes, qui veulent étouffer les petites ou moyennes dissidences. Dans ce cas-là, « comment survivre dans ce paysage », a-t-il questionné Ferhat Mehenni. L’auteur du « Siècle identitaire : la fin des Etats postcoloniaux », est plutôt optimiste quant à l’aboutissement du combat de la Kabylie pour recouvrer sa souveraineté. « Il n’y a jamais de frontières figées pour l’éternité. Depuis la nuit des temps, les frontières bougent. Il y a des injustices qui sont commises à travers le temps contre les peuples, qui finissent en général par réémerger et revenir à la vie. C’est l’espoir de la Kabylie », a-t-il affirmé. Pour le président du GPK, la justesse de la question kabyle l’emportera sur les incertitudes du monde contemporain. « Notre combat n’est pas perdu, bien au contraire, puisque nous apportons un plus dans notre combat au monde de la liberté, aux valeurs sacrées de l’humanité et nous faisons en sorte que malgré les vicissitudes et les contradictions des relations très compliquées entre les acteurs internationaux que notre heure puisse venir. Mais, pour une fois, nous ne sommes pas belliqueux, nous ne sommes pas dans la violence, mais nous sommes justes dans la raison et le droit à l’autodétermination », a-t-il souligné.

La diplomatie est aussi l’une des armes sur lesquelles comptent les indépendantistes kabyles pour arracher leur droit à l’autodétermination. « Nous croyons dans le travail diplomatique, à la conviction et à la persuasion que nous pouvons exercer sur nos interlocuteurs de telle sorte que nous fassions converger les intérêts conjecturels ou durables d’un pays avec ceux de la Kabylie. La Kabylie réémergera nécessairement. Il ne faut pas croire que la Kabylie est une peuplade ou un groupe ethnique particulier. Il n’y a pas un groupe ethnique de 12 millions d’habitants. En comparant les superficies, la Kabylie est à la 63eme place des pays qui existent dans le monde », a-t-il déclaré. A noter que l’Organisation des Nations unies (ONU) reconnaît, aujourd’hui, 195 pays indépendants, dont ses 193 membres et deux États observateurs permanents, en l’occurrence le Vatican et la Palestine. Par ailleurs, le 28 août dernier, Ferhat Mehenni était l’invité de l’émission ‘’Underground’’, qu’anime le journaliste algérien Ghani Mehdi sur Canal 22. L’animateur a interrogé le leader indépendantiste kabyle sur les évènements les plus saillants de sa vie, son parcours et son combat politique.

A la fin de l’émission, le journaliste a demandé à Ferhat Mehenni s’il accepterait « une main tendue » de la part des dirigeants algériens et une possibilité de s’assoir avec eux autour d’une table pour trouver une solution à la problématique de la Kabylie. La réponse du président du MAK-GPK est sans appel. « Il n’y aura pas de négociation sur l’indépendance de la Kabylie. On peut négocier les modalités. Et puis, je vais vous dire : je vais rentrer en Kabylie en tant que président de la Kabylie », a-t-il tranché. « Et s’il y a un désaveu de la part des kabyles ? », rétorque le journaliste de Canal 22. « Je prendrai ma retraite », a tout simplement promis Ferhat Mehenni.

Lyes B.

6 Commentaires

  1. Au jour d’aujourd’hui, notre seule position et exigence est l’indépendance de la kabylie; notre combat doit rester pacifique et l’ingérence dans les diplomaties fracticides et mangeoires n’aideront notre lutte. il est préférable de balayer en premier devant nos portes kabyles , on assez payer au nom du volontarisme humain. aujourd’hui, l’ascenseur politique du gouvernement algérien est à sens unique, il ne s’arrête qu’au niveau des corrupteurs . Soyons vigilants à toutes manipulations diplomatiques et politiques dites démocratiques muettes au nom des intérêts économiques. l’émergence de toute revendication identitaire et sociale sont devenues la bête noire de ces gourous et prêcheurs de bonnes paroles.

    • Ihh c est ça , vas faire un gramme de ce qu a fait Ferhat dans sa vie pour la Kabylie , et revient nous conseiller anonymement sur Tamurth ….

  2. Le MAK est mis hors-jeu politique, le régime a emprisonné même les leaders d’autres organisations. Le vide politique risque de favoriser le régime, qui pourra implanter ses organisations qu’il sortirait de ses labos. Dans ce contexte tout vide politique laissé jouera contre la Kabylie, voilà donc arrivé le moment de donner lieu à la une nouvelle organisation qui puisse véhiculer les valeurs Kabyles et qui rassemblerait les tendances. Le chemin d’un peuple est fait de pas en avant et de moments d’arrêts, le tout n’est pas perdu si l’on pourra capitaliser ces luttes.

    Pour ce faire, il faut retourner aux fondamentaux de la pratique en Kabylie: l’horizontalité, la démocratie directe, et la solidarité.

      • @vivras, Tant que l’on parle de Kabylie tout site est sensé JURIDIQUEMENT ouvert à tous. Si tu crois créer un fait accompli où tu pourrais parler au nom de tous sans donner la parole qu’à vos amis tu te trompe de peuple. Ces méthodes typiques du Fln disent quelle serait ta culture politique.

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